On observera aussi , en couverture, des "amours"
de Zola (Balzac, qu'il salue, Michelet, Taine...)
Présentation par François-Marie Mourad
Pour ce volume, publié en 1866, Zola a réuni 21 textes publiés dans divers journaux et revues. Textes
critiques qui se veulent leçon de critique.
Dans ses articles, Zola saisit toujours l'occasion de traiter des médias. Il écrit alors que la presse connaît son décollage industriel et que le journalisme se détache de la littérature et que le roman prend son essor grâce à la presse : "nous en sommes à cet âge où les chemins de fer et le télégraphe électrique nous emportent, chair et esprit, à l'infini et à l'absolu" (p. 42). La presse d'information qui se développe est aussi celle du fait divers. Elle est le terrain de manoeuvre des futurs romanciers, il y apprennent à écrire et à décrire, et surtout, elle les aide à vivre.
La tonalité de "Je les hais" qui ponctue le premier texte-préface (celui qui donne son titre au recueil) apparaît comme une préfiguration du "J'accuse" publié dans L'Aurore pour l'Affaire Dreyfus (1898).
Critique, Zola traite de toutes sortes de livres, gymnastique et santé, géologie et histoire, morale, théâtre, et même poésie. Celle de Victor Hugo et on le voit tenter de mettre en oeuvre son idéal naturaliste : "l'observation, de la simple constatation du fait, en dehors de l'historique et l'analyse exacte des oeuvres" (p. 117). Ce pourrait être un manifeste du journalisme. La critique doit suivre le modèle démonstratif de la science, avancer avec des théorèmes (p. 119). Il admire Taine, "un mathématicien de la pensée" (p. 222). qui comme lui fait l'apologie des faits.
Contribution à l'histoire du journalisme littéraire. Les notes abondantes, la bibliographie et la chronologie permettent une lecture érudite et riche et de ne pas s'égarer. La présentation de François-Marie Mourad aide à s'orienter et à bien intégrer les enjeux de ces textes dans leur époque.