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Rythmes scolaires, ça commence...

Publié le 19 mai 2012 par Lheretique

Et voilà. Quelques jours déjà, et une première mesure que j'ai longuement combattue. Tout le ban et l'arrière ban de la gauche, mais aussi une bonne partie de la droite et, bien sûr, les différentes courroies de transmission habituelles du PS braille à l'évidence : il faut créer des semaines plus longues, des vacances plus courtes. Le sieur Peillon a tout de même commis une petite gaffe : il a oublié le mot "concertation" dans son langage. En réalité, la concertation sera un pipeau total : le PS se contentera de consulter ses officines (associations de parents d'élèves et syndicats "amis") pour faire avaliser par les gens qui siègent à la fois dans les commissions du parti et dans celles des associations les choix qui seront effectués uniformément par les unes et les autres. Il n'y aura plus qu'à relayer tout cela dans les "médias" amis, et le tour sera joué...

La réalité, elle va leur sauter au visage à toute vitesse :

- les petites communes ou les communes pauvres n'auront pas les moyens de prendre en charge les frais occasionnés par des fins de journée à 15h00 ou 15h30. 

- les parents les plus modestes n'auront pas les moyens de payer activités et/ou babysitters

- les journées des enfants ne seront pas moins longues : ils enchaîneront des activités qui feront que les journées dureront toujours autant. En revanche, plus de coupure hebdomadaire pour pouvoir les reposer, et/ou alors, finis les week-end en famille.

- les temps de vacances ont déjà été réduits : en école primaire, on finit à l'issue de la première semaine de juillet, on recommence au début du mois de septembre, généralement entre le 1 et le 2. Les enfants sont généralement déjà à bout bien avant la fin du mois de juin et n'en peuvent plus. Allonger l'année scolaire va aggraver les choses. Si à l'inverse, ils reprennent en août nettement plus tôt, ils seront carbonisés à la toussaint.

- la voix de son maître de la FCPE, le sieur Hazan, veut aussi revoir les rythmes du collège et du lycée. Quid, alors, de toutes les procédures d'affectation et des divers examens ? Quant aux lycéens, certains finissent parfois à la mi-juillet, l'année du baccalauréat en raison des examens.

La fureur pédagogolâtrisante à la sauce chronobiologisante n'aura plus de limites.

- les dégâts sur l'industrie touristique (l'une des dernières à peu près performante en France) seront évidemment considérables : perte de chiffre d'affaire, pertes d'emplois.

Bien entendu, les dégoûlinants de toute sorte balaient d'un revers de main hautain ces considérations bassement "matérielles", évoquant des "lobbies", comme ils disent.

Le problème, c'est qu'au fond, il n'y a pas le moinde début d'un commencement de preuve sur les conséquences de ces changements de rythme sur les enfants. En revanche, le fait de ne pas coucher suffisamment tôt de jeunes enfants, de veiller avec quand il ne le faudrait pas, et j'en passe, ça, surtout pas d'études là-dessus : pas politiquement correct, cela renvoie à la responsabilité des familles.

Dernier petit détail : j'imagine que les enseignants (à juste titre) vont demander une rallonge s'ils se voient imposés deux semaines de plus de travail et autant de déplacements. Or, la France n'a pas le premier des euros à dépenser en plus pour payer de telles charges. Dans le même temps, le recrutement enseignant s'est complètement effondré, je le rappelle.

A vrai dire, c'est quelque chose que je comprends : moi-même, je n'ai qu'une hantise, c'est qu'il traverse l'esprit d'un de mes enfants de devenir un jour enseignant. Je ferai tout pour que cela ne soit pas le cas.

In fine, comme d'habitude, on passe à côté de ce qui importe vraiment : concentrer les efforts sur l'école primaire en améliorant l'encadrement des jeunes enfants (classes trop chargées), améliorer la formation des enseignants dans le domaine de la psychologie, celui qui est clairement le plus utile pour gérer des enfants, cesser de faire de l'école un creuset unique et diversifier les voies.

Mettre en place, enfin, une vraie remédiation avec des classes ad hoc disposant d'une totale liberté pédagogique y compris dans l'organisation des enseignements pour pouvoir arriver à ses fins, c'est à dire remettre à flot des enfants en difficulté.

Mettre en place des structures comparables pour lesd pré-caïds en les extirpant de la scolarité ordinaire et en leur donnant un encadrement disciplinaire très ferme.

Libérer les initiatives en mettant en place un observatoire des bonnes pratiques, ce qui suppose de juger non plus sur l'obéissance aux hiérarchies et aux circulaires mais sur les résultats. Ce dernier point, toutefois, ne doit pas non pous être biaisé : il est si facile de mettre en place l'évaluation qui conviendra aux résultats que l'on voudrait obtenir.

Il faut ajouter à cela que l'impact d'un enseignant sur un enfant peut se faire ressentir à très long terme. Bien des années après. Prudence, donc, quant à l'immédiateté des évaluations.


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