Magazine Poésie

Cool dimanche 59 : De Fatma Tilikete à Aragon

Par Plumesolidaire

miel-beton.jpgFatma TILIKETE est poétesse et a recours à nos prestations d'écrivains publics.

Nous sommes voisins, d'une berge à l'autre de la même rue.

Voici au hasard l'un de ses courts textes, paru aux EDTIONS SAINT-GERMAIN-DES-PRES en 1985, sous le titre:

LE BOUT DE MIEL POUR ELLE - LE FONDS DU PUITS POUR LUI

INSTRUCTION

les privations d'hier s'ajoutent à celles d'aujourd'hui...

Dans ce pays, on ne sait pas lire,

on ne peut pas écrire

à Paris, tout est à lire...

Il faut écrire avec des lettres,

il faut aussi savoir prendre un crayon

c'est une longue histoire, merci pour votre proposition,

proposition d'aller à l'école

ma tête a perdu la boussole

je n'ai plus le temps de l'espoir,

il faut être jeune pour savoir

il faut être là, je ne le suis pas,

vous savez pourquoi ?...

- - - -

Louis Aragon
J'entends, j'entends
J'en ai tant vu qui s'en allèrent
Ils ne demandaient que du feu
Ils se contentaient de si peu
Ils avaient si peu de colère
J'entends leurs pas j'entends leurs voix
Qui disent des choses banales
Comme on en lit sur le journal
Comme on en dit le soir chez soi
Ce qu'on fait de vous hommes femmes
O pierre tendre tôt usée
Et vos apparences brisées
Vous regarder m'arrache l'âme
Les choses vont comme elles vont
De temps en temps la terre tremble
Le malheur au malheur ressemble
Il est profond profond profond
Vous voudriez au ciel bleu croire
Je le connais ce sentiment
J'y crois aussi moi par moments
Comme l'alouette au miroir
J'y crois parfois je vous l'avoue
A n'en pas croire mes oreilles
Ah je suis bien votre pareil
Ah je suis bien pareil à vous
A vous comme les grains de sable
Comme le sang toujours versé
Comme les doigts toujours blessés
Ah je suis bien votre semblable
J'aurais tant voulu vous aider
Vous qui semblez autres moi-même
Mais les mots qu'au vent noir je sème
Qui sait si vous les entendez
Tout se perd et rien ne vous touche
Ni mes paroles ni mes mains
Et vous passez votre chemin
Sans savoir que ce que dit ma bouche
Votre enfer est pourtant le mien
Nous vivons sous le même règne
Et lorsque vous saignez je saigne
Et je meurs dans vos mêmes liens
Quelle heure est-il quel temps fait-il
J'aurais tant aimé cependant
Gagner pour vous pour moi perdant
Avoir été peut-être utile
C'est un rêve modeste et fou
Il aurait mieux valu le taire
Vous me mettrez avec en terre
Comme une étoile au fond d'un trou


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Plumesolidaire 573 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine