Magazine Sport

Terdav Trail World Tour, Saint Jacques, 27e étape: les faubourgs de Burgos...

Publié le 20 mai 2012 par Sylvainbazin
Une bien curieuse journée de marche que celle que je viens de vivre. Me voilà en train d'essayer de mon réchauffer dans mon hôtel de Burgos (et ça ne me fait pas de mal de loger ce soir à l'hôtel, après une telle journée, un peu de confort est le bienvenu!), après avoir essuyé les averses les plus froides depuis mon départ. Dehors, il fait moins de neuf degrés et le vent souffle. Je n'aurai pas cru connaître ce genre de conditions en Espagne au mois de mai. Décidément, ce chemin vers Compostelle peut receler bien des surprises! Je suis parti juste avant huit heures ce matin de Belorado, après une nuit correcte car j'ai eu la chance de la passer dans un dortoir où j'étais seul. Une véritable aubaine si j'en juge par ailleurs à la promiscuité et à l'atmosphère de cette "usine à pélerins": il faut faire la queue pour les douches, pour les toilettes, se faire servir le petit déjeuner (des plus minimalistes: un verre de jus d'orange, une tasse de café, une tranche de pain, pas vraiment de quoi reconstituer les forces d'un marcheur) relève de la gagueure... Mais lorsque je traverse les rues encore endormies de Belorado, mes jambes ont du mal tout de même à se mettre en route. Deux ampoules, que je soigne mais qui reviennent, me gênent un peu, je suis encore un peu endormi. Le décor est en tout point semblable à celui d'hier. Le temps n'est guère différent. Pour l'instant, c'est une pluie fine qui s'abat sur les pélerins, encore assez nombreux ce matin, par intermittences. Je commence juste à prendre mon rythme. A Santo Domingo je dépense mes derniers sous vaillants dans un tablette de chocolat Milka qui m'octroie un surcroit d'énergie. C'est que la suite s'annonce un peu plus rude: il faut monter... cela semble effrayé quelques pélerins qui s'arrêtent déjà là, ou semblent vouloir filer par la route vers Burgos. Pourtant la pente est plutôt douce, et le changement de décor salutaire. Je retrouve en effet un milieu naturel que j'aime particulièrement: la moyenne montagne, boisée qui plus est. C'est que les Sylvains sont tout de même des créatures des forêts, comme leur nom l'indique, et je n'ai pratiquement plus vu d'arbres ces trois derniers jours. Les champs, ça va un temps. Je goûte donc avec plaisir à ces sentiers arborés; en prime les bruyères sont en fleurs et quelques belles fleurs sauvages égayent la palette des lieux. J'aimerai ne pas me presser, surtout que je sais que la fin du parcours risque d'être beaucoup moins drôle, mais les dieux du ciel en ont décidé autrement: il se met à pleuvoir très fort. Je marche depuis le matin avec trois (fines, certes) épaisseurs mais là, transpercé par ces trombes d'eau glacées, j'ai presque froid. J'active mes pas, je trottine pour me réchauffer. Les quelques courageux pélerins que je double sont emmitouflés sous leurs capes de pluie. La descente vers San Juan de Ortega est aisée, mais détrempée. Mes chaussures Patagonia, très efficaces sur la piste damée et sèche de mon début de parcours espagnol, n'est plus vraiment à la fête: je glisse un peu, mes pieds sont trempés et la semelle fine me fait ressentir chaque cailloux. J'aime le fakirisme mais bon... A San Juan, je ne trouve aucun établissement qui accepte la carte bleue, et commme le prochain distributeur de monnaie se trouve à Burgos, j'ai peur de devoir effectuer les 25 kilomètres restant le ventre à peu près vide, le chocolat milka ayant vite été brûlé pour me tenir chaud sous l'averse. En prime, il se remet à pleuvoir puis à grêler... Je poursuis, un peu transi, mon chemin, ou plutot ma route car le parcours est maintenant bitumé, jusqu'au prochain village. Là, après une tentative infructueuse, je trouve enfin un restaurant qui veut bien de mon seul mode de paienment disponible. Le menu del dia y est par ailleurs plutôt meilleur qu'ailleurs, même si il n'y rien d'orignial à l'horizon. Je m'y réchauffe donc en compagnie d'un photographe japonais, qui s'arrête là pour aujourd'hui, et effectue le camino pour la 2e fois. Spécialisé dans les photos d'édifices religieux, il aime particulièrement ce trajet, mais n'a encore jamais foulé la partie française. Je parle aussi avec lui de quelques grands chemins au Japon. Un peu rassasié et réchauffé, je reprends ma marche. Je grimpe une colline plutôt dénudées, que longe un terrain militaire et ses barbelés. Drôle de décor. Le ciel est encore très chargé, déverse de temps à autres quelques pluies toujours aussi froides. J'ai remis depuis déjà quelques temps ma Gore Tex, qui ne me quittera plus. Après avoir descendu cette austère colline, je traverse, par de petites routes, quelques villages délabrés. Burgos approche, mais on ne peut pas dire que ses environs immédiats soient très gais. La fin de mon étape est même vraiment horrible. Je traverse une immense zone industrielle et commerciale, vraiment sans âme et totalement déserte, quelques camions mis à part, en ce dimanche. C'est long, c'est laid, et il fait froid. Le vent souffle parfois assez fort. J'approche, puis atteint tout de même Burgos. Les premières habitations ne sont pas vraiment plus reluisantes que ce qui précède, mais ensuite ça va mieux. La ville est là... Je trouve relativement facilement mon hôtel, où j'ai hâte de me réchauffer et de profiter d'une bonne douche (les espagnols ont l'air d'apprécier les douches avec des jets d'eau multiples, ce n'est pas la première que je vois dans ce pays. En tous cas ce soir, j'apprécie ce massage hydrique). Il est situé juste à la limite du quartier historique. Derrière, des immeubles des années 80 en briques principalement, devant le coeur de ville. C'est bien entendu par là que je me dirige ensuite pour dîner. Je retrouve un peu de force pour me promener et admirer quelques façades monumentales ainsi que les belles demeures dont les grandes baies vitrées me rappllent curieusement les maisons flamandes ou hollandaises; il est vrai que les castillans ont aussi été faire un tour par là dans le temps.... Je dîne de façon très quelquonque, mais cela comble ma faim, avant d'aller m'offrir, en extra, quelques succulents tapas accompagnés de vin rosé dans une des bonnes tavernes du centre-ville. On peut donc manger des choses sympathiques en Espagne! Je le savais déjà, mais me voilà un peu rassuré pour cette fois. Après ce requinquement providentiel, je rentre tranquillement à l'hôtel. La vie nocturne de Burgos, ça sera pour une autre fois. Je suis tout de même un peu fatigué, et puis le dernier thermomètre digital que je rencontre indique vaillament 6.5°, un temps à ne pas mettre un pélerin dehors!

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Sylvainbazin 13085 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines