Dans un entretien paru le vendredi 18 mai dans le Journal Le Monde, Alain Minc –conseiller officieux de Nicolas Sarkozy- analyse les raisons de la défaite et décrypte le désir d’alternance exprimé par les français lors de l’élection présidentielle.
L’ancien conseiller officieux reconnait à mi-mots que c’est bien plus les personnalités que le résultat des politiques conduites, qui ont conduit la droite à la défaite. S’il est encore trop tôt pour dresser un véritable bilan du quinquennat de Nicolas Sarkozy, Alain Minc se désole que les français aient été plus sensibles aux propositions populistes qu’aux grands enjeux économiques et politiques.
La crise, l’Europe ou la relance industrielle ont été sacrifiés sur l’autel de considérations franco-françaises, confirmant le fait qu’il n’est jamais bon de trop intellectualiser la politique ou de ne la commenter qu’avec l’œil d’un parisien déconnecté des réalités perçues.
Il poursuit l’entretien en reprenant l’idée que l’ancien président n’a pas réussi à catalyser l’électorat emprunté au Front national en 2007, en s’étonnant même que son score ait pu être aussi élevé au premier tour. Avec un brin d’amertume, il souligne que le score de François Hollande reflète une tendance reconnue : la France demeure à jamais une terre de droite !
Si l’énergie de l’omni-président ne s’est jamais démentie tout au long du quinquennat, Alain Minc retient ce qu’il juge comme son seul échec ayant causé sa perte : Nicolas Sarkozy a créé un stress quasi-permanent dans le pays !
Celui qui se décrit comme un visiteur du soir, évoque la solitude vécue par tous les locataires de l’Elysée. Le pouvoir isole les hommes et les coupent inexorablement des réalités du Peuple. Le décalage observé est, selon lui, le résultat de la dérive monarchique de nos institutions qui arrive en contre-pied d’un système démocratique où les contre pouvoirs sont inexistants. Les fervents défenseurs de la Vème République en seront pour leurs frais…
Enfin, Alain Minc relance ce qui restera l’un des mots-clés de cette élection présidentielle : « EFFRACTION ». L’ancien conseiller enfonce le clou en réaffirmant que la gauche n’a jamais été en mesure de gagner seule une présidentielle sans le concours d’appuis directs ou indirects venus du centre ou de la droite elle-même. A l’Elysée comme à l’Assemblée nationale, la gauche parvient à accéder au pouvoir par effraction ! Relayé par un article de Rue89, on apprend que le premier à avoir disserté sur la question n’était autre qu’un certain…. François Mitterrand ! CQFD
Les coulisses du Château (NDRL : surnom donné au Palais de l’Elysée) ne finiront jamais de nous réserver des surprises et, de conserver jalousement tout ce que nos dirigeants n’oseront jamais nous avouer.
A la manière de James Reston : « le Gouvernement est le seul vaisseau connu qui coule par le haut ».