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Crise et histoire d’hôpitaux

Publié le 21 mai 2012 par Copeau @Contrepoints

Pendant que François Hollande tente dans un anglais hésitant de se faire comprendre de Barack Obama, la situation économique continue de se développer sans tenir compte des joyeuses imprécations du président français pour un retour rapide d’une croissance soutenue. Aujourd’hui, intéressons-nous justement à la croissance des problèmes dans le secteur hospitalier, avec de nouveaux développements qui ne sentent pas bon.

Magie des collectivités territoriales pour lesquelles de frétillants politiciens ont déjà tant fait (à l’instar d’un Bartolone qui se bat pour qu’enfin, les vilains emprunts toxiques que sa clique a contractés soient annulés avec la bise de la crémière en sus), l’Hôpital français ne déroge pas à la règle générale qui veut que sa gestion soit au mieux approximative, au pire complètement déficitaire avec des bouts de faillite dedans.

Certes, sur le papier (et juridiquement parlant) un hôpital ne peut pas faire faillite. Mais la réalité de la crise touche cependant tout le monde, même ceux auquel le juridique épargne l’infamie du dépôt de bilan. Et bien évidemment, cette réalité n’est en elle-même pas très visible puisque chaque établissement en difficulté se garde bien de le faire savoir à tous. Ce n’est, finalement, que par recoupements divers et variés qu’on découvre le tableau d’ensemble dont les teintes ne sont décidément pas très roses, n’en déplaise à notre nouveau président à tous qui, s’il sait guérir les écrouelles et relancer la croissance au moyen d’un ministre au redressement turgescent pardon productif, n’en peut pas tant…

J’avais déjà mentionné dans un précédent article l’inquiétante montée en nombre des procédures pour salaires impayés (qui touche essentiellement les TPE), mais lorsqu’on comprend qu’une part non négligeable de ces entreprises commerce avec l’État, on comprend qu’un des rouages s’est grippé.

Très concrètement, on retrouve donc dans les entreprises en difficultés celles spécialisées dans les bâtiments et travaux publics : les collectivités locales étant un tantinet serrées question finances, certains chantiers s’arrêtent faute de ressources. On apprend ainsi que l’hôpital de Cambrai, en pleine modernisation, a dû réclamer une enveloppe d’urgence auprès de la Caisse des Dépôts. Des sous, en urgence, voilà qui permet d’affirmer que la situation n’est pas tendue du tout. De son côté (et toujours un exemple parmi quelques autres, tous aussi inquiétants), l’hôpital de Lens, pour faire face à ses échéances de trésorerie, a dû demander l’aide de l’Agence Régionale de Santé du Nord-Pas-de-Calais, avec une nouvelle rallonge de 19 millions d’euros en plus de l’avance de 6 millions déjà consentie en juillet 2011.

On pourrait croire que ce sont des cas isolés, tout au plus symptomatique d’une gestion hasardeuse. Oh, mais zut, que voit-on ? Globalement, le secteur hospitalier est dans les trous jusqu’au cou, à hauteur de 2 milliards d’euros.

L’analyse (journalistiquement parlant) est rapide : en substance, pour récompenser Dexia d’avoir distribué un peu trop d’argent facile dans des montages incompréhensibles à des benêts de la trempe de Bartolone et consorts, la banque des collectivités a été proprement démantelée. Le robinet du crédit facile s’est brusquement interrompu, d’autant que les autres banques, en grandes difficultés elles aussi, ont vite compris que la distribution devait s’arrêter, le mode « Sauvons Nos Miches » étant enclenché aussi discrètement que possible.

Socialisme

L’actuelle situation grecque (qui laissera une ardoise conséquente de dizaines de milliards d’euros rien que pour la France) n’améliore en rien le bilan de ces banques et on comprend dès lors très bien que chaque sou soit âprement discuté, exactement comme il aurait dû l’être dans le cadre d’une gestion responsable. Mais voilà : cette idée même de Gestion Responsable avec des contrats carrés et compréhensibles a déserté un peu trop longtemps le cerveau des édiles d’un côté, et celui des banquiers de l’autre, tous trop contents de jouer avec de l’argent qui n’étaient pas à eux et qu’ils dépensaient pour d’autres (les électeurs/contribuables) dont le contrôle n’a jamais été particulièrement pointilleux…

Bref : le fameux retour à la réalité est en train de s’opérer rapidement, et avec lui des impayés et des chantiers qui s’arrêtent.

Devant ce constat, on peut essayer de connaître la réaction de la force publique : tarissement des fonds, conjoncture déplorable, il faut faire quelque chose ! Et c’est tout trouvé : la Fédération hospitalière de France (FHF) bondit sur l’occasion pour réclamer avec des petits cris stridents la création rapide d’une banque publique d’investissement, qui prendrait le relais de Dexia auprès des hôpitaux et des collectivités territoriales, parce que bon, quand il n’y a plus de fonds, il faut qu’il y en ait encore, pardi !

Autrement dit, puisque ce sont les emprunts à tire-larigot auprès des banques privées qui nous ont mis dans l’embarras, autant prendre à présent d’autres emprunts, aussi massifs, mais dans une belle structure publique que le contribuable (vous) abondera avec plaisir, jusqu’au moment où tout ça sera passé par pertes et profits (pertes, surtout) ; de toute façon, tant qu’on justifie ça par un système de santé que le monde nous envie (mais, à l’instar de l’Allemagne, ne nous copie surtout pas), tout pourra passer.

Ce qu’il y a de gênant dans ces nouvelles, c’est qu’on sait qu’elles ne sont que la partie émergée d’un iceberg à côté duquel celui qui coula le Titanic ferait figure de glaçon fondant dans un verre de Ricard tiède.

À ce propos, j’encourage mes lecteurs à me faire savoir les nouvelles locales de leurs collectivités territoriales dans le caca ; la réalisation d’une carte complète de l’ampleur de la catastrophe des comptes publics locaux ne permettra pas d’éviter la catastrophe économique dont on sent déjà le caractère inéluctable, mais elle permettra de s’y préparer.

Les temps à venir vont être pénibles : attendez-vous à une rétention d’information acharnée de la part de l’État.

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