Terdav Trail World Tour, Saint-Jacques, 28e étape, La Messeta se profile...

Une étape bien courte aujourd'hui, presque une demi-étape (31 KMS) qui devrait me faire du bien et me permettre de récupérer de la fatigue des deux derniers jours. Je suis à Hontanas, un petit village de Castille, dans la Messeta. Ce matin, comme je savais que l'étape nécessiterait moins de temps de marche, je me suis octroyé un peu de temps. J'ai un peu plus profite du confort de ma chambre d'hôtel, puis je suis reparti vers le centre de Burgos. J'y ai bien regardé les façades, admirer l'imposante cathédrales et ses flèches sculptées dont je me souvenais tout de même un peu depuis mon dernier passage dans cette ville (c'était il y a... 24 ans tout de même!). Le temps est plus que frais, le ciel est gris. Je rencontre un premier thermomètre qui indique vaillament 4°. Un peu plus loin, un autre, plus optimiste: 8°. Enfin un troisième, sans doute un peu frileux, me signale 2°. Il ne fait certainement pas chaud! Ensuite, j'ai repris ma marche vers Compostelle. Sortir de la ville du Cid est tout de même plus agréable que d'y entrer. On atteint d'abords un parc avant de plonger à nouveau dans la campagne. Là, le décor est assez semblable à ce qu'il était deux jours auparavant, en plus plat. Je marche et double une file de randonneurs relativement fournie. Après une quinzaine de kilomètres et une petite montée, j'entre plus "officiellement" sur la Mesetta, ce plateau d'altitude (900 MÈTRES) réputé comme le passage le plus ennuyeux et difficile du chemin, long de 200 kilomètres. En résumé, il m'accompagnera pendant les trois prochains jours, jusqu'à Leon. Cela dit, ma première impression n'est pas si mauvaise. Certes, le paysage s'étend à perte du vue, l'austérité des lieux n'est pas franchement apte à donner le sourire, mais au moins, le caractère sauvage est là, malgré les cultures encore abondantes, et on marche, pour l'instant en tous cas, loin de la route. Le silence est presque parfait, d'autant que les oiseaux sont rares sur ce plateau dénudé et que le temps, toujours maussade mais heureusement sans pluie, ne les incite pas non plus à exercer des prouesses vocales. APrès une vingtaine de kilomètres, je m'arrête pour déjeuner de quelques bocadillos, pas trop mauvais mais pas bon marché, dans le village. J'y lie conversation avec un couple de danois. Ayant trop mal aux pieds après une étape de 40 kilomètres, l'homme a préféré se reposer à Burgos. Vu le temps d'hier, il n'a pas mal fait. Après cet arrêt assez bref, je reprend mon parcours d'un pas plus léger. Il ne me reste que dix kilomètres, une broutille. Je vais arriver tôt et pouvoir récupérer. Mes pieds, vraiment douloureux hier soir et très sensibles ce matin sur trois points délicats, semblent aller mieux; mon pas est plus dynamique. Le paysage est plutôt rude, seulement animé par quelques tas de cailloux, et au loin par un vaste champ d'éoliennes. Cependant, je ne le trouve pas si déplaisant, et vraiment plus à mon goût que les vignes de bord de route de la Rioja. Je ne vais pas encore devenir complètement fou et poursuivre les éoliennes à la manière d'un Don Quichotte moderne... Non, je me contente de marcher en chantonnant dans ma tête et en rêvant. Le sol vraiment défoncé par les intempéries me sort quelque peu de ma rêverie à l'approche d'Hontanas. Mais j'atteint ce pittoresque village finalement très vite, il est juste 15 heures lorsque je rentre à l'auberge, où j'ai le plaisir de constater que je vais échapper une fois de plus au dortoir collectif empli de ronflements et de lourds bavardages matinaux. Pas plus mal pour tenter de bien récupérer. Pas plus mal non plus de se caler un peu au chaud. Sur le plateau, le vent est vraiment froid et je n'ai pas quitté ma gore tex de la journée, une première. Un peu de repos me fera sans doute du bien, je suis maintenant à 580 kilomètres de ma destination, la route est donc encore longue.