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Le turbulent silence de Charest

Publié le 23 mai 2012 par Jclauded
Le premier ministre du Québec n’est pas sorti de ses peines. La manifestation d’hier à Montréal a réuni plus de 150 000 personnes et a été une démonstration de la ferveur qui s’est emparée d’un grand nombre de Québécois suite à la grève des étudiants contre la hausse des frais de scolarité et la nouvelle loi 78.
Le nombre est grand et impressionnant mais il ne m’a pas surpris. Il me rappelle les manifestations passées par lesquelles les syndicats voulaient faire valoir leur force lors de négociations salariales.
La manifestation du 22 mai a non seulement réuni un grand nombre de jeunes étudiants collégiaux et universitaires, mais on y a vu s’ajouter des milliers de parents, des milliers étudiants des écoles secondaires, tout le mouvement syndical, des dizaines de milliers de péquistes affamés de pouvoir, l’ensemble des mouvements de gauche et d’extrême gauche plus un très grand nombre de passants et de promeneurs qui sont normalement et facilement séduits par un tel évènement.
Il ne faut pas oublier que les étudiants en grève représentent moins de 30% de l’ensemble de ceux qui fréquentent nos collèges et nos universités. Ceux de Polytechnique, de droit, des HEC, de médecine, de pharmacie et d’autres, parmi les plus importantes, ne le sont pas. Ceux de l’université McGill, non plus.
Les critiques dénoncent la nouvelle loi 78 comme étant non-démocratique en prétextant qu’elle enlève aux Québécois le droit de manifester. C’est archi-faux ! Elle ne fait qu’exiger des organisateurs qu’ils avisent les autorités gouvernementales, huit heures avant le début de chaque manifestation, du trajet du cortège. Le but est que ce dernier soit accompagné par les forces policières afin d’éviter les débordements comme ceux de la pré-loi-78 qui se sont terminés dans la violence. En somme, protéger les manifestants et les citoyens.
Ce sont ces deux conditions, heure et trajet, qui seraient antidémocratiques selon les dires des leaders et iraient à l’encontre de la Charte canadienne des droits. Or, à Paris, à New York, à Genève, à Berlin, à Toronto et dans un très grand nombre de grandes villes du monde, la période de temps de l’avis est fixée non en heures mais en semaines et l’identification du trajet est obligatoire et respectée par les grévistes. Cette argumentation d’anti-démocratie n’est qu’un faux-fuyant qui cache le vrai motif des prêcheurs de désordre. En plus, ceux-ci omettent d’invoquer volontairement d’autres buts importants de la loi, comme celui de sauver le semestre scolaire des étudiants qui depuis 100 jours ne vont pas en classe et celui d’assurer le droit à l’éducation de ceux qui ont été empêchés de s’y rendre par leurs confrères ou consœurs grévistes.
On reproche beaucoup au premier ministre québécois de ne pas avoir négocié lui-même avec les représentants des étudiants. On a compris que le PM Jean Charest n’est pas le genre de leader à aller au-dessus de la tête de ses ministres. Il a confiance en eux et favorise une direction collégiale du cabinet. Plusieurs affirment que c’est là la vraie source du problème. Mais l’est-ce vraiment lorsqu’on constate, encore aujourd’hui, que la seule chose que les leaders étudiants veulent, c’est de ne pas payer plus pour leurs frais de scolarité. Rien d’autre. Pas de compromis. Comment négocier ainsi ?
Il est vrai que le silence de Charest a fait du bruit et a été de toute évidence un effet remuant des manifestations récentes. Que fera-t-il maintenant pour nous sortir de ce guêpier qui nous embête tous et qui nuit à l’économie de Montréal et à sa réputation mondiale ?
Doit-il rencontrer les étudiants et accepter leur demande simplement pour avoir la paix ? S’il fait cela, qu’arrivera-t-il à la prochaine négociation avec les employés de l’État ? Ne seront-ils pas tentés de faire comme les étudiants et de dire NON, NON, NON.. jusqu’à ce que le PM dise OUI. Il est clair qu’un gouvernement, quel qu’il soit, ne peut être dirigé par la rue. Un vrai gouvernement prend ses responsabilités et c’est le peuple qui décide lors d’élections, s’il a bien fait ou non. Un vrai démocrate, reconnaît cela et respecte les lois !
Doit-il déclencher le plus rapidement possible une élection générale ? Si le climat était plus serein, je dirais oui, mais l’agitation actuelle est trop forte pour favoriser le climat nécessaire à la tenue d’une élection générale normale.
Doit-il démissionner ? S’il quitte la tête du gouvernement, il sera de facto remplacé par un autre membre de son parti. Cela n’avancera pas les choses puisque le nouveau premier ministre sera pris avec le même dilemme que son prédécesseur.
À mon avis, une solution possible est l’estompement de la vivacité de la foule des manifestants actuels. Mais cela ne sera pas aisé car ces derniers pensent vraiment représenter tout le Québec alors que la réalité des sondages démontre que les Québécois penchent majoritairement contre eux.
Je suggère qu’une grande pour-manifestation (pour ne pas dire une contre-manifestation) soit organisée et à laquelle seraient conviés tous les Québécois et Québécoises qui n’aiment pas ce qui se passe et qui veulent le respect de la loi et de l’ordre. Je crois que cette foule dépasserait en nombre celle du 22 mai et démontrerait à ceux qui pensent détenir la vérité que les autres Québécois sont là et impatients que cesse tout le branle-bas des derniers mois qui mine leur vie. Une telle pour-manifestation a mis fin aux émeutes de mai68 en France lorsqu’une majorité de Français, qui en avaient assez de voir Paris déchirée par les émeutiers, a rempli l’avenue des Champs-Élysées et a démontré son appui à la France. Par la suite, l’élection présidentielle est venue consolider la paix.
Vivement la paix sociale… Vivement une nouvelle élection générale !
Claude Dupras

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