Les arguments avancés par la France pour s'opposer à la culture du maïs OGM 810 Monsanto viennent d'être scientifiquement contestés par l'Agence de Sécurité Alimentaire européenne(Efsa) qui pourrait nous interdire d'interdire l'utilisation de ce maïs transgénique.
En février dernier, Bruno Lemaire , alors ministre de l'Agriculture, avait décidé de maintenir l'interdiction de la culture du maïs OGM MON 810 afin de " protéger l'environnement ".
A la demande de la Commission Européenne, l'EFSA a analysé la documentation sur laquelle s'était appuyée la France pour prendre sa décision. Et elle vient de conclure " qu'elle n'a pu identifier aucune preuve scientifique nouvelle indiquant que la culture de ce maïs OGM dans l'Union européenne fait courir un risque significatif et imminent pour la santé humaine et animale, ou pour l'environnement " (lire le document).
Pour l'EFSA la clause de sauvegarde brandie par la France n'est donc pas justifiée.
L'Agence précise, en outre, que " le suivi des cultures 2009 et 2010 de maïs Mon 810 n'a pas montré d'effets négatifs ni sur l'environnement, ni sur la santé humaine et animale ".
La Commission Européenne va donc sans aucun doute s'appuyer sur cet avis pour revenir à l'attaque et interdire à la France d'interdire la culture de ce maïs OGM.
Il va être très intéressant de suivre la réunion des ministres de l'Environnement de l'UE qui se tiendra le 11 juin prochain à Luxembourg, et de voir comment notre nouveau ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, et notre nouvelle ministre de l'Ecologie, Nicole Bricq, vont réagir.
L'Efsa s'est déjà trompée sur le bisphénol A...
Mais, nous le savons bien, les avis de l'EFSA n'engagent que l'Agence. Souvenons-nous de sa prise de position , en septembre 2010, concernant le bisphénol A. L'Agence avait soutenu que cette substance ne posait pas de problème de santé et avait maintenu son feu vert pour son utilisation (lire l'article " Bisphénol A : l'insoutenable légèreté de l'Efsa " publié sur bioaddict.fr le 6 octobre 2010).
Nous avons ce qui s'est passé depuis : le bisphénol A a été reconnu comme un puissant perturbateur endocrinien. Il est ainsi responsable de multiples pathologies (troubles du développement chez le foetus et chez l'enfant, cancers, diabète, obésité et autres diverses maladies métaboliques, troubles de la fertilité, troubles du comportement)... Il est aujourd'hui interdit dans les biberons dans tous les pays d'Europe, en attendant son interdiction totale réclamée par de très nombreux scientifiques.
Visiblement, les protocoles et les méthodes d'analyse de l'Efsa ne sont pas adaptés à l'évaluation des risques émergents.
Christina Vieira