Aujourd’hui encore la privatisation est toujours perçue comme une gangrène par les citoyens africains au vu de toutes les dérivesqui les accompagnent. Cependant n’y a-t-il pas lieu de se demander pourquoi la privatisation, qui ailleurs dans le monde a apporté la prospérité, a plutôt accentué la misère des pays africains ?
Par Aquila Yao.
Article publié en collaboration avec Audace Institut Afrique.
Idées reçues sur la privatisation
Après les périodes de conjonctures connues par la plupart des pays Africains à la fin des années 80, les différents gouvernements ont mené des reformes tendant à transférer le capital des sociétés d’Etat aux entreprises privées ; c’est la privatisation. L’une des raisons était la mauvaise gestion et la gabegie qui régnaient au sein des entreprises publiques. Cependant, les entreprises nouvellement privatisées, sensées relancer l’économie, n’étaient en réalité que des monopoles protégés issus de contrats brumeux entre les gouvernements et une poignée de sociétés privées ; on ne pouvait donc pas parler de privatisation puisqu’il s’agissait de simples transferts quasi-oligarchiques. Les Etats ont simplement transféré leur capital à des entreprises « amies » ce qui, à juste titre, a fait naître dans l’esprit des populations la phobie de la privatisation. Dans la plupart des pays africains, parler de privatisation suscite de l’antipathie. Les secteurs privatisés bénéficiant de la protection des Etats asservissent depuis toujours les populations qui restent les grandes victimes de ces pratiques immorales, ce qui est d’autant plus grave que dans la situation de monopole protégé, les entreprises privées récupèrent les positions dominantes et imposent des modes de vie aux populations par le biais de la fixation de prix exorbitant qui ne tiennent pas compte des réalités quotidiennes. Ainsi, le prix du gaz, de l’électricité, de l’eau et des denrées de premières nécessités augmente selon les humeurs des sociétés sous les regards complices des gouvernements « amis ». Toutes ces conditions de vie pénibles engendrées par ces situations monopolistiques auraient pu être évitées si les privatisations avaient réellement débouché sur un marché réellement concurrentiel.
Les bienfaits de la privatisation
Une économie libérale avec un environnement de libre concurrence permet une nette amélioration des conditions de vie des populations ; il y a, en effet, un lien étroit entre l’amélioration de la liberté économique et le développement des libertés sociales. La privatisation étant le fait que des particuliers gèrent des entreprises pour faire du profit, ceux-ci ont une contrainte morale qui se résume en la satisfaction du client. De ce fait les différentes structures privées en concurrence améliorent leurs prestations de service afin d’optimiser leur potentiel clientèle (avoir le plus de clients possible). La privatisation vient ainsi combler et respecter le droit naturel des individus de choisir ce qui leur semble bon en disposant de leur libre arbitre. A contrario, s’ils sont contraints dans des conditions de monopoles protégés à se soumettre aux dictats des entreprises protégées par l’Etat, leur libre arbitre, et leur droit naturel à choisir, n’est pas respecté. La privatisation pourrait même être le moteur du petit entrepreneuriat, gage du développement économique d’une Afrique qui a tout pour être une puissante économie de rayonnement mondial. Par exemple la privatisation dans le domaine de la banque pourrait pousser les acteurs du système bancaire à proposer des prêts à des taux d’intérêts intéressants, et dans des délais de remboursement, raisonnables ce qui permettrait d’endiguer le chômage en donnant la possibilité aux jeunes d’emprunter plus facilement et, ainsi, de mettre en place des activités qui leur permettraient de vivre.
Nécessité d’une prise de conscience des populations
Aujourd’hui, plus que jamais, les Africains en général, et la jeunesse en particulier, doivent prendre conscience que l’Etat ne pourra jamais les faire sortir de la misère, bien au contraire ; l’histoire démontre aux Ivoiriens, par exemple, que l’augmentation croissante de la taille de l’Etat, c’est-à-dire de l’étendue de ses prérogatives, n’a, en rien, amélioré la qualité de vie des populations ou leur situation économique. Ainsi, les populations gagneraient à exiger plus de libertés plutôt que d’attendre désespérément que l’Etat redistribue une richesse qui ne vient jamais. Elles devraient exiger l’abolition des monopoles protégés pour permettre une libre concurrence entre les entreprises privées. Les populations doivent aller plus loin en exigeant aussi le contrôle de la concurrence, par une autorité indépendante de l’Etat, pour s’assurer du respect de la souveraineté des individus. Ces mesures permettraient un recul certains de la misère en Afrique.
Après plus de 50 ans d’indépendance marquée par les guerres et la négation des individus, il est temps pour les populations de prendre leurs responsabilités si elles veulent s’affranchir. Seule leur détermination à faire avancer les choses pourra leur redonner la dignité qui leur a longtemps été arrachée par les Etats dits forts qui en fait ne font qu’affaiblir leurs populations. Aucune répression aussi redoutable qu’elle soit ne peut empêcher la liberté d’avancer et un peuple déterminé à être libre peut y arriver sans passer par les armes. Pour preuve, les plus grands hommes et les plus grands peuples ont donné à l’humanité de véritables leçons à travers leurs idées ; c’est par elles, et avec elles, que les révolutions profitables à tous ont pu se réaliser.
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