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Quand un repas peut changer une vie.

Publié le 25 mai 2012 par Legraoully @LeGraoullyOff
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Quand un repas peut changer une vie.

Je la défrime depuis le début du repas, cette petite. Elle est plutôt jolie, agréable à regarder. Elle cause, me débite sa vie, son boulot qui l’emmerde, son couple usé par un mec trop occupé par sa carrière. Il m’aura suffit de lui faire boire deux petites coupes pour qu’elle se dévoile. C’est fou, tu as sans doute remarqué par toi même, puisque tu n’es pas la moitié d’un abruti, que le champagne a un veritable effet de révélateur avec la gente feminine. Tu les plonges dans le liquide à bulles et dès que les chasses deviennent vitreux, c’est tout bon, t’as plus qu’à te servir, une petite flatterie et hop, en route pour le grand déballage.

Ce qui fait que je ne suis pas encore arrivé au dessert que j’en connais déjà plus sur cette souris que sur ma propre soeur.

_ Tout passe bien ? demande un porte-bouffe.

_ Très bien, mon ami. Mettez nous une nouvelle bouteille de champagne rosé, mademoiselle adore.

_ Oui, tout de suite monsieur.

Outre les étoiles dans les yeux, le roteux file à la belle de délicieuses couleurs rosées à ses joues délicates. M’est avis que mezigue doit élaborer un scénario acrobatique pour l’après repas. Ne mange pas trop lourd, mon grand, garde toi de l’energie.

Le resto est du genre chic, sans être trop ostentatoire. Je reluque un peu l’assemblée. Entre un gros lard qui se baffre de pieds de porcs, buvant au passage dans le verre de sa femme, une petite bourgeoise un peu génée par les bruits de camion poubelle provoqués par la mastication de son mari, j’aperçois quelques petits couples tranquilles, un groupe de gars venus sans doute enterrer une vie de garçon et une famille entourant de tout leur amour le grand père qui, pour ne pas manger seul, doit inviter sa marmaille hypocrite.

_ Je reviens tout de suite. Je vais me repoudrer le nez, me dit ma sirène.

Je profite de cette absence bienvenue pour jetter une oeillade à mon fidèle compagnon qui couché à mes pieds, recouvre de ses oreilles de velours mes escarpins cuir pur veau. Son clin d’oeil complice me fait comprendre que ce garnement n’a pas perdu de temps et qu’il a déjà zieuter sous la robe de la belle. J’ai son aval, je peux lui faire confiance, jusqu’à aujourd’hui, il ne s’est encore jamais trompé.

J’interpelle le loufiat:

_ Dis donc, mon petit, c’est quoi cette musique de merde qui traine en fond sonore ?

_ Ah, c’est de la musique lounge, pour l’ambiance. C’est pas exactement de la musique, mais les gens aiment bien.

_ Ecoute moi bien, mon gars, moi ce que les gens aiment, je m’en balance comme de ta première astication du manche, tu saisis ?

A son changement de couleur, j’ai compris qu’il avait saisit. Son visage est devenu tout à tour blanc, rouge, vert. C’est plus une gueule qu’il se paie le maitre d’hotel, c’est un drapeau africain !

Je sors un disque de ma veste et le tend au garçon.

_ Tiens, je compte sur toi pour remplacer ta soupe indigeste pour ascenseur asthmatique par ce magnifique objet. Tu vois la gonzesse qui m’accompagne ce soir ? J’ai vu que tu matais ses cannes en loucedé. Eh ben, mon pôte, dis toi que cela va lui faire énormément plaisir. Et surtout, monte le son, la musique n’est pas faite pour être écouter doucement, fais vibrer les enceintes.

Le passe plat s’execute, revigoré par le biffeton que je lui glisse dans la pogne.

Sur ces entrefaites, ma douce amie revient des waters. Pimpante, fraiche et joyeuse. Elle s’assoit, me sourit et entreprend une rencontre savoureuse entre ses lèvres et la coupe.

Elle vise la pochette du disque, restée sur la table. La guitare enlacée par un serpent, deux filles, très légèrement vétues, une en démon, l’autre en ange entourent la gratte et un chapeau haut de forme vient coiffer la Lespaul.

_ Sympa la pochette, me lance t elle.

Toujours sur le coup, j’attrape sa replique au vol.

_ C’est ce disque qui passe dans le resto ? me demande t elle.

_ Oui, lui repondis je.

_ J’adore ça, s’éclame t elle. Ce me rappelle mes années lycée, lorsque j’écoutais les Guns ‘n Roses.

_ Pourquoi parler au passé ?

_ Ben tu sais, depuis le mariage et tout, ma vie a pas mal changé. Mon mari n’aime pas trop la musique et encore moins le rock …il écoute plutôt David Getta.

La pauvre enfant. J’ai soudain envie de la consoler.

_ Ca te dirait d’aller reveiller tes démons enfouis ?

  • Oh oui, je te suis.

Je vide mon expresso, paie la note au serveur et récupère ma galette enchantée.

La suite de la soirée relève du domaine privée, mais quelque chose me dit que je peux te faire  confiance, tout te dire, que tu n’iras pas le crier sur tous les toits.

Alors écoute bien cela:

Nous avons passé le reste de la nuit dans ma voiture, à faire tourner le dernier album de Slash. Un disque de rock n’ roll pur et dur. Bien sur, ce disque n’est pas révolutionnaire mais ce n’est pas ce qu’on lui demande. Du vrai rock et la patte magique du guitariste au haut de forme, cela suffit à s’évader et prendre du plaisir en bougeant la tête comme ça … tu vois là ?

Au petit matin, je dépose ma belle de nuit devant chez elle. Elle me remercie et quitte l’auto, les yeux pleins de souvenirs merveilleux.

_ Merci pour la soirée. Ce m’a fait du bien de me retrouver un peu.

Voilà pis c’est tout.

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