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3ème semaine de la France d'Après: la Sarkofrance n'est pas morte.

Publié le 26 mai 2012 par Juan
3ème semaine de la France d'Après: la Sarkofrance n'est pas morte. Finalement, rien n'était réglé. Malgré les déclarations surjouées de l'ancien Monarque, il y avait encore fort à faire en Europe pour sauver la Grèce et la zone euro. En trois réunions internationales, François Hollande était parvenu à fixer l'agenda européen sur la croissance et les euro-bonds. Et à convaincre l'administration Obama que la sortie des forces françaises combattantes dès la fin de l'année n'était pas un drame.
En France, l'addition était sévère. L'équipe Hollande pouvait préparer les décrets, mais il fallait attendre le scrutin législatif pour agir plus largement.
A droite, la riposte s'était aggravée, non pas sur le fond mais contre les personnes, quelques ministres dont Christiane Taubira, en firent les frais. Les attaques étaient souvent ignobles.
Non, la Sarkofrance n'était décidément pas morte.

Echauffements diplomatiques
Une réunion du G8, vendredi et samedi dernier; un sommet de l'OTAN à Munich; un mini-sommet informel à Bruxelles mercredi. Pour François Hollande, la séquence a été très diplomatique. Et plutôt réussie. La presse française comme étrangère loua l'aisance, la convivialité, la franchise et la fermeté du nouveau président français. Même à l'UMP, on n'osait presque plus abuser des éructations de campagne. La crise était bien là, il y avait plus sérieux à faire. Hollande, d'ailleurs, refusa de commenter l'actualité nationale.
La Grèce avait convoqué de nouvelles élections législatives. Le pays était paralysé. L'austérité du couple Merkozy n'avait rien sauvé, bien au contraire. Gouvernement et banque centrale allemands mettaient la pression. Pas question, pour eux, d'assouplir les conditions de prêts ni même d'envisager des quelconques euro-bonds comme le préconisait François Hollande. Le président français voulait surtout négocier son pacte de croissance. Sur ce point, il a rallié la plupart de ses homologues. La rencontre informelle de mercredi a permis d'évaluer les positions. Mais il ne fallait pas attendre de communiqué de victoire. Nicolas Sarkozy n'est plus président.
Devant ses partenaires de l'OTAN dimanche, François Hollande expliqua que les forces françaises combattant en Afghanistan quitteraient bien le territoire d'ici la fin de l'année. A l'exception d'Angela Merkel qui s'agaça encore, personne ne hurla dans la pièce. Au contraire, un conseiller d'Obama confia au Monde: « Il est clair que la France va être un bon ami et allié ».  Le président français avait désarçonné ses critiques. Quelques sarkozystes raillèrent le retard de Hollande à l'un des rendez-vous. Une critique de haut-vol.
Comme pour mieux clore cette séquence internationale, François Hollande s'échappa vendredi pour une visite de 6 heures en Afghanistan. Il faisait président, puisqu'il était président. 
UMP en mode chasse
La Sarkofrance n'était pas morte. Certes, deux anciens ministres tentèrent de porter l'attaque sur le fond. Xavier Bertrand s'indigna de la prochaine réforme de la réforme des retraites. Le sujet avait été largement abordé (et caricaturé) lors de la campagne présidentielle. Son ancien collègue Bruno Le Maire, que l'on croyait plus digne à droite, attaqua l'assistanat comme son ancien mentor, pourtant en retraite forcée.
Après le jean porté par Cécile Duflot lors de son premier conseil des ministres, l'UMP s'attacha à Montebourg et Taubira.
Quand le ministre Arnaud Montebourg fut condamné à 1 euro symbolique pour insulte à trois dirigeants de Seafrance qu'il avait traité d'escrocs, quelques sarkozystes réclamèrent sa démission. Ils s'étaient bien tus quand Brice Hortefeux avait été condamné pour injures raciales. 
Mardi, les députés UMP coordonnèrent leurs attaques contre Christiane Taubira. Lors d'une réunion UMP à l'Assemblée, un député a lâché: «Taubira est une cible parfaite. On va bien se marrer... » Et la réacosphère, comme on l'appelle, s'est effectivement lâchée dans des termes souvent racistes ou machistes, à coups de rumeurs non vérifiées et invectives. D'autres créaient des sites qu'on devinait éphémères et si rapidement si rances.
Certains essayaient de trouver quelques couacs bling bling à François Hollande, comme pour mieux faire oublier les fastes de leur ancien mentor. Ainsi Henri Guaino s'égara-t-il à comparer qualifier l'option du déplacement en train de Hollande pour Bruxelles de « pas très professionnel » et coûteux. Il aurait dû se taire. Sarkozy utilisa l'avion en juillet dernier pour un sommet similaire. Le Parisien estima le déplacement de François Hollande à 5.972 euros contre 60.000 euros pour celui de Sarkozy. 
Plus que jamais, la riposte visait les personnes ou des anecdotes.
Campagne électorale... à l'UMP
Mais l'UMP restait orpheline. Sarkozy était toujours au repos au Maroc, dans une villa  prêtée par le Roi local. Il ruminait contre Laurent Wauquiez. On comprenait qu'il hésitait à rentrer. A Paris, le Monde avait publié de larges extraits de l'instruction du juge Gentil sur l'affaire Bettencourt. On pouvait reconstituer un étonnant calendrier de versement d'espèces soupçonnés d'alimenter sa campagne de 2007. Quand il rentrera de vacances, on imagine mal qu'il ne soit pas auditionné à son tour.
Mercredi, François Fillon avait fait acte de candidature à la présidence de l'UMP: « Depuis le départ de Nicolas Sarkozy, il n'y a plus à l'UMP de leader naturel. Donc il y aura une compétition ». Un obscur sondage TNS Sofres sur « les sympathisants de l'UMP » donnait un large avantage de popularité à Fillon contre Copé ( 69% contre 22%) pour la présidence de l'UMP.
Le conflit interne n'était pas que larvé. C'est la guerre. Deux camps au moins s'étaient formés. L'opposition à la présidence Hollande fait toujours du sur-place, l'UMP se réfugiait dans l'anecdote. Ainsi, la condamnation pour insulte dont fut frappée Arnaud Montebourg (il avait traité les patrons de Seafrance d'escrocs) a conduit Nadine Morano à exiger sa démission. L'ancienne collègue de Patrick Devedjian qui avait traité une centriste de salope se trompait de combat.
Le Front National a lancé sa campagne législative jeudi. Le Rassemblement Bleu Marine alignait 571 candidats, pour espérer 150 à 200 présences au second tour. Un slogan, la « protection des Français »; ça nous rappelait la France forte.
Le changement, c'est...
Au gouvernement, on préparait tous les décrets, réunions et concertations nécessaires. L'impatience était grande. Jean-Marc Ayrault a promis celui sur les retraites pour dans 3 semaines. Une décision qui n'a pas effrayé l'agence Moody's qui a décidé, quelques heures plus tard, de maintenir le Triple A du pays. La France, d'ailleurs, empruntait à des taux historiquement bas, comme sa voisine germanique.
La Garde des Sceaux Christiane Taubira annonça la suppression de la réforme des tribunaux correctionnels pour mineurs de 2011. Pour juger les cas de mineurs récidivistes et déjà condamnés, âgés de 16 à 18 ans, Sarkozy avait ajouté deux juges issus des tribunaux correctionnels pour adultes. Un gadget inefficace qui ralentit les jugements. Manuel Valls, ministre de l'intérieur, reçut les syndicats policiers, vendredi 25 mai. Pour leur annoncer la création de commissions « police/justice » pour traiter de la délinquance des mineurs.
Sa collègue de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, a promis un nouveau circulaire pour remplacer la circulaire Guéant limitant l'emploi des étudiants étrangers en France la semaine prochaine.
Il y avait fort à faire.
La Sarkofrance n'était pas morte.


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