Quand on discute des caractéristiques du cyberespace, une assertion qui revient souvent est celle de son intangibilité. Or, j'ai le sentiment que ceux qui l'affirment pensent surtout aux softwares. Quand on examine un peu les choses, j'aurais tendance à parler d’une intangibilité relative.
a) Intangibilité relative
L’intangibilité signifie, au sens premier, qu’on ne peut « toucher » ce qui en possède la caractéristique.
Si on considère les trois couches du cyberespace, la première est tangible puisque physique (avec l’exception des ondes électromagnétiques, à la fois ondes et flux de photons si j'ai bien compris). En revanche, les deux autres couches sont intangibles et dépendent de l’esprit humain : aussi bien la couche logique que la couche informationnelle.
C’est pourquoi il faut parler d’intangibilité relative comme première caractéristique du cyberespace : la manœuvre stratégique sera donc principalement intangible, même si elle pourra s’intéresser à des segments physiques, et devra donc envisager la possibilité d’actions physiques. Ainsi, le sabotage d’un routeur principal, la coupure d’un câble optique sous-marin voire la destruction d’une ferme de données (par attentat ou attaque aérienne) sont des procédés physiques qui peuvent être examinés.
Cependant, la majorité des actions s’intéressera aux deux autres couches et utilisera des outils adaptés à elles. Donc, intangibles.
NB : le lecteur s'interrogera certainement le choix de cette illustration. En se reportant à la page source, il verra ce commentaire artistique : "Et bien c’est simple, changez l’éclairage de votre salon. Le Salon de Mr Beam se métamorphose successivement, grâce a deux projecteurs, en squat industriel, en studio pour graffeurs, en chalet coquet, en intérieur seventies… Pied de nez au Bauhaus ou prouesse audiovisuelle ? Ce projet met en exergue l’intangibilité des formes.". J'ai un peu craqué devant cette "intangibilité des formes". L'art contemporain, c'est d'abord de la littérature.... Et puis ça me permet de montrer des objets, au lieu des habituelles représentations stylisées vert glauque (pléonasme) ou bleu électrique avec des chiffres et des lettres qui "illustrent" habituellement tout propos sur le cyber....
O. Kempf