On a beau prendre les choses sous tous les angles possibles, le constat est limpide, ces élections législatives s'annoncent catastrophiques pour le MODEM. Non seulement il peut ne plus avoir d'élus au palais Bourbon, mais avec des sondages qui le donnent entre 4 et 5 %, il risque d'être exsangue financièrement, puisque rappelons-le, le score aux législatives sert à déterminer la dotation de l'Etat à chaque partis.
Cette situation est d'autant plus paradoxale que le MODEM a payé chèrement à toutes les élections intermédiaires depuis 2007, le refus de François Bayrou de prendre alors position entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, et qu'aujourd'hui c'est le courage de s'être prononcé clairement en faveur de François Hollande qui risque de lui coûter cher. Mais ce paradoxe ne peut s'explique que par une erreur d'analyse fondamentale de François Bayrou, sur laquelle il a pourtant bâtit toute sa stratègie depuis des années.
Le crédo de François Bayrou est basé sur l'idée selon laquelle les Français en auraient marre du bipartisme PS UMP, coupables indistinctement, selon lui, de l'état dans lequel est aujourd'hui la France. Constat qui reconnaissons-le peut en partie se défendre, mais auquel François Bayrou répond en proposant de prendre le meilleur de la gauche et de la droite. Et c'est là qu'est la mystification du leader du MODEM, c'est de confondre en un seul tout, les idées de droite et de gauche et les hommes et femmes censés les porter.
S'il est un point sur lequel il a raison, c'est que le glissement progressif du parti socialiste depuis 1983 vers la social-démocratie fait que dans bien des cas les Français ne distinguent plus vraiment la différence entre un homme politique de droite et un homme politique de gauche, puisque peu ou prou, ils prônent les mêmes politiques. Or, il ne s'agit là que des hommes et femmes politiques, pas des Français, lesquels continuent de faire la distinction entre les idées de gauche et de droite, du moins entre ce que les unes et les autres devraient être.
En 2007, la théorie de François Bayrou pouvait apparaître séduisante, puisque sur bien des points Ségolène Royal s'aligner sur le discours de la droite. La percée du MODEM s'est alors effectuée sur cette ressemblance et sur l'idée simple que plutot que d'avoir deux groupes qui pensent pareil et se déchirent, autant faire travailler tout le monde ensemble. Apparemment logique. Sauf qu'en 2012, dans une campagne dominée par la crise économique et où les clivages idéologiques ressortent, cette théorie ne tient plus. Le clivage droite gauche retrouve sa raison d'être et les électeurs retournent dans leurs familles d'origine. Et cette fois-ci, le ni droite ni gauche de François Bayrou ne peut plus tenir, il doit choisir.
Pour les législatives, la situation n'est pas différente, elle est même accentuée, avec une droite qui se radicalise de plus en plus dans une compétition dangereuse face au FN, et un PS revenu aux affaires qui fait bien attention à mettre de l'égalité et de la justice sociale dans chacun de ses actes. Difficile dans ce cas, face à un choix clair et clivant pour les électeurs, de trouver un espace vital pour le MODEM. Et on voit mal comment il pourrait se relever par la suite.