A défaut d'avoir évité la transformation de l'Europe en une passoire pour tous les produits en provenance d'Asie, ce qui a détruit des millions d'emplois sur le continent, la Commission Européenne a décidé de se pencher sur le nombre alarmant de chômeurs. Il faut dire que leur nombre en Europe est d'environ 24 millions.
A la question : Qui est responsable du chômage ? La Commission a trouvé le coupable : « (...) les lourdeurs juridiques du contrat de travail qui entravent, selon elles, la reprise de l’emploi (...) »
Et d'où sort ce « brillant » raisonnement ?
Le journal La Marseillaise nous donne quelques explications : « (...) Au niveau européen, la grande bataille d’une commission rompue aux méthodes libérales est d’améliorer la compétitivité des entreprises. Celle-ci passerait d’abord par une baisse du coût du travail. Or, le droit du travail est là, un obstacle. Définir la durée légale du travail et dans la foulée les heures sup’ qui en découlent, le type de contrat à respecter, cadrer les licenciements et les indemnités chômage .. seraient autant de frein à la productivité (...) Estonie, Slovaquie ou République Tchèque ont assoupli leur marché spontanément. Pour les récalcitrants, la crise a été un opportun « bâton » : Grèce, Espagne, Portugal et Italie se sont ainsi vu imposer une baisse des salaires, une chute du nombre de jours indemnisés, une facilité à licencier (...) »
Or, la France n'ayant pas élu Nicolas Sarkozy qui proposait de mettre en place des accords compétitivité-emploi dont l'objectif était de remettre en cause le contrat de travail, la Commission a décidé de mettre en demeure le nouveau Président et son gouvernement de : (...) revoir « le haut niveau de protection » du CDI (...) pour favoriser l'emploi durable (...) » Défense de rire !
Où on voit ressurgir le concept de contrat de travail unique à droits progressifs !
Très curieusement, l'idée serait de généraliser un seul et même : « (...) contrat de travail pour tous, sans limitation de durée, dans lequel le salarié accumule des droits en fonction de son ancienneté (...) »
A noter que cette idée fait le bonheur de Jean-Christophe Sciberras le Président l'Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH). Qui le justifie de la façon suivante : « Lorsqu'il y a des tensions, les entreprises commencent leurs ajustements sur les intérimaires et les CDD. Il nous semble plus juste d'offrir à tous les salariés le même contrat indéterminé, tout en garantissant à l'employeur la possibilité de s'en séparer plus simplement »
Beau comme du Laurence Parisot non ?
Il l'expliquait beaucoup plus clairement au Figaro en Juin 2011 en y ajoutant une finesse : « simplifier le Code du travail » sans oublier de se féliciter du succès de la rupture conventionnelle qui a l'avantage d'éviter ... certains plans sociaux et ... leurs obligations.
En résumé, la Commission européenne qui subit les assauts répétés des lobbies patronaux européens, comme Business Europe, dont le Medef est le correspondant français, n'a fait que réclamer ce que tous les patrons d'Europe souhaitent voir se mettre en place.
Mais finissons plutôt sur ce décryptage de Maryse Dumas Secrétaire confédérale de la CGT qui vous donnera un avant goût de « bonne idée »
« (...) A priori, le principe d'un contrat de travail unique pour tous les salariés nous paraît très séduisant (...) Or, ce nouveau contrat de travail unique rend caduque toute la législation sur les licenciements: pas de contestation possible du motif du licenciement, pas de consultation des représentants du personnel, pas de plan social ni d'obligation de reclassement pour les employeurs. Les licenciements seraient facilités et les entreprises, dédouanées de leurs responsabilités vis-à-vis des salariés et des bassins d'emploi (...) L'utilisation des CDD est juridiquement encadrée. L'entreprise n'a pas le droit d'utiliser la précarité comme une forme d'emploi permanent (...) »
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