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1S1 Th5, Leçon 2 : la République et les évolutions de la société française

Par Misterr

Les trois régimes républicains de 1870 à aujourd’hui ont accompagné les évolutions de la société.  Trois grands thèmes ressortent : l'attitude des gouvernements face aux revendications sociales et du monde du travail ; la laïcisation de la société, ce qui a impliqué de nouvelles relations entre les religions et l'État. Enfin, l’émancipation juridique des femmes. Au travers de ces trois thèmes, la République montre sa capacité d’adaptation entre débats, divisions et contestations.

 

La République et la question ouvrière : le Front Populaire

La condition ouvrière avant 1936.

Avant 1880, le monde ouvrier est peu homogène. L’épisode de la Commune, à laquelle participe de nombreux ouvriers, fait se tourner la République vers les classes moyennes et les paysans pour s’enraciner.

En 1884, une fois installé, le régime républicain tend la main aux ouvriers : amnistie des anciens communards.

A partir des années 1880, les ouvriers développent une conscience de classe et s’organisent :

1889 : un ouvrier élu à la Chambre des Députés ;

différents courants du socialisme fusionnent en 1905 pour créer la SFIO

1895 : premier grand syndicat : la Confédération Générale du travail.

Pendant la Première GM, les ouvriers sont au cœur de l’effort de guerre (au front ou mobilisés dans les usines)

En 1919, ils obtiennent la loi des 8 heures de travail par jour mais le taylorisme rend plus pénible leurs journées.

En 1920, le mouvement socialiste se divise entre un parti socialiste (la SFIO reste) et un Parti Communiste (le PCF naisse) : la classe ouvrière en ressort affaiblie et divisée.

En 1934, une triple crise secoue la France :

 d'abord, les contrecoups du krach de 1929 provoquent une crise économique. Les salaires et le pouvoir d'achat des ouvriers et des classes moyennes baissent, tandis que le chômage reste fort (plus de 400 000 chômeurs) ce qui entraîne mécontentement et grève : grèves des arsenaux de Brest en 1935.

une crise politique surgit sur fond de scandales impliquant des politiques à des escroqueries (Affaire Stavisky).

Le front populaire et les ouvriers

La montée du Front Populaire.

Les deux crises entraînent la montée des ligues d'extrême droite nationalistes, antiparlementaristes, souvent antisémites et pour certaines inspirées par la montée du fascisme en Europe. Le 6 février 1934, une manifestation des ligues provoquent une énorme émeute à Paris. La police tire : 15 morts, 1500 blessés.

Le Président du Conseil Daladier démissionne mais cet évènement provoque un électrochoc à gauche.

Le leader du PCF (Maurice Thorez) se rapproche de la SFIO dirigée par Léon Blum : une alliance électorale est conclue à laquelle s’ajoutent les radicaux de gauche (Daladier). Le Front populaire est né. Ils organisent le 14 juillet 1935 de grandes manifestations antifascistes. 

Le programme est modéré pour ne pas effrayer les classes moyennes. Le slogan sera « le pain, la paix, la liberté ».

  Législatives de 1936 : victoire du Front populaire + la majorité des sièges de députés à la chambre. La SFIO est le plus gros groupe parlementaire : Léon Blum, devient président du Conseil.

 

Des « grèves de la joie »  aux mesures du Front populaire.

• Léon Blum défend une politique sociale mais ne remet pas en cause le capitalisme libéral. Il veut prendre du temps pour mettre en place ses réformes. Cependant l'espoir provoqué par l'élection du Front populaire entraîne une très importante grève générale (2,5 millions de grévistes) : occupation des lieux de travail (« grève sur le tas »).

Les 7 juins 1936 : les accords Matignon sont signés entre la CGT et le patronat, sous l'arbitrage du gouvernement :

augmentation des salaires (de 15 % en moyenne pour les alaires les plus faibles)

la reconnaissance du droit syndical  et l'élection de délégués du personnel.

Les lois sociales.

Deux semaines de congés payés ;

limitation à 40h du temps de travail hebdomadaire ;

la signature de conventions collectives ;

semaine de 40 heures

accès des salariés des loisirs : création des auberges de jeunesse, de billets de train à tarif réduit, une démocratisation de la culture (ministre Léo Lagrange). L'âge de la scolarité obligatoire passe de 13 à 14 ans.

La chute du front populaire.

En dehors de la création de la SNCF à partir d'août 1937, il n’y a plus de grandes mesures. Les difficultés s’amoncellent : - elles sont politiques: le rejet viscéral de la droite et des milieux d'affaires ; l’extrême-droite renforce son antisémitisme face à Blum qui est juif. Le PCF dénonce l’arrêt des réformes sociales.

- elles sont économiques : pas de modernisation de l’économie, le chômage toujours présent et les investisseurs se détournent du sol français ;

- elles sont en lien avec la Guerre d’Espagne : refus de Blum d’impliquer la France dans la guerre civile espagnole.

À partir de février 1937 la coalition de gauche éclate donc progressivement

Les radicaux quittent le Front populaire en avril 1938 et se rapprochent de la droite pour former un nouveau gouvernement. Blum doit démissionner.

 La République, les religions et la laïcité depuis les années 1880.

La naissance de la laïcité dans la République (1870-1914)

Pour les républicains, l’Eglise catholique est un adversaire politique car proche des monarchistes et  influençant une proportion notable de la population (le poids des curés dans les campagnes et influence dans l’enseignement).

Depuis le Concordat (1801) signé par Napoléon I° :

Elle est « la religion de la majorité des Français », presque une religion d'État ;

 elle est contrôlée par l’Etat qui paye et nomme les évêques.  

En réaction les républicains adoptent toute une série de lois pour réduire l'influence religieuse sur la vie publique et aussi privée (on parle de sécularisation de la société) :

les lois sur l’école obligatoire, gratuite et surtout laïque (loi Ferry de 1882). Il n'y a plus d'enseignement religieux, le personnel des écoles est laïcisé (1886) ;

1889 : Le repos dominical est aboli ;

À partir de 1881, les cimetières ouverts à tous  (on encourage même les enterrements civils en 1887). 

1884 : le divorce est rétabli ;

On enlève les crucifix dans les hôpitaux, les tribunaux, les écoles.

Une époque d’affrontements remportée par la République.

Une dégradation s’opère durant l'affaire Dreyfus : l'Église catholique soutient en effet les antidreyfusards.

De plus, le pape a appelé les catholiques français à accepter la République mais à refuser la laïcité.

Conséquence : la montée de l'anticléricalisme  des républicains au pouvoir : la loi de 1901 sur les associations, les congrégations sont obligées de demander une autorisation pour exister, et certaines sont dissoutes. Puis elles sont interdites d'enseignement en 1904. Le Vatican rompt avec la France.

• La loi de 1905 de séparation de l'Église et de l'État : «  la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte ». Les édifices religieux sont propriété de l'État. Elle pose le principe de l'indépendance totale de l'État vis-à-vis des religions.  Acceptée par juifs et protestants, la loi elle est violemment rejetée par le pape et les catholiques.

Une sécularisation de la société acquise au cours du XX° siècle.

1921 : les relations diplomatiques sont rétablies avec le pape et les lois laïques ne sont pas établies en Alsace-Moselle (car allemande de 1871 à 1918). L’enseignement religieux peut s’effectuer à l’école.

 Hormis, la période du régime de Vichy, les IV° et V° République réaffirment la laïcité du régime. Ses bienfaits sont même reconnus par le pape Jean-Paul ii en 2005.

Les débats depuis les années 1970.

La famille : une vision traditionnelle ; certains catholiques s'opposeront à l'IVG en 1975 ou au PACS en 1999.

L’éducation :  financement de l'école privée (ou école libre). La loi Debré de 1959 permet en effet d'octroyer un financement aux écoles privées qui acceptent les programmes de et le contrôle de l'État. Cette loi ne cesse de provoquer des polémiques et de mobiliser des manifestants des deux bords (en 1984, 1994)

La répartition et pratique religieuses de la population : seuls 62 % des Français se disent catholiques. Les musulmans sont 6 millions et forment la 2nde  religion de France, en plus des juifs, des protestants, mais aussi des bouddhistes et d'autres religions. Seuls 8 % des catholiques et 17 % des musulmans français disent avoir une pratique régulière. Les fêtes religieuses les plus importantes (le Ramadan, Noël, etc.) restent cependant respectées.

L’Etat fait face à de nouveaux défis : le financement  de nouvelles mosquées, la représentation de mouvements fondamentalistes dans le Conseil français du culte musulman (créé en 2003), la lutte contre les sectes (loi contre les dérives sectaires de 2001). Concernant le port de signes et vêtements religieux :

loi de 2004 qui interdit dans les établissements publics le port de tout signe religieux « ostensible » ;

loi de 2010 sur l’interdiction de « dissimuler son visage dans l’espace public » ou de forcer à le faire.

 La place des femmes dans la vie politique et sociale de la France au XXe siècle.

Jusqu’à la fin de la 1GM, les femmes sont mineures.

• Jusqu'en 1914, c'est le modèle patriarcal entériné dans le code civil napoléonien de 1804 qui domine. Les femmes sont mineures toute leur vie : elles passent de l'autorité de leur père à celle de leur mari et n'ont aucun pouvoir politique. Leur mari gère leurs biens  et le compte en banque du couple. Une femme ne peut pas travailler sans son autorisation.
À la fin du XIXe siècle, l'éducation des jeunes filles est sommaire et liée aux arts ménagers (le cerveau féminin étant réputé « plus mou » que le cerveau masculin, faible et exagérément émotif) : l'objectif est d'en faire de bonnes mères de famille et des ménagères parfaites.

Ne pas être marié est inconcevable !

L’émancipation progressive des femmes.

L’émancipation par le travail et l’éducation

Les femmes des couches populaires qui n'ont pas le choix : 55 % des femmes travaillent en 1911. D’abord ouvrières,  elles accèdent à des emplois dans le tertiaire mais subalternes.

La progression de l’activité professionnelle des femmes est liée à l’élévation du niveau scolaire : les jeunes filles de bonne famille (les programmes du baccalauréat sont identiques pour les filles et les garçons à partir de 1924). Les femmes travaillent souvent avant de se marier, puis s'arrêtent pour prendre en charge l'éducation des enfants.

Des femmes accèdent à l’université ou à des fonctions alors occupées par des hommes :

1900, première avocate ;

1903, 1911 : Marie Curie, prix Nobel de physique, puis de chimie

1920 : Marie Buffet, ingénieur de l’Ecole centrale.

L'égalité des salaires hommes-femmes ne sera cependant votée qu'en 1972

Pourtant les inégalités persistantes (chômage féminin plus élevé que celui des hommes, écart de salaire, progression ralentie) obligent les gouvernements à voter

 l’égalité professionnelle (1983).

la parité dans les conseils d'administration des grandes entreprises (2008).

Une lente émancipation politique et sociale

Sous la 3e République, les républicains de gauche estiment qu'elles vont voter comme le curé.

 Le féminisme reste cantonné à une minorité de femmes. Ces dernières obtiennent cependant en 1938 la capacité juridique : le droit de propriété, de signer un contrat, de porter plainte, etc. Il faudra attendre la 2nde  Guerre mondiale et la reconnaissance de leur rôle dans la Résistance pour que les Françaises obtiennent enfin le droit de vote, bien après les Néo-Zélandaises (1893) et les Australiennes (1803). Elles voteront pour la première fois en 1945.

D'importants progrès sont réalisés sous la pression des mouvements féministes des années 1960 et 1970 et de politiques progressistes:

La vie civique :

féminisation des noms de métiers et de fonctions (1986)

loi sur la parité hommes-femmes en politique (2000) renforcée en 2008 ;

1965 : possibilité d’ouvrir seules un compte-chèques

1967 : la loi Neuwirth légalise la contraception ;

1975 : la loi Veil autorisant l'interruption volontaire de grossesse (220 000 avortements en France en 2011 soit 15 IVG pour 1000 femmes) ;

2010 : la protection des femmes victimes de violences au sein du couple (tous les 2 jours, une femme meurt sous les coups de son conjoint).


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