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Rémunérations patronales: la chasse aux excès dérange l'ex-Sarkofrance

Publié le 01 juin 2012 par Juan
Rémunérations patronales: la chasse aux excès dérange l'ex-Sarkofrance Etait-ce pour marquer les esprits ? Quelques patrons voyaient simultanément perdre une large fraction de leur rémunération. Simultanément... Il avait suffit que les nouveaux ministres protestent plus fortement. Et l'on se demandait pourquoi. Pourquoi Nicolas Sarkozy, si gauchiste sur les tribunes internationales, n'avait-il pu imposer les mêmes modérations ?
Chez ses anciens proches et fidèles, on était gêné. Très gêné.
Ayrault annonce
Mardi, le premier ministre Jean-Marc Ayrault confirmait à l'Express la mise en oeuvre d'une promesse de campagne: la rémunération des dirigeants d'entreprises publiques seraient prochainement plafonnées à 20 fois la rémunération la plus basse, y compris pour les contrats en cours: « Je crois au patriotisme des dirigeants, qui peuvent comprendre que la crise suppose l'exemplarité des élites politiques et économiques. Cette fourchette s'appliquera donc, y compris aux contrats en cours. » Les anciens sarkozystes étaient gênés. Voici 15 jours, ils avaient prématurément annoncé un reniement qui n'avait pas lieu.
Air France
Mercredi, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, annonçait que le représentant de l'Etat s'opposerait au versement d'une prime de non-concurrence à Pierre-Henri Gourgeon, l'ancien dirigeant d'Air France-KLM dont l'Etat détient 15,9% du capital et des droits de vote. Jeudi, lors de l'Assemblée générale, la dite prime fut rejetée à 79% des votes! L'actuel patron, Jean-Cyril Spinetta, tenta bien de la justifier, sous les huées. Il rappela la baisse des rémunérations des principaux dirigeants de l'entreprise depuis le changement de direction. Problème, l'indemnité de 400.000 euros a ... déjà été versée à M. Gourgeon au moment de son éviction en octobre 2011. Juridiquement, il est sauf...
Mais en octobre 2011, qui dirigeait donc la France ? La Sarkofrance ? 
Jeudi, Pierre Moscovici, ministre de l'Economie et des Finances, complétait: « La morale voudrait en effet que de lui-même, Pierre-Henri Gourgeon rembourse cela (...) La prime a déjà été versée, mais de manière très claire, nous disons que ce n'est pas ce qu'il faut faire. »
Gallois
Le même jour, un autre grand patron, étiqueté à gauche mais sans pression du gouvernement français, renonçait à son indemnité de non-concurrence. Louis Gallois, 68 ans, rendait les clés d'EADS à l'Allemand Tom Enders. Arnaud Lagardère, détenteur via une holding de 22% des votes, était absent le jour de cette passation de pouvoir.
Safran
Le même jour toujours, l'Assemblée des actionnaires de la société SAFRAN, dont l'Etat détient 30% du capital, rejetait à 55% des votes l'octroi d'un parachute doré (une indemnité d'un montant équivalent à deux années de rémunération fixe et variable en cas de « cessation anticipée du mandat pour quelque cause que ce soit, sauf faute grave ou lourde ») et d'une retraite chapeau au PDG de l'équipementier aéronautique et de défense, Jean-Paul Herteman. Que s'était-il passé ? Le gouvernement Ayrault avait donné instruction aux représentants de l'Etat de s'y opposer. Il a simplement fallu 15% de droits de votes supplémentaires, émanant d'actionnaires privés, pour faire l'affaire. Il y a un peu plus d'un an, en avril 2011, le conseil d'administration avait validé la double prime (parachute et retraite chapeau).
Avec le soutien des représentants de l'Etat... de Sarkofrance.
Sarkofrance
A l'UMP, on était troublé. Interrogé sur Europe1 jeudi matin, Xavier Bertrand bafouilla un lapsus: « J'ai toujours été pour les excès de rémunération, je l'ai dit quand j'étais au gouvernement, je ne fais pas changer ma façon de penser » avant de se corriger, pressé par Jean-Pierre Elkabach. Fichtre ! Quel lapsus ! Jean-François Copé, mercredi, déclarait que « la meilleure façon d'encadrer les salaires passe par un vote en assemblée générale des actionnaires et le renforcement du rôle des salariés dans les comités de rémunération »...
Sans rire ?


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