Mais ce processus, dont on pourrait dire qu'il fait barrage à la joie de vivre, permet cependant la vie, car on s'adapte de la même façon aux événements négatifs : lorsque l'on perçoit une odeur désagréable, par exemple, celle-ci va sembler s'évaporer, alors que nous nous y serons seulement habitués. II me semble donc vain de vouloir lutter contre ce processus aussi naturel qu'utile. Pour savourer la vie, je proposerais plutôt d'aller vers l'autre, ce partenaire humain unique. Toutes les recherches et études en psychologie et neurosciences vont dans le même sens : se sentir en lien donne du sens à l'existence. C'est une loi très profonde, issue de notre héritage évolutionniste. S'exercer quotidiennement à exprimer sa gratitude ou à faire preuve de bienveillance peut aider à se sentir ainsi relié aux autres. Mais se relier au monde, à la terre, que ce soit en jardinant ou dans la contemplation d'un paysage, favorise aussi ce puissant sentiment d'existence. »
LAURENT BÈGUE, auteur de Psychologie du bien et du mal (Odile Jacob. 2011)
