En principe, le PS devrait remporter ces élections législatives. Un mois à peine après l'élection de François Hollande, on voit mal les Français se déjuger, même si le nouveau président a eu un score bien plus serré que prévu. Il est de plus dans la logique de la cinquième République de donner une majorité au président nouvellement élu quand les législatives suivent la présidentielle. Et cette logique là, les Français y tiennent d'autant plus qu'après avoir goûté à la cohabitation à trois reprises, ils ne veulent plus de celles-ci, surtout dans une période de crise où nous avons besoin que toutes les institutions fonctionnent convenablement.
Oui, mais voilà, en principe tout devrait rouler, d'autant plus que pour ses premiers pas, le gouvernement Ayrault commet un quasi sans faute, de même que François Hollande, sauf que la droite a glissé quelques ornières avant de partir et que le PS étant ce qu'il est, il se fait des croche-pieds tout seul.
Le gouvernement Fillon a bien pris soin de faire une refonte des circonscriptions. Certes, celle-ci s'imposait au vu des évolutions démographiques, mais il faut bien reconnaître que certains départements ont été curieusement découpés, le plus souvent pour faciliter la réélection de députés de droite, ou pour compliquer celle d'élus de gauche. Mais surtout, à cela s'ajoute la création de 12 circonscriptions pour les Français de l'étranger, or, chacun sait que ces derniers votent massivement à droite, et qu'une grande partie de ces nouveaux élus seront donc estampillés UMP.
C'est donc avec un handicap assuré de quelques députés que le PS se lance dans la bataille, mais comme si cela ne suffisait pas, il arrive tout seul à se mettre des bâtons dans les roues. C'est tout d'abord cet incompréhensible accord signé avec les Verts donnant à ces derniers une cinquantaine de circonscriptions. La première conséquence directe est que cela a entraîné la multiplication de candidatures diverses, relançant l'espoir de la droite là ou elle l'avait perdu. La seconde est que cela empêchera probablement le PS d'avoir la majorité absolue à lui tout, ce qui pourrait compliquer la tâche de Jean-Marc Ayrault et de son gouvernement.
C'est ensuite cette même direction du PS qui refuse un accord avec le Front de gauche dans les circonscriptions où la menace du FN est réelle et où la gauche risque de ne pas être présente au second tour. C'est encore des circonscriptions donnée à la droite.
C'est enfin une première secrétaire dont on ne comprend pas très bien quel jeu elle joue. Du fait déjà de ces fameux accords signé et non signé, surtout enfin parce que ces ambitions d'être premier ministre ont été contrariées et que beaucoup la soupçonne de ne pas soutenir complètement le nouveau gouvernement.
Bref, ce qui ne devait être au départ qu'une formalité est désormais une élection à risque pour le PS.