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Joyce DiDonato triomphe dans la Cenerentola de Ponnelle à Munich

Publié le 03 juin 2012 par Luc-Henri Roger @munichandco

Joyce DiDonato und Lawrence Brownlee in La Cenerentola im Nationaltheater. Foto: Wilfried Hösl

Joyce DiDonato et Lawrence Brownlee (photo Wilfried Hösl)


On ne change pas un cheval gagnant, c'est sans doute ce que doivent penser les programmateurs de l'Opéra de Munich qui depuis 1980 parient sur la mise en scène que Jean-Pierre Ponnelle (1932-1988) avait conçue en 1968 pour l'Opéra de Florence, que le Bayerische Staatsoper a présentée pour la première fois en 1980 et dont le public munichois ne semble pas se lasser depuis 32 ans. On se souviendra que la même mise en scène, les mêmes décors et les mêmes costumes de Ponnelle avaient séduit les Parisiens à Garnier la saison dernière (2011).  Les décors en carton pâte et les costumes ont fait le tour du monde entier, la mise en scène use habilement des ficelles de la commedia dell'arte auxquelles appelle l'opéra de Rossini. Le fait de présenter la section d'un palais baroque délabré  pour en faire découvrir l'intérieur permet de placer les chanteurs de front, ce qui est particulièrement recommandé et utile pour enfiler les performances artistiques exigeantes du bel canto.
Si le cheval est connu, on vient en admirer la merveilleuse cavalière. Cette saison à Munich c'est au tour de l'incomparable mezzo-soprano américaine Joyce DiDonato de revêtir la robe noire sertie de diamants d'Angelina. Et c'est un pur bonheur d'entendre la voix chaude et brillante de la généreuse diva, dont l'intelligence musicale a été maintes fois soulignée, et d'être pris dans l'enchantement de feu d'artifice vocal des ornements du rondo final Nacqui all'affanno, dans lequel la cantatrice fait la démonstration absolue de son exceptionnelle virtuosité. Lawrence Brownlee incarne Don Ramiro avec l'agilité de sa belle voix de ténor rompue aux exercices du bel canto, un art dont il maîtrise parfaitement les techniques et dont il semble surmonter les difficultés sans effort. L'Alidoro d'Alex Esposito est particulièrement apprécié et applaudi, il est familier du rôle qu'il vient de chanter à Garnier et dans lequel il avait déjà remporté un retentissant succès lors de l'édition 2010 du festival de Pesaro. Son Là del ciel nel arcano profondo est tellement impressionnant qu'il est gratifié d'un double applaudissement, le premier à contre-temps il est vrai puisque l'aria n'est pas terminée lorsqu'il fuse. Deux chanteurs de l'ensemble du Bayerische Staatsoper séduisent particulièrement: Eri Nakamura donne une très belle Clorinda et séduit par son jeu de scène et Nikolay Borchev campe un Dandini magnifiquement joué et chanté avec de belles couleurs et une puissance remarquable. Paola Gardina en Tisbe n'est pas toujours précise dans le comique dansé, et le Don Magnifico d'Alessandro Corbelli manque un peu de force dans l'expression emphatique et grossière de la fatuité du personnage. Tous ces excellents chanteurs brillent également dans les fameux ensembles vocaux, notamment dans le sextuor Parlar pensar vorrei de la fin de l'acte I.

Si les choeurs d'homme sont  très à l'aise avec l'oeuvre , l'orchestre semble cependant moins rompu aux agilités bondissantes et facétieuses de la musique de Rossini, malgré les efforts bonhomme du chef Antonello Allemandi, un grand connaisseur de l'opéra italien du 19ème siècle. Agenda
Les 7 et 10 juin, et, pendant le festival d'opéra d'été, les 9 et 12 juillet au Théâtre National de Munich

téléphone: (0049)89/ 2185-1920 ou 089/ 2185-1920
Bonus


Voir aussi le dialogue (en anglais) entre Joyce DiDonato et Lawrence Brownlee sur l'opéra de Rossini, une video du Bayerische Staatsoper!


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