Pantalon beige à Saint-Tropez…

À peine ai-je mis un pied dans la boutique Victoire de Saint-Tropez que je suis ressortie en courant tellement j’ai eu envie de tout acheter. Il y avait exactement toutes les jolies choses que j’aime porter et avec lesquelles j’aurais pu refaire en moins d’une seconde ma garde-robe pourtant déjà bien fournie.

Après avoir visualisé les jupes, chemises et shorts que j’aimerais avoir pour démarrer en beauté l’été, je me suis attardée, tout en me répétant façon méthode Coué que je n’avais besoin de rien, près d’une immense table en bois où étaient rangés en piles les bons pantalons beige, vous savez ceux qu’on aime collectionner depuis des années, en coton épais mais pas trop, et déjà lavés pour qu’ils soient souples et doux au toucher. Il y en avait pour tous les goûts :

- avec des poches façon treillis militaire

- avec des strass pour faire soirée, Saint-Tropez oblige

- usés genre djeuns

- blanchis qui auraient déjà profité du soleil

- serrés, mes préférés.

Ma copine qui adore les tenues décontractées avec les bons tissus et les bonnes coupes qui lui font des fesses d’enfer, s’est précipitée pour en essayer. On était comme deux folles surexcitées, peut-être persuadées que ceux-ci allaient changer notre destinée. Pourtant au dernier moment, je me suis ressaisie :

-   Je t’assure Laurence, on n’a pas le temps.

-   Si je fais vite ?

-   J’ai promis au libraire d’être là à cinq heures.

-   Bon.

-   Surtout si on veut acheter avant une tarte tropézienne chez Sénéquier.

Vous imaginez la scène, assises toutes les deux sur le port à une table devant une pile de livres, à s’empiffrer, les joues pleines de sucre quand les passants demandaient ce qu’étaient mes romans et que je leur répondais la bouche pleine ?

N’empêche, le soir, dans la voiture, Laurence s’est hasardée :

-   Ils étaient quand même pas mal ces pantalons beiges ?

-   T’as raison, j’ai été con, c’est exactement ce qu’il me fallait pour la saison.

-   Il y a un Victoire à Cannes ?

-   Ben non.

-   Comment on va faire ?

C’est ainsi que de retour à Paris, on a attendu jusqu’à mardi (lundi, c’était Pentecôte) pour nous précipiter à la première heure chez Victoire. Vous avez deviné la suite ?

Ben oui, c’est comme avec les régimes, c’est pas bon de vouloir résister ou de se priver, du coup, on n’a pas acheté un, mais deux pantalons beiges !