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L'utilisateur-payeur et la prochaine élection québécoise

Publié le 03 juin 2012 par Jclauded
Les représentants des étudiants québécois en grève ne veulent rien « savoir » ! Encore une fois, ils l’ont démontré lors des récentes sessions de négociations avec le gouvernement du Québec. Pour eux, c’est tout ou rien. Le gouvernement a beau proposer d’atténuer l’impact financier de l’augmentation des frais de scolarité, rien n’y fait.
Dans mes billets précédents, j’ai appuyé la position des étudiants. Comme eux, je ne suis pas d’accord avec cette hausse puisqu’elle va à l’encontre du principe de « l’accessibilité pour tous » à l’éducation universitaire.
Mais ce n’est pas l’opinion d’une majorité de Québécois et surtout ce n’est pas celle du gouvernement élu par notre peuple. Je l’ai vite réalisé suite aux messages de désapprobation que j’ai reçus après la publication de mes billets. En outre, malgré que les nombreuses manifestations publiques d’appui aux étudiants soient impressionnantes, elles ne peuvent être obligatoirement l’élément-déclencheur d’un changement de direction de la politique gouvernementale.
Je comprends bien les responsabilités du premier ministre Jean Charest et du ministre des finances qui doivent assurer que les finances québécoises soient équilibrées et saines. Nous avons trop dépensé depuis 1960. Au point qu’aujourd’hui, si le Québec devenait indépendant il serait le cinquième pays le plus endetté de la planète. Voir, ci-contre, le tableau 2008 de l’OCDE (réf. S. Taylor).
L'utilisateur-payeur et la prochaine élection québécoiseLa réalité économique nous a rejoints. Nous devons dorénavant chercher et trouver des moyens différents et originaux pour générer l’argent nécessaire au maintien de nos programmes sociaux suite aux baisses importantes d’impôts que les gouvernements péquistes et libéraux ont accordées durant les 10 dernières années.
Le premier ministre Jean Charest a affirmé, lors de sa dernière rencontre avec les médias que la question de la hausse des frais scolarités pourra être décidé lors de la prochaine élection générale du Québec, d’ici dix-huit mois. A mon avis, c’est plus que cela qu’il faut discuter. Le débat devra porter sur la politique de l’utilisateur-payeur qui consiste à « faire payer par le consommateur le coût réel de l’utilisation d’un bien ou d’un service gouvernemental ». Le gouvernement québécois la généralise de plus en plus et l’applique maintenant sur les autoroutes, les ponts, les entrées dans les parcs nationaux, la contribution à la santé, etc.. La hausse des frais de scolarité n’est qu’un autre exemple puisque les étudiants sont appelés à payer davantage pour leur éducation. Et cela, malgré que ce principe d’utilisateur-payeur n’ait pas été pleinement discuté sur la place publique.
A première vue, pour plusieurs citoyens, cette nouvelle politique de taxation semble juste et équitable. Mais l’est-elle ? Vu son importance et les effets négatifs qu’elle peut avoir pour les moins nantis et de façon plus large sur le concept de ce que plusieurs se font de la société, j’estime que le temps est venu de se fixer sur cette question et le bon moment d’en débattre sera durant la prochaine élection générale. Le concept de pollueur-payeur, différent d’utilisateur-payeur, pourrait aussi faire partie de la discussion afin que nous puissions tous nous prononcer sur le principe de ces taxes relativement nouvelles.
Je n’approuve pas les étudiants dans la poursuite irraisonnée de leurs manifestations puisque les conséquences sont trop déplaisantes et négatives pour Montréal et sa population. Il est temps qu’ils se calment et agissent aussi comme des citoyens responsables. Ils doivent obéir aux lois, même à la loi 78, et aux règlements municipaux, même à celui des « masques ». Dans une démocratie basée sur le droit, la désobéissance civile est intolérable et ceux qui cherchent à la mousser ont tort et doivent être convaincus d’arrêter.
J’estime que les étudiants et ceux qui s’opposent à la politique utilisateur-payeur n’auront pas à attendre longtemps pour faire valoir leur point. Il me semble évident que l’élection aura lieu bien avant 18 mois, soit en septembre ou en octobre 2012. La probabilité est grande que les révélations de la Commission Charbonneau, qui vient de commencer ses enquêtes sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction québécoise, fassent mal aux partis politiques, et particulièrement au parti libéral. Comme la Commission ajournera au 17 septembre ses audiences publiques après l’interrogation du premier témoin, l’ex-chef de police de Montréal, je crois que le PM Charest déclenchera l’élection à une date plus rapprochée afin que lui et son parti ne soient pas empêtrés dans les rumeurs et les déclarations intempestives qui sortiront des audiences.
De plus, la grève des étudiants nous a dévoilé et fait comprendre, jour après jour, la mutation profonde de notre société qui se réveille, conteste, réclame et qui en a assez de tout ce qu’elle entend et constate, que ce soit vrai ou faux. Elle n’en peut plus d’être abreuvée, presque quotidiennement, par les sottises et les attitudes mesquines de politiciens, les scandales ou les pseudo-scandales, les attaques personnelles, les dépenses exagérées de toutes sortes, les salaires trop élevés des principaux dirigeants, les injustices, le jeu de l’influence, les manigances, le non-respect des lois et des règlements, les discours mensongers, les médias qui amplifient exagérément la réalité pour fins d’audience et encore, encore….
Tout çà est très malsain pour les Québécois et Québécoises puisque leur confiance dans leur l’État est minée et affecte négativement la paix sociale. Seule, à ce moment-ci, une élection générale permettra de faire la part des choses et de s’entendre non seulement sur la question de l’utilisateur-payeur mais aussi d’éliminer la gangrène qui nous ronge.
Alors que le Parti Libéral veut stimuler le développement économique en réduisant les impôts grâce à l’utilisation accentuée du principe de l’utilisateur-payeur, le Parti Québécois propose de le ralentir ou même de stopper le mouvement. Il veut, entre autres, annuler la contribution santé, suspendre la hausse des frais de scolarité, « réduire certains avantages fiscaux et augmenter l’impôt des plus riches ». Enfin, un vrai débat en perspective sur cette question capitale.
Le plus vite possible serait mieux.
Claude Dupras

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