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D’une démocratie à l’autre

Publié le 13 mai 2012 par Romlor

Dimanche 6 mai, plusieurs rendez-vous électoraux avaient lieu au même moment. Tous étaient révélateurs de l’état du pays dans lequel ils se tenaient. Tous n’ont pas eu la même exemplarité.

Le premier d’entre eux eut bien entendu lieu en France. Sans qu’il soit besoin de faire l’exégèse de ce second tour de la Présidentielle, tant les commentaires ont été nombreux depuis, il faut souligner l’incroyable chance que nous avons de pouvoir bénéficier d’un débat fort, opposant des positions tranchées mais toujours dans un climat républicain et apaisé.

Et pourtant, au même moment, dans une autre grande puissance mondiale, membre du conseil de sécurité de l’ONU, la démocratie n’était que de façade, donnant le spectacle factice d’un Etat de droit qui n’en a que le nom.

Ainsi, en Russie, avait lieu l’investiture officielle du « nouveau » Président de la République, Vladimir Poutine, en remplacement de Dimitri Medvedev qui lui est devenu le « nouveau Premier ministre ». Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev avaient annoncé dès l’automne qu’ils échangeraient leurs postes à l’occasion de la présidentielle de mars, remportée avec près de 64 % des voix. Ce “tandem”, en place depuis 2008, semble, avec cet échange des postes, installé durablement au pouvoir. Cette captation du pouvoir par une oligarchie augure mal pour l’avenir de la Russie.

Toujours au même moment, de manière plus médiatisée, la Grèce procédait à des élections législatives cruciales. Le résultat n’a malheureusement pas surpris. Dans un contexte de forte austérité imposée par l’Union européenne, les résultats ont abouti à l’entrée fracassante au Parlement d’un parti d’extrême droite d’obédience néonazie, Aube dorée (Chryssi Avghi), récoltant 21 sièges sur 300. Dans le même temps, l’extrême gauche a fait une entrée non moins impressionnante en devenant la seconde force politique parlementaire.

Alexis Tsipras, benjamin de la scène politique grecque, est le chef du parti Syriza, l’équivalent de notre Front de Gauche. Émergeant des urnes comme le principal parti d’opposition en Grèce après un triplement de son score par rapport à celui de 2009, face aux partis traditionnels complètement pulvérisés, le Syriza a mené une campagne entièrement opposée aux mesures d’austérité et demandé un arrêt d’une partie du paiement de la dette. Il veut aussi renégocier le plan d’assainissement de l’économie du pays établi avec ses bailleurs de fonds, UE et FMI. Quel avenir pour la Grèce, sans majorité nette, tenaillée entre les extrêmes ?

Trois élections, trois résultats différents, trois marqueurs de la santé démocratique des pays concernés. « Quand je me regarde je me désole, quand je me compare je me console » nous dit le proverbe. Nous n’attachons peut-être pas assez d’attention à ces passations républicaines calmes et régulières, habitués que nous sommes à l’Etat de droit. D’une démocratie à l’autre, ce 6 mai nous rappelle cette chance au-delà de toutes considérations partisanes.


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