Le nouveau Président est élu. Pas encore investi que déjà de multiples défis vont se presser sur l’agenda de François Hollande. Il n’y aura pas d’état de grâce.
Parmi ces défis, certains sont internationaux. La dette publique américaine s’envole à plus de 350 % du PIB. La croissance chinoise s’essouffle et la bulle immobilière, presque trois fois plus grosse qu’elle ne l’était aux Etats-Unis avant la crise des subprimes, menace d’un krach. L’endettement public mondial a cru de 45 % ces quatre dernières années, notamment parce que les États se sont portés au secours des banques.
D’autres, bien plus présents et urgents sont européens. Il s’agit principalement du risque, encore présent, d’éclatement de la zone euro. Le futur gouvernement va être très vite confronté à la crise des dettes publiques qui n’en finit pas. À cause de la crise financière et de leur détention par les marchés financiers, l’augmentation de la plupart de ces dettes dans la zone euro a déchaîné la spéculation contre l’euro et constitue l’argument central des politiques d’austérité.
Dans Le Monde, il y a tout juste une semaine, une cinquantaine d’économistes notaient dans une tribune que « À tout moment, et sous l’effet de la spéculation qui mise d’ores et déjà sur l’éclatement de la zone euro, un risque de défaut (dette publique, une grandes banque européenne) peut survenir. La contagion sera alors immédiate. Or, à la différence de la crise de 2007-2008, les États sont devenus exsangues et, outre une profonde réforme fiscale, ne pourront donc efficacement soutenir les banques et l’activité économique qu’avec une autre intervention de la BCE. Les organismes créés dans l’urgence par l’Union européenne pour faire face à cette crise (Mécanisme européen de stabilité, Fonds européen de stabilité financière) ne feront qu’aggraver la situation, puisque leurs prêts sont conditionnés à la mise en œuvre d’une austérité drastique et à la mise sous tutelle des pays par la sinistre Troïka (Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Conseil européen). »
D’autres voies s’élèvent, parmi les plus emblématiques, pour appeler à une réelle refondation du capitalisme sur des bases plus réelles, plus productives, plus sociales.
En quelques mots, l’ancien chef économiste du Fonds monétaire international, Kenneth Rogoff, résume ainsi la situation de l’économie mondiale : “Les systèmes tiennent souvent plus longtemps qu’on ne le pense, mais ils finissent par s’effondrer beaucoup plus vite qu’on ne l’imagine.” Quant au gouverneur de la Banque d’Angleterre, il affirme que “la prochaine crise risque d’être plus grave que celle de 1930″…
Voilà les réels défis du nouveau Président. Voilà de quoi alimenter ses prochains grands rendez-vous internationaux comme le G8 de Camp David (les 18-19 mai) et le sommet de l’OTAN à Chicago (les [20-21 mai).
Pour illustrer cet article, je ne peux que vous renvoyer à ce très bon dessin de Martin Vidberg