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L’élection présidentielle et le jeu de dominos européens

Publié le 06 mai 2012 par Romlor

Après, la Grèce ce gâchis, l’Espagne ? L’Europe tremble fermement sur ses bases. Cette fois-ci ce n’est plus la Grèce mais l’Espagne qui vacille. Or, si le cas Grec ne représentait que 2 % du PIB européen, l’Espagne pèse pour plus de 11 %.

Les chiffres du désastre s’aggravent chaque jour. Vendredi 27 avril, l’institut espagnol de la statistique a dénombré 5,6 millions d’Espagnols, un quart de la population active, sont sans emploi. Frappé par une crise immobilière majeure, le pays voit aussi son secteur bancaire gravement touché puisque 60 % du portefeuille des banques lié à la construction (184 milliards d’euros) seraient problématiques.

Etrange et effrayant retournement de situation pour un pays qui, hier encore, avait l’une des dettes publiques les plus faibles de la zone euro et des comptes publics en excédent.  Pendant des années, la croissance espagnole était tirée par la construction et les millions d’emplois qu’elle offrait. Aujourd’hui, et pour des années sans doute, le BTP est incapable de fournir à nouveau de l’activité.

Le résultat est la sanction de l’agence de notation Standard & Poor’s, qui vient de reléguer la note du pays à BBB+ – trois crans à peine au-dessus du rang de “junk bonds”, obligations pourries (BB+).

Combien de pays devront-ils risquer de tomber avant une prise de conscience européenne ? Combien de dominos les marchés réussiront-ils à faire tomber avant que la France ne soit elle aussi touchée ? Certains économistes (à l’instar de Marc Fiorentino) prédisent une attaquent des marchés dès demain.

Le remède appliqué à l’Espagne, comme à d’autres Etats, est en effet contre-productif. L’Américain Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie, crie au “suicide économique de la zone euro”. Tous s’accordent à dire que l’orthodoxie budgétaire ne peut être l’unique réponse et que pour réussir, elle doit être soutenue par des mesures à même de relancer l’activité.

Les outils existent. Ils sont monétaires : en permettant aux pays aux abois de se financer à moindre coût, la Banque centrale européenne (BCE) offrirait un soutien souvent mérité. D’autres sont à inventer, au travers des euro-bonds soutenus par un impôt européen dédié.

Dans tous les cas la réponse ne peut être nationale. Elle est forcément européenne et fédérale. Les mois à venir vont être cruciaux car les choix des exécutifs européens pèseront lourd sur les voies d’une sortie de crise possible en Europe. De ce point de vue, l’élection présidentielle française d’aujourd’hui n’est qu’une étape, et surement pas une fin en soi.


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