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Le Dalaï Lama face à Pékin

Publié le 19 mars 2008 par Tibetip

Article publié sur la partie Infos de france2.fr, le 19 mars à 13h46

Tibet: le dalaï lama face à Pékin

- Le dalaï lama à Dharamsala (nord de l'Inde) le 16 mars 2008  - AFP - Manan Vatsyayana  -

Le dalaï lama à Dharamsala (nord de l'Inde) le 16 mars 2008

© AFP - Manan Vatsyayana

Le chef spirituel tibétain veut une reprise du dialogue avec la Chine

"Les deux parties doivent réaliser que nous devons vivre côte à côte. Nous devons nous parler", a déclaré Tenzin Taklha, l'un de ses proches collaborateurs.
"Sa Sainteté est engagée à dialoguer avec les Chinois. Nous devons venir les uns devant les autres et nous parler", a-t-il ajouté.

"Le peuple tibétain éprouve du ressentiment mais ils [les Chinois] peuvent  régler cela. Nous ne demandons pas l'indépendance", a réaffirmé le conseiller. Le dalaï  lama a renoncé depuis longtemps à revendiquer l'indépendance et a choisi une diplomatie dite de la "voie moyenne" consistant à réclamer une large autonomie culturelle pour le Tibet.
Ambivalence
Confronté au plus grand mouvement tibétain depuis deux décennies, le chef spirituel est ambivalent à l'égard de la Chine. Mardi, lors d'une conférence de presse, il affirmait que "Tibétains et Chinois devaient vivre côte-à-côte" et que la Chine "méritait" ses jeux Olympiques. Répondant aux accusations de la Chine, qui l'accuse d'avoir fomenté les troubles, il a estimé qu'il n'avait pas de prise sur les violences. Il a menacé de renoncer à son rôle dirigeant si la situation "devenait hors de contrôle".
Dimanche, il avait dénoncé "le régime de la terreur" chinois au Tibet et estimé qu"un génocide culturel est en train de se dérouler" dans son pays. 


De son côté, la Chine a dit mener "une lutte intense de sang et de feu avec la clique du dalaï lama, une lutte à mort". Dans un discours prononcé mardi, l'homme fort du Tibet, le numéro un du PC local, Zhang Qingli, a qualifié le dalaï lama de "loup enveloppé dans une bure de moine" et de "monstre à face humaine mais au coeur d'animal".


La situation sur place
Les autorités chinoises affirment que 105 personnes impliquées dans les manifestations de vendredi à Lhassa s'étaient rendues mardi soir, a rapporté l'agence Chine Nouvelle. Elles avaient promis mardi la clémence aux manifestants impliqués dans les violences de vendredi s'ils se rendaient avant 23 h (15 h GMT), a précisé l'agence officielle.
Les émeutes dans la capitale du Tibet ont fait 13 morts, vendredi, selon un  bilan officiel. Les Tibétains en exil parlent de 100 morts, voire de centaines de victimes, non seulement au Tibet mais dans d'autres régions où les manifestations s'étaient propagées.
Des groupes pro-tibétains ont fait état mercredi de centaines d'arrestations après les troubles de ces derniers jours au Tibet et dans les régions où vivent des minorités tibétaines. Campagne internationale pour le Tibet évoque, elle, "des centaines d'arrestations" possibles uniquement à Lhassa. Les autorités n'ont fait aucun commentaire sur le sujet.
De leur côté, les journalistes étrangers ne peuvent pas faire leur travail d'information. Il leur est interdit de se rendre dans les zones confirmées. Le Club de la presse étrangère en Chine a fait état mercredi de 30 incidents recensés.
Selon Pékin, les forces de l'ordre n'ont pas tiré vendredi à Lhassa sur les manifestants, dont nombre de moines bouddhistes. Les violences, accompagnées d'incendies et de pillages, ont été commises par des casseurs, affirment les autorités. Selon cette version, les victimes sont des "innocents" tués sauvagement par des "émeutiers tibétains".
Pour montrer la normalisation de la situation, les Chinois ont maintenu le passage de la flamme olympique sur l'Everest, plus haute montagne du monde à la frontière entre le Népal et le Tibet. Un moyen aussi de montrer qu'ils ne craignent pas le boycott des J.O. de Pékin. "Il s'agit seulement d'un petit groupe de personnes et d'organisations qui  appellent à boycotter la cérémonie d'ouverture", a déclaré mercredi le vice-président du comité d'organisation, Jiang Xiaoyu.
Réaction

Le Premier ministre britannique Gordon Brown  s'est déclaré mercredi prêt à rencontrer le dalaï lama, leader spirituel des  Tibétains, lors de sa prochaine visite à Londres, dont la date reste à  déterminer. Il a également indiqué s'être entretenu avec son homologue chinois Wen Jiabao, l'exhortant "à la retenue" et appelant "au dialogue entre les différentes parties".

 

Des touristes décrivent des scènes de lynchage

De jeunes Tibétains déchaînés ont caillassé et battu des Chinois et ont mis le feu à des boutiques, avant que l'armée ne restaure le calme à Lhassa, la capitale du Tibet, ont raconté mardi des touristes qui arrivaient de la région himalayenne. Certains spécialistes évoquent la possibilité de provocateurs parmi eux.
  
"C'était une explosion de colère des Tibétains contre les Chinois et les musulmans", a rapporté John Kenwood, un Canadien de 19 ans qui a décrit des scènes d'une violence extrême. Selon ce récit et ceux d'autres touristes qui sont arrivés mardi par avion à Katmandou, la capitale du Népal, des bandes de jeunes ont battu et roué de coups des Chinois hans, accusés par les Tibétains de détruire leur culture et leur mode de vie par leur arrivée massive dans la région.
  
M. Kenwood affirme ainsi qu'il a vu vendredi quatre ou cinq Tibétains caillasser et frapper "sans pitié" un motocycliste chinois. "Ils ont fini par le mettre à terre, ils l'ont frappé sur la tête avec des pierres jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Je pense que ce jeune homme a été tué", relate-t-il, sans être sûr que la victime soit morte.
Les Tibétains "jetaient des pierres à tous ceux qui leur tombaient sous la main", ajoute M. Kenwood. "Les jeunes agissaient et les vieux les encouragaient en criant, en hurlant  comme des loups. Tous ceux qui avaient une apparence de Chinois étaient attaqués", confirme Claude Balsiger, un touriste suisse de 25 ans. "Ils ont attaqué un vieil homme chinois qui passait sur sa bicyclette. Ils l'ont frappé très violemment sur la tête avec des pierres, de vieux Tibétains sont intervenus pour les arrêter", détaille-t-il.
M. Kenwood a assisté à une scène de sauvetage similaire survenue alors qu'un Chinois demandait grâce à une foule armée de pierres. "Ils lui donnaient des coups de pied dans les côtes, il avait le visage en sang", raconte-t-il. "C'est alors qu'un homme blanc est arrivé (...) et l'a aidé à se relever. Il y avait autour d'eux une foule de Tibétains, pierres à la main; il a gardé le Chinois près de lui, a fait des gestes vers la foule, et ils l'ont laissé emmener le vieil homme en sécurité".

Le Dalaï Lama face à Pékin

 

Boycott des JO : la France est contre

Rama Yade, la secrétaire d'Etat française chargée des Droits de l'homme, a estimé qu'un boycott des JO d'été ne permettrait en rien de régler la situation au Tibet. "La France n'est pas favorable au boycott, cela peut permettre de se donner bonne conscience mais à partir du moment où la communauté internationale a accordé à la Chine l'organisation des Jeux olympiques autant aller jusqu'au bout", a-t-elle dit au micro d'Europe 1 mardi. "Un boycott ne permettra pas de régler le problème du Tibet  ni la question des droits de l'homme en Chine", a-t-elle ajouté. 
Le secrétaire général de RSF, Robert Ménard, a demandé aux chefs d'Etat de boycotter la cérémonie d'ouverture des Jeux  Olympiques de Pékin, afin de protester contre les violations des droits de  l'Homme en Chine et la violente répression au Tibet , mardi sur France Info. "Ce que je demande à (Nicolas Sarkozy), comme à tous les chefs d'Etat et de  gouvernement, c'est de boycotter la cérémonie d'ouverture", a indiqué le  responsable de Reporters sans frontières.
L'organisation américaine Human Rights Watch  (HRW) a appelé mardi les dirigeants de la planète à réfléchir à deux fois avant d'aller à Pékin pour les Jeux olympiques au vu de la situation au Tibet ,  écartant toutefois tout boycott sportif de l'événement. "C'est une chose de ne pas souhaiter un boycott des JO par les athlètes"  mais les représentants des gouvernements étrangers "doivent exiger une  amélioration (des autorités chinoises) avant de s'engager à venir aux Jeux", a  déclaré Kenneth Roth, le chef de HRW lors d'une conférence de presse à Tokyo.

Le Dalaï Lama face à Pékin

 

Carte du Tibet

Le Dalaï Lama face à Pékin

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