(À la mémoire d’Ezzedine Kalaq).
Seuls les yeux étaient ouverts
dans ce visage déchiré par la jument des plaines
le corps avait pris feu
au moment où un enfant s’accrocha au sarment de la vign
pour ne pas quitter la terre
seuls les yeux étaient ouverts
dans le crépuscule des sables
et la main carbonisée restait suspendue
tendue vers l’entrée du ciel
comme pour saluer un ami
au moment où le cavalier repoussait d’un geste l’orage
quittant les pages du manuscrit
pour l’absence et la mort
dans le désert de ce peuple voué à la brisure
Le cavalier s’en alla dans les dunes
cacher son corps et les larmes
l’oiseau de passage dit : Les hommes ne savent plus mourir de béatitude. Les mots tombèrent du haut des minarets en lambeaux de chair. La parole mêlée à la pierre soufflait sur les mouches venues mourir dans la braise de ce visage.
Tahar Ben Jelloun (Né en 1944).
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