Magazine Amérique du nord
Barack Obama n'a pas besoin de l'aide de Bill Clinton Bill Clinton ne fait pas partie du staff de la campagne électorale de Barack Obama mais cela ne l’empêche pas de donner son avis sur tout, même quand il s’agit de saboter la stratégie électorale du candidat démocrate à sa réélection. Alors qu’un clip télévisuel du camp Obama tente de démontrer que Mitt Romney est un capitaliste froid et cruel, Bill Clinton a répondu qu’il n’aimait pas le clip d’Obama et ses attaques contre Romney.
Pire, l’ancien président américain n’a pas hésité à dire que Romney « avait un bilan qui parlait pour lui » en tant qu’hommes d’affaires, ajoutant que le candidat mormon à la présidentielle « avait réussi sa vie professionnelle en plus d’avoir été gouverneur, ce qui le qualifie à postuler à la présidence des Etats-Unis ». Voilà qui coupe l’herbe sous le pied d’Obama qui n’avait pas besoin d’un but marqué contre son camp. Obama et Clinton ne sont pourtant pas ennemis : ils jouent de temps en temps au golf ensemble, ont collecté des fonds de concert dans des soirées de charités et rappelons qu’Hillary, la femme de Bill, est la secrétaire d’état d’Obama.
On se souvient que Bill Clinton avait été particulièrement maladroit lors des primaires démocrates en 2008. Alors qu’au départ, Hillary Clinton était favorite face à Obama, Bill l’avait bien aidé à perdre cette primaire. Il avait ainsi fait une grossière erreur stratégique en la conseillant d’investir massivement en Caroline du sud alors que le staff de la candidate voulait dépenser l’argent de la campagne dans un état beaucoup plus favorable à Hillary. Résultat : elle perdit largement la primaire dans un état à l’électorat noir.
Seconde gaffe de Bill : il déclara après coup, que la victoire d’Obama en Caroline du sud ne valait rien puisque le révérend Jesse Jackson avait aussi remporté la primaire sur place en 84 et 88 sans pourtant remporter l’investiture de son parti. Ce parti pris valu à Bill Clinton d’être traité de « raciste » et jeta une ombre supplémentaire à la candidature de son épouse. Au final, cette écrasante défaite en Caroline du sud fut le tournant de la campagne et Obama commença alors à recevoir les soutiens des poids lourds du parti comme Ted Kennedy et Janet Napolitano.
Certains du côté démocrate pensent que Bill Clinton veut faire perdre Obama et voir sa femme triompher en 2016. Si Bill Clinton est considéré comme un génie de la politique, c’est uniquement lorsqu’il applique sa stratégie à ses fins personnelles et non pour le bien des autres. Le directeur de campagne d’Hillary Clinton en 2008, Patti Solis Doyle, rappelle ainsi : « nous avons utilisé Bill pour lever des fonds. Mais dès que la campagne a démarré, nous souhaitions plutôt qu’il reste à l’écart. » Aujourd’hui, les conseillers d’Obama ne veulent pas autre chose : qu’il aide à récolter de l’argent, qu’il fasse profil bas et profite de la vie, loin de la campagne à venir.
Gilbert Speed