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Sous le signe de la parité

Publié le 06 juin 2012 par Alex75

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Dès l’annonce, il y quelques jours de cela, de la composition du gouvernement Ayrault, tous les commentaires apportés, auront souligné, et en règle générale salué, l’égalité arithmétique la plus parfaite et absolue, entre les femmes et les hommes, dans ce gouvernement. « Parité parfaite », a-t-on entendu en boucle. Ce qui est une note pas nécessairement négative, au premier abord. Mais « Parité en trompe l’oeil », aurait-on aussi envie d’ajouter, pour avant tout un classique souci d’image…

Au début de sa campagne, il y a un an de cela, à l’issue d’un « métingue » à Clichy-la-Garenne, François Hollande avait bien noté les remarques de la presse écrite. « Autour de lui, que des hommes, plutôt d’âge mur, costumes gris, énarques pour la plupart ». « C’est le nouveau cri des Tartuffes de l’époque ». Le sociétal, le sociétal, toujours et encore le sociétal, pour un politique qui aura rétrocédé, au fur et à mesure, l’essentiel de ses prérogatives régaliennes. Hollande a dû en tenir compte. Comme pour lui – après la baisse de 30 % des salaires des membres du gouvernement -, tout est plus que jamais, souci d’image. Bien qu’indéniablement, l’image, le symbole est aussi son importance. Et il d’ailleurs eu, parait-il, tellement de mal à tenir son engagement de parité. Il a mis du temps, mais il a trouvé. « Des femmes comme s’il en pleuvait, pour plaire aux médias, pour faire moderne, progressiste ». Mais avec Sarkozy aussi, tout avait commencé avec la photo de son équipe rapprochée. Et tout avait fini avec Rachida Dati, Rama Yade, Roselyne Bachelot, Valérie Pécresse et Fadela Amara.

« Donnez-moi dix gars décidés et je prends le pari », disait Mitterrand. « A nos chevaux, à nos femmes et à ceux qui les montent », scandaient Chirac et Pasqua, dans leur flamboyante jeunesse. Nos grands fauves politiques sont schizophrènes, et reprennent les éternelles recettes d’antan. Devant l’enthousiasme suscité par la campagne de Mélenchon, Cécile Duflot a lâché : « C’est la nostalgie d’un temps, où il n’y avait pas de femmes en politique, mais il ne faut pas que ça se voit ». Alors Hollande s’entoure de femmes pour les caméras, on passe de la politique à la « commedia dell’ arte », tout en jurant le contraire. En tout cas, sur la photo de famille du premier conseil de ministres, de ce premier gouvernement Ayrault, le symbole est fort.

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Mais cependant, ça n’ a rien de révolutionnaire, ni de si moderne. La vie politique nationale a fait du chemin, depuis trente-cinq ans. La problématique centrale et principale est de se réattribuer des prérogatives, de re-batailler au niveau bruxellois, de négocier dur avec Berlin, d’avoir les convictions, le courage, le programme, mais surtout l’équipe compétente qui va avec. Parfaitement paritaire ou pas. D’ailleurs, sur ce plan, non seulement rien n’est nouveau, mais la chronologie est toujours la même. Souvenons-nous des fameuses « Jupettes », réunies en 1995, autour d’Alain Juppé. Les débuts de mandat d’alors, s’affichaient déjà au féminin. Et puis au fil du temps, elles se font éventuellement plus rares, quand viennent les difficultés et les besoins de professionnels. Auparavant le général de Gaulle qui ne s’embarrassait pas de fioritures, rétorquait à la question « Une femme ministre ? Mais pour un ministère de la couture ». A l’époque déjà, les modernes trouvaient le vieux ringard. Et certes, il était indéniablement un peu.

Mais c’est Giscard dans les années 70, « qui a ouvert le bal des débutantes » (Simone Weil, etc.). Giscard souhaitait alors marquer une rupture, avec les conservatismes gaulliste et pompidolien, par ses prises de position centristes et libertaires (abaissement de la majorité, droit à l’avortement). Mais c’est aussi à partir des années 70, que le pouvoir des politiques s’est affaissé, « qu’on est passé du gouvernement à la gouvernance, que le privé a pris le pas sur le public, la finance sur l’Etat, sans que l’on sache si ce lien n’était autre chose, qu’une simple concomitance » pour citer l’inarrable Eric Zemmour. François Mitterrand aura aussi pris sa part, notamment durant son second mandat, avec Edith Cresson à Matignon, dont le passage ne laissa guère d’impressions (ce qui était dommage d’ailleurs, pour une première expérience de femme premier ministre).

Mais cependant, aujourd’hui encore, les femmes restent étonnamment cantonnées aux ministères sociaux, quand les hommes obtiennent encore l’économie, et la plupart des ministères régaliens. Hollande a fait exception (en imitant Sarkozy), avec la Guyanaise Christiane Taubira à la justice. Manuel Walls, né à Barcelone, mais naturalisé à vingt ans est nommé au gouvernement. De même, Fleur Pèlerin qui est née à Séoul, mais énarque et qui a travaillé jusque là, à la cour des comptes. Cependant, en revanche, « on cherchera vainement le moindre ouvrier dans ce gouvernement »… 

   J. D.


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