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La très politique bourde de Cécile Duflot

Publié le 06 juin 2012 par Spartac

En évoquant la position d'Europe Écologie les Verts (EELV) sur le cannabis, Cécile Duflot embarrasse le gouvernement. Le premier ministre n'a pas tardé à évoquer une position personnelle de la ministre, et non la position du gouvernement. Quant à l'UMP, ceux-ci se sont hâtés de profiter de la polémique créée pour la faire enfler, sur la thématique classique d'une gauche laxiste et permissive.

Cécile Duflot offre au PS un débat dispensable, alors que le premier tour des législatives se déroulera dimanche. Mais en évoquant la question du cannabis, la ministre du logement joue un jeu politique, certes pas très subtil, mais capital pour son mouvement politique.
En effet, EELV avec Eva Joly n'a pas eu un score faramineux à la présidentielle, avec pour conséquence seulement deux maroquins, et notamment Jean-Vincent Placé à la porte du gouvernement. Un accord avec les socialistes a bien été conclu pour les législatives, mais celui-ci ne leur donne que peu de circonscriptions gagnables. Et dans certaines, on y retrouve des candidatures dissidentes, comme dans l'Eure où Anne Mansouret se présente contre la candidature officielle, et surtout à Lyon, où le candidat officiellement investi Philippe Meirieu fait face à Thierry Braillard soutenu avec assiduité par le maire de Lyon Gérard Collomb. Cécile Duflot elle même, dans sa circonscription, a d'abord été menacée par Danielle Hoffman-Rispal députée sortante, avant la constitution d'un tandem où celle-ci devenait sa suppléante, tandis que Cécile Duflot entrait au gouvernement.La campagne législative d'EELV, en vue de constituer un groupe parlementaire, n'est pas aisée, face a un PS espérant la majorité absolue en solo, possibilité bien réelle, mais non garantie. Les projections en sièges d'EELV varient de 17 a 23 avec une surévaluation possible. Sachant que le nombre minimum pour la constitution d'un groupe parlementaire est de 15 députés, EELV dispose d'une marge de manœuvre étroite.Aussi, une semaine avant les législatives, il s'agit de mobiliser, face au risque d'une importante abstention. Pour cela, Cécile Duflot oublie donc un temps ses habits de ministre, pour redevenir chef de parti, et lancer la thématique sur le cannabis, avec arrières pensées. Car, si dans une élection promise à l'abstention, les sympathisants PS seront soucieux de donner une majorité au nouveau président, la démobilisation guette pour les autres. Jean-Luc Mélenchon en médiatisant son combat face à Marine le Pen redonne un enjeu national au Front de Gauche, quand les autres sont à la peine.EELV devait faire de même, pour mobiliser un peu plus son électorat. La légalisation du cannabis est un thème porteur sur un électorat jeune, réputé plus volatile. Caricaturé bobo, l'électorat EELV se retrouve également dans les universités, étudiants pour qui le mois de juin est souvent une période de décontraction post examens avant les jobs d'été, et un facteur supplémentaire de démobilisation. Aussi, sans délicatesse, ce qui n'est d'ailleurs pas la marque de fabrique de Cécile Duflot, celle-ci sciemment parle de cannabis, dans un calcul politique, quitte a embarrasser le PS.Car celui-ci, avec des pensées hégémoniques, ne souhaite guère se préoccuper de son allié si faible. Un allié qui pèse moins de 3% aux présidentielles, et dont les accords électoraux ne sont pas respectés à la lettre, avec des dissidences qui pourraient peser. Un allié qui, s'il n'avait pas de groupe parlementaire, ne serait guère encombrant, et dont la majorité n'aurait pas à trop se préoccuper. Surtout si d'un autre coté, un envahissant Jean-Luc Melenchon entrait a l'assemblée.Avec un scrutin qui se rapproche, Cécile Duflot a raison de lancer une telle polémique, qui peut lui apporter quelques voix pouvant être utiles, au moment du décompte final. Sans trop de risques pour la victoire prévisible de la gauche, tellement l'UMP affiche de divisions à l'approche du premier tour.Ambitieuse et dotée de sens politique, Cécile Duflot montre qu'elle n'est pas le mouton docile, que représentait une Dominique Voynet dans le gouvernement Jospin. Sous des atours d'indolence apparente, celle-ci essaye de faire une place à son mouvement, en avançant ses thématiques, consciente de l'importance des enjeux a venir. Capter l'électorat jeune par des idées libérales sur les mœurs, et montrer aux socialistes que le mouvement n'est pas un satellite assujetti. C'est l'enjeu d'EELV pour ne pas être condamné à des oscillations permanentes, entre score à deux chiffres aux européennes, et ratés aux autres échéances.

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