Bonjour les demoiselles et damoiseaux.
Cela n’a pu vous échapper, Carrefour nous matraque en ce moment avec sa soit-disant exclusivité exclusive revolutionnaire qui va tout bouleverser : Les Cosmétiques Design Paris. Affichage, presse, web, le plan média mis en place est de grande envergure, et nos supermarchés sont prêts à se transformer en Sephora bas de gamme. Etudions un peu tout cela de plus prêt…
• 1 / Un nom ridicule
Je m’appelle Carrefour, je suis connu pour vendre des salades et du Coca. Je cherche aujourd’hui à choper une part de marché sur le terrain prisé et Ô combien juteux des cosmétiques. Plutôt que de continuer à vendre du Bourgeois dans mes rayons, sur lequel ma marge est probablement trop faible, et comme je ne pourrais jamais vendre du Chanel, et bien, je vais créer ma propre marque.
Sauf que Madame Michu, la ménagère qui pousse son Caddie, et bien elle a pas envie de se tartiner du carrefour sur le visage. Elle mange des pâtes premier prix, mais garde un petit plaisir à s’appliquer une marque plus glamour sur son visage. Il ne faut pas tout enlever à Madame Michu. Alors on va trouver un nom qui sonne bien, tendance, hype, dans l’air du temps, et qui va la faire rêver : attention les yeux…. roulements de tambour : Cosmétiques Design Paris.
Une agence de communication a surement été payé pour brainstormer des nuits entière là-dessus et voici le résultat. On ne peut quand même pas écarter Carrefour du nom final, alors on signifiera juste : en exclusivité chez Carrefour. Ca nous donne un air supérieur : nananèèèèère, on est les seuls à avoir cette marque incroyable, et toc!
Cosmétiques : oui bon, ce sont des cosmétiques. au moins on est sur de pas acheter du Nutella.
Design : mot qui ne veut rien dire. Cette table est design, cet ordinateur est design, tout est design. Le design, c’est de la conception et non une tendance, ou un courant artistique. Bref, ça fait bien, ça ne veut rien dire, Madame Michu va être bluffée.
Paris : la ville lumière. Toute les marques chic viennent de Paris. Et bien les cosmétiques Carrefour aussi. Non mais. C’est un nom public après tout, on va pas se priver. C’est mieux que Evry, là où se situe notre siège social.
•2 / Je copie la charte de mon principal concurrent
Maintenant que le nom trouvé déchire, il faut en mettre plein la vue visuellement. Comme dans toutes ces pubs de shampoings ou les cheveux brillent tellement qu’ils font fuir tous les oiseaux alentour. Qui est aujourd’hui le distributeur de cosmétiques le plus attrayant du moment ? Séphora.
Bon et bien c’est simple, on va faire comme eux. Concurrence direct, paf, dans les dents. On fout un fond noir, une typographie similaire, et un code barre qui rappelle étrangement les petites bandes blanches de Séphora. Madame Michu est tellement conne qu’elle s’imaginera peut-être acheter des produits Séphora avec sa viande hachée. Bingo Jackpot, ni vu ni connu je t’embrouille, sans risque d’être poursuivi en justice.
•3 / Je propose une gamme ultra complète pour être sur de bien niquer tout le monde
Il faut à tout prix brasser tous les secteurs. C’est une vraie offre complète qu’on veut offrir aux consommateurs et surtout toucher la cible la plus large.
Alors on crée une division Pro (pour les professionnels ? Les coiffeurs vont se fournir chez Carrefour eux aussi ?)
Une division “j’aime la nature” avec Nectar of Nature. Dans les jus de fruits, le Nectar est le pire de tous, à base de sucre et de jus ultra concentré. Peut-être cette cellule porte-t-elle bien son nom ? Toujours est-il que ça permet de grapiller un peu le terrain de Garnier, et ça c’est cool. Pourtant je vends du Garnier en rayon, mais non, la marge est moins importante.
Une division “mais non tu n’es pas vieille”. Il reste le secteur de la science, genre chez Carrefour, y’a des tas de gens en blouse blanche qui cherchent la mollécule du futur. Comme chez Roc et L’Oréal quoi. On va appeller ça Hydra Science. Tu t’hydrates grâce aux mathématiques.
•4 / Je casse les prix
Bah oui sinon c’est pas drôle. Je veux marquer un grand coup, je payerais au SMIC les mecs en blouses blanches de mon faux labo. Au pire j’augmenterais les tarifs de la viande pour compenser.
Et voilà, le tour est joué. je vous laisse néanmoins découvrir la philosophie de la marque, les équipes tout ça tout ça, par ici.
Je n’ai pas testé les produits, ca ne me donne pas trop trop envie pour le moment, vous l’aurez compris. Ma compatriote Angie s’est lancée dans le test du vernis et semble plutôt contente. Vous pouvez découvrir ça ici.
Et vous, qu’est-ce que tout cela vous inspire ?
Bises,
Vic.
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