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Patricia Laranco.

Par Ananda

LES POEMES MORTS

Je les regarde : ils sont figés,

imprimés

solennellement

sur la page de la revue

ou du recueil,

je les relis.

Ils m’échappent…

je ne peux plus

les modifier,

ils sont finis.

Ils sont morts

et c’est le dégoût

qui s’insinue

dans ma psyché,

une sorte de goût amer,

goût de fin,

de page tournée

qui gonfle ma poitrine d’un

soupir, et mes yeux

se détournent.

Je ne peux pas expliquer ça,

ce désespoir

qui me saisit

à les voir ainsi, désormais

cloués sur le papier sérieux,

sur le papier définitif,

affichant avec vanité

caractères

d’imprimerie.

Cloués

dans leur imperfection.

Je m’en détourne

avec dédain,

qu’ont-ils encore à voir avec

cette fièvre de création

embrasant chacun de

mes jours ?

Plutôt que de les contempler,

je n’ai qu’une hâte : les fuir

pour m’en retourner marauder

dans mes chimères, mes tourments.

Ce qui m’intéresse à tout coup

c’est le texte encore en chantier,

celui qui, sous mes doigts, s’écrit

fourmillant d’hésitations,

marbré de quêtes

frémissantes.

C’est le poème encore bien

vivant

qui bouge et qui va vers

et qui scarifie le papier

de l’urgence de son élan.

C’est le poème haletant

qui se rue

vers sa destinée,

qui sans discontinuer jaillit

spontané, fébrile et brouillon,

touffu tel un buisson, tel un

trop-plein d’énergie pantelante !

Patricia Laranco

le 15/08/2006.


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