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Bouquins

Publié le 11 juin 2012 par Toulouseweb
Bouquins** Eternel DC-3. Gilles Bordes-Pagès, directeur des relations stratégiques d’Air France, mais aussi pilote de 777, figure parmi les spécialistes les plus écoutés du transport aérien. On sait de lui qu’il est inquiet à propos du devenir de sa compagnie (il l’a avoué lors d’un récent colloque de l’Académie de l’air et de l’espace) mais, en revanche, nous ignorions qu’il est aussi un photographe de grand talent. Ce qu’il nous révèle avec la parution d’un fort bel ouvrage, « Au-dessus de la France en DC-3, avion de légende (Nouvelles Editions de l’Université, Paris 15e). Les textes sont de Jacques Lumbroso, Michel Polacco a signé la préface.
Le DC-3 qui occupe ces pages, en réalité un C-47A qui arbore fièrement les anciennes couleurs 1950 d’Air France, a (évidemment) toute une histoire. Il a été construit en Californie en 1943, a été convoyé peu après en Angleterre et, dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, a remorqué un planeur de débarquement qu’il a largué au-dessus de Sainte-Mère-L’Eglise. Il a ensuite participé à d’autres opérations, à commencer par le débarquement en Provence et, à la fin des hostilités, il a été aménagé en avion civil par Scottish Aviation, à Prestwick. Ce qui ne l’a pas empêché d’être réquisitionné par la Royal Air Force pour effectuer une cinquantaine de missions pendant le blocus de Berlin de 1948. Ce beau parcours ne s’arrête pas là : cet avion déjà chargé d’histoire e été acheté en 1952 par l’armée de l’Air française, a transporté le général de Gaulle, François Mitterrand ministre de l’Intérieur, Michel Debré Premier ministre, etc. Après un passage en Centrafrique, il a fait avion cargo pour enfin aboutir dans le giron de l’association France DC-3, soutenue par Air Inter puis, après quelques épisodes intermédiaires, a abouti à son statut actuel, grâce à un groupe de passionnés d’Air France.
Le voici immortalisé, photographié sous tous les angles imaginables, par les focales courtes du Nikon de Gilles Pages-Bordès. Le résultat est exceptionnel, et bien servi par une impression de qualité. Accessoirement, si l’on ose dire, il s’agit aussi de la France vue du ciel, incroyablement belle et variée. Magnifique !
** Jean Sarrail, enfin ! C’est un grand de l’aviation française, des essais en vol, acteur et témoin de moments importants, à commencer par la saga des prototypes Leduc à tuyère thermopropulsive. Nous avons eu l’occasion de gentiment reprocher à Jean Sarrail sa trop grande discrétion, une «regrettable» modestie, son parcours méritant d’être conté au bénéfice des passionnés et des historiens de l’avenir. C’est finalement Bernard Bacquié, qui fit une belle et grande carrière chez Air France, qui a convaincu notre homme d’évoquer ses souvenirs. D’où un ouvrage très dense, aux Editions Latérales, bien servi par une iconographie riche en documents inédits.
Après le Dewoitine D 520 à Francazal, la drôle de guerre, l’Afrique du Nord, s’est ouverte la période passionnante du CEV de Brétigny. On croise dans ces pages d’autres pilotes de légende, dont certains ont choisi, eux aussi, le profil bas, des prototypes qui ont illustré le savoir-faire retrouvé des bureaux d’études français mais n’en sont pas moins tombés dans l’oubli (Arsenal VG 90, Nord 2200, NC 1071 et 1080, Triton, Espadon) et, bien sûr, le «tuyau de poêle». Chaque vol est un exploit, le programme est marqué par des moments épiques, à commencer par «le crash monumental» du Leduc 010 n°02, quatorzième accident du pilote. De sacrément bonnes pages.
** Galan encyclopédiste. Plus jeune que Jean Sarrail, Robert Galan, lui aussi, a accompli un parcours très riche de pilote d’essais. Mais, contrairement à son aîné, il s’est ensuite découvert une vocation d’auteur et, fort de ses écrits antérieurs, bien accueillis, il n’a plus peur de rien. D’où les 680 et quelques pages d’une encyclopédie, dite de poche, intitulée «Si l’Aviation vous était contée» (Editions Privat, préface de Catherine Maunoury). C’est bien fait, même si on est en droit de s’interroger sur le bien-fondé de cette formule : petits dessins de l’auteur mais absence de photos et, bien sûr, des lecteurs qui resteront sur leur faim parce que tout est trop court: qui trop embrasse mal étreint.
** Sur la Toile. Il faudrait que nous nous décidions à franchir le Rubicon, à évoquer de temps à autre les bonnes lectures que l’on peut croiser sur Internet. Il y a pléthore, certes, tout et n’importe quoi, mais aussi quelques pépites qui s’éloignent utilement des chemins battus. Citons-en un premier exemple, AeroMed, qu’anime de longue date le docteur Simone-Marie Becco (aeromed.fr). Les papiers qu’elle réunit patiemment sont originaux, instructifs, très variés. Ce mois-ci, par exemple, on y trouve un hommage de qualité à Henri Perrier, l’évocation (c’est un feuilleton) des aventures de Bernard Ziegler («Ziegl’Air»), un article de Gilles Collaveri, spécialiste du crash oublié, qui chasse patiemment les débris d’avions enfouis sous des décennies d’histoire ou encore une belle évocation du Vautour. On ne lit pas cela ailleurs, bravo !
Pierre Sparaco - AeroMorning

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