Faits-divers
UNE MANIFESTATION DIGNE
Par
Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret
Ils se sont réunis une nouvelle fois, comme presque tous les samedi depuis le 6 mai (voir notre article : " Noisy-le-Sec : Marche blanche en hommage à Amine Bentounsi ") , réclamant " Justice pour Amine ", en mémoire à ce jeune multirécidiviste de 29 ans mortellement blessé par balle par un fonctionnaire de police nationale le 21 avril dernier sur le territoire de notre commune de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis).
Au fil des semaines, le cortège s'est amenuisé. Hier, il n'étaient plus qu'une quarantaine autour d'Amal, la soeur du jeune homme décédé, dont le combat est aujourd'hui de réhabiliter la mémoire de son frère disparu. Et que justice lui soit rendue. Sur la place Jeanne d'Arc, quelques personnes distribue un tract pour expliquer l'objet de cette manifestation.
Rappel des faits selon la famille
Ce tract débute par un rappel des faits selon la famille Bentounsi en ces termes :
" Dans la soirée du 21 avril 2012 à 20h30, M. Amine Bentounsi sort d'un café où il venait de boire un verre, il discute avec deux amis. Une patrouille de police, suite à un appel anonyme précisant qu'Amine se trouvait sur place, se dirige vers le groupe pour procéder à un contrôle d'identité. Amine se soustrait à ce contrôle [NDLR : Le jeune homme, incarcéré à Chateaudun pour braquage avec séquestration, n'a pas réintégré le centre de détention après une permission. Il fait donc l'objet d'un mandat d'arrêt depuis l'été 2010] et prend la fuite. pendant sa course, il se débarrasse de son blouson et de son ceinturon et d'une soit-disant grenade qu'il aurait jetée dans un buisson en même temps que ces affaires
Toujours selon ce tract : " Les trois policiers sont à la poursuite d'Amine Bentounsi, dont un qui ramasse ses affaires pendant la [poursuite]. Un quatrième policier, resté dans la voiture, décide de sa propre initiative et sans l'accord de son chef, de contourner la rue en voiture seul sans ses collègues [NDLR : L'objectif du fonctionnaire étant sans doute de prendre en tenaille le fugitif]. Il se lance à la poursuite d'Amine. Il parvient à le rattraper et décide de sortir son arme. Il tire quatre balles dont la quatrième atteindra Amine dans le dos. Ce policier, entendu par l' IGS [NDLR : Dès le soir-même sur les lieux du drame pour l'avoir vu], affirme avoir tué Amine car il s'est senti en danger. "
Des manifestations calmes
Le petit groupe effectue son trajet habituel. Départ de la place Jeanne d'Arc, passage par le lieu du drame angle Frépillon/Auffray avec prise de parole, puis se rend devant le commissariat de Noisy-le-Sec (Photo 1 ci-dessous) avec banderoles et revendications, " Justice pour Amine " étant le slogan conducteur.
Car, même si nous ne les avons pas toutes évoquées sur nos pages, j'ai observé tous ces rassemblements hebdomadaires. Et alors que toutes ces manifestations s'étaient déroulées dans le calme, dont on peut souligner l'exemplaire dignité des participants, le rassemblement de la semaine passée, samedi 2 juin, avait été un peu plus houleux : Alors que la jeune femme exposait calmement ses interrogations dans un mégaphone devant le commissariat et que les manifestants n'avaient aucune attitude provocatrice, un fonctionnaire de police a déclenché un incident fort regrettable (Vidéo ci-dessous à partir de 3'28). Ce fonctionnaire a-t-il perdu son sang-froid ou bien a-t-il agi sur ordre ? La vidéo a été captée par un des participants.
La manifestation d'hier allait-elle pouvoir se conclure sereinement ? Le commissariat est placé sous protection de policiers dont certains ont déjà sorti les boucliers (Photo 2 ci dessous). Désormais traditionnel, mais nettement moins "bunkérisé" que les semaines passées, comme en témoigne la photo 3 ci-dessous, prise en mai dernier.
Toujours dans le cadre de la provocation, et alors que j'attendais tranquillement l'arrivée des manifestants à une centaine de mètres du commissariat dont je venais de prendre la photo 2 ci-dessus, un des fonctionnaires de police en civil, après m'avoir longuement observé tout en faisant mine de téléphoner, ordinateur portable en bandoulière, se sera planté devant moi, pour me photographier en gros plan d'une façon très provocante avec son téléphone portable, sans même avoir décliné sa qualité, m'invectivant par ces seuls propos " Moi aussi j'aime bien savoir à qui j'ai affaire ! ". Et moi de penser " pauvre c.., t'avais qu'à me demander. Je t'aurais répondu ".
La Gendarmerie nationale devrait remplacer la police
Dans cette affaire, il y a bien deux parties qui s'opposent : La famille Bentounsi et la police nationale. Demander à cette dernière de " s'auto-protéger " est pour le moins surprenant. Sans doute notre nouveau ministre de l'Intérieur serait-il bien inspiré d'envoyer une administration " neutre " pour sécuriser le commissariat de police nationale lors de ces manifestations. D'ailleurs, les rares fois où la Gendarmerie intervient sur notre territoire, elle est bien plus discrète et surtout moins provocatrice.
Beaucoup de questions
Cette observation posée, le petit cortège se présente donc devant le commissariat. Amale Bentounsi formule à nouveau ses interrogations par mégaphone interposé (Photo 4 ci-dessous), et rappelle que " dans cette affaire c'est elle la victime ", sans doute pour rappeler aux policiers qu'il ne faut pas d'incident comme la semaine passée. Mais surtout, Amal Bentounsi s'interroge : " Qu'en est-il du coup de fil anonyme ? " ; " Comment les policiers qui sont intervenus ont-ils eu l'information si la radio du véhicule ne fonctionnait pas ? " ; " Ces mêmes policiers savaient-ils qu'il s'agissait d'Amine Bentounsi et si oui, pourquoi ne pas avoir fait appel à un service spécialisé de type BRI ? " ; " Pourquoi le policier incriminé s'est-il lancé seul à la poursuite d'Amine ? " ; " Pourquoi quatre tirs du policiers ? "; " Pourquoi la famille n'a-t-elle été prévenue que 24h après les faits ? "
Mais surtout ce qu'Amal Bentounsi a du mal a comprendre est l'attitude des fonctionnaires de police. Certes, elle en veut et attend des réponses du policier impliqué, mais au delà, s'interroge sur le soutien de ses collègues " qui n'ont eu cesse de manifester leur soutien envers ce fonctionnairealors qu'il est poursuivi pour homicide volontaire et que la version du policier est mise à mal par l'autopsie et un témoignage direct ".
Amal Bentounsi ne se sent pas en sécurité
Et elle l'a clamé fort samedi soir. Pressions ? Menaces ? Inquiétudes justifiées ou simple sentiment ? Cette frêle jeune femme est inquiète pour sa propre sécurité. Et " elle n'a pas l'intention de se suicider ".
Après une petite demi-heure de revendications et de questions, la manifestation repart comme elle était venue : Tranquillement... et sous escorte policière.
La famille Bentounsi a déposé plainte et est à la recherche de témoignages le jour des faits. Elle invite toute personne qui aurait aperçu toute ou partie de la scène à se manifester par le biais du site " Justice pour Amine Bentounsi ".
Prochaine manifestation le 16 juin à partir de 19h30 place Jeanne d'Arc à Noisy-le-Sec.
Auteur : Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret
© 10 juin 2012 - JENB Productions - Noisy-le-Sec
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