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Rapacité pokérique

Publié le 11 juin 2012 par Alain Dubois

VautourLe poker en ligne sur EspaceJeux souffre d’un trafic plus qu’insuffisant. Quatre explications apparaissent en premier plan : (1) un marché surévalué, (2) un environnement de jeu non compétitif, (3) l’arrogance des snobs du poker, et peut-être surtout (4) trop de vautours du poker, c’est-à-dire des joueurs qui n’aiment pas le poker ou qui n’y sont pas vraiment bons, mais qui comptent sur des logiciels d’aide à la décision pour acquérir un avantage sur le joueur récréatif. Le modèle québécois l'illustre bien : Pour empêcher le développement d’une persistance à jouer chez le joueur récréatif, le meilleur cocktail est certainement le vampirisme des vautours et le triomphalisme des snobs.

En réplique au texte concernant l’interlocuteur d’Akakakir, sebasdess (commentaire 29) nous présente une définition limitée du datamining qui colle aux grands rêves des vautours, mais qui est irréaliste dans le cadre d’un site étatique. Véritable pièce d’anthologie du genre, sa conclusion s’effoire dans un niaisage de définition :

À ce moment, l'historique n'est pas celle de vos adversaires, mais VOTRE historique, contre vos adversaires.

En ergonomie cognitive, une aide à la décision consiste en tout processus de gestion de l’information qui permet à une personne d’utiliser une information qu’elle n’aurait pas pu percevoir, colliger ou organiser sans cette aide. C’est ce que fait le logiciel Holdem Manager, et de manière décuplée quand on y implante NoteCaddy ou autres utilitaires similaires. Voyez notamment ces vidéos, diffusés par PokerCollectif, concernant HEM2 et NoteCaddy (partie 1 & partie 2).

Lorsque les premiers signes d’une récession du poker en ligne ont commencé à paraître en 2009, plusieurs gestionnaires de réseaux offshores ont proposé l’implantation de mesures contre l’action nocive que les vautours exercent à l’encontre du développement d’une clientèle récréative, en particulier l’interdiction des logiciels de parties tierces (third-party). Jusqu’à présent, les demi-mesures adoptées n’ont pas été accompagnées par une relance du marché, et le marché décroît ou stagne. Dans ce contexte, les pressions vont probablement devoir augmenter encore pour des limitations logicielles plus contraignantes. On comprendra alors pourquoi des vautours vivent d’espoir de conserver archaïques des niches plus locales.

Ou bien EspaceJeux s’en tient précisément à ce qui est écrit dans la documentation fournie aux joueurs (en ce sens, le FAQ n’est pas dissociable des règlements), ou bien EspaceJeux continuera de ressembler à un site spolié par des parasites qui s’affirment au sommet d’une chaîne alimentaire. Dans le monde réel, il n’y a pas un écosystème dont la pérennité est générée ainsi.

Autre possibilité moins radicale : intégrer des fonctions d'aide à la décision (les seules permises) dans le logiciel fourni par EspaceJeux dans une perspective similaire à celle qui a été proposée dans le mémoire de l'INSPQ adressé au ministre des Finances (page 40). (Désolé, le lien de l'INSPQ sera rétabli sous peu, espérons-le. En attendant, voici le document).
Photo : Béotien lambda


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