La semaine dernière a été assez mouvementée.
Comme je vous l’ai dit, j’ai donné une conférence au Forum PHP (plus une mini-conférence). Mais en fait, j’ai plein de choses à raconter. Commençons par le commencement.
J’ai rencontré Rasmus
(Frédéric dirait «J’ai rencontré Dieu»)
Lundi dernier, Epitech organisait le PHP Day, une suite de conférences dédiées au PHP, qui se terminait avec une présentation faite par Rasmus Lerdorf, le créateur de ce langage.
C’est la première fois que je rencontrais le bonhomme. Et pour tout vous dire, Rasmus, il est super cool. Il a une approche très pragmatique des choses. Pour lui, l’informatique est un outil, pas une fin en soi ; créer des outils comme le PHP est quelque chose de très intéressant, mais ça ne doit pas cacher la vraie finalité : créer des sites novateurs. Et il donne un exemple avec le projet Sahana, dont le but est d’aider le travail des organisations humanitaires en cas de catastrophes naturelles. Sa conclusion est simple : « PHP saves lives! ». À partir de là, le reste a finalement peu d’importance.
Certains étudiants lui ont posé des questions, et j’ai beaucoup apprécié ses réponses.
Concernant la “menace” que Ruby et Python font peser sur le PHP, Rasmus est très tranquille. D’un côté, il explique qu’il n’a aucun problème, qu’il s’entend très bien avec les gens qui travaillent sur ces langages, qu’il mange avec eux régulièrement lors des conventions open-source ; tous les langages rencontrent globalement les mêmes problèmes, et ils communiquent entre eux sur le meilleur moyen de les résoudre ; ceux qui déclenchent des guerres de tranchées, ce sont les utilisateurs des langages, pas leurs concepteurs.
Plus tôt dans sa conférence, Rasmus avait fait remarquer que PHP est utilisé par Facebook, Wikipedia, Yahoo!, WordPress, la majorité des blogs de la planète, la majorité des forums, la plupart des sites asiatiques, et la quasi-totalité des sites pornographiques. En toute simplicité, il expliquait que PHP représente le langage le plus utilisé, et cela grâce aux efforts qui ont été fait pour permettre à PHP de s’intégrer le mieux possible aux plates-formes des hébergeurs, et pour permettre au langage de s’interfacer avec toutes les technologie actuelles ayant un semblant d’importance.
Il lui a été aussi demandé quel framework il préférait. C’était intéressant, parce qu’il est notoire que Rasmus n’aime pas particulièrement les frameworks, qui sont pour lui d’inutiles consommateurs de ressources. En fait, il n’aime pas non plus les moteurs de templates, argumentant que PHP est lui-même un moteur de templates.
Et là, il a simplement expliqué qu’un framework traditionnel, capable de tout faire, ne peut rien faire à la perfection. Et qu’il valait mieux utiliser un outil adapté au besoin (se baser sur WordPress pour les besoins de type blog, sur Drupal pour faire un CMS, etc.).
Tout cela dans une bonne humeur et une décontraction franchement agréable.
Après la conférence, un barbecue était organisé dans la cour d’Epitech. Je me suis assis à côté de Rasmus et j’ai commencé à discuter avec lui. Et là, comme ça, en mangeant nos merguez, alors que je ne suis personne, on a eu une discussion très intéressante sur l’héritage multiple et les traits (un de mes sujets favoris).
Le lendemain matin, Rasmus a donné la même conférence en ouverture du Forum PHP. Comme il y abordait un élément recoupant la conférence que j’allais donner le jour d’après, j’en ai discuté un peu avec lui. Encore une fois, il était intéressant et ouvert, il me posait des questions sur les conclusions de mes propres benchmarks, me faisait des suggestions.
Bref, c’est un grand monsieur. Si vous pouvez aller à l’une de ses conférences, n’hésitez pas, vous passerez un bon moment.
Le Forum PHP
Par le passé, je n’étais allé qu’une seule fois au Forum PHP. C’était en 2009, et j’y avais présenté le projet FineFS. J’en avais gardé un bon souvenir ; j’y avais fait quelques rencontres de qualité, et même si quelques rares conférences m’avaient semblées un ton en-dessous des autres, l’ensemble donnait une très bonne impression de professionnalisme.
Cette année, les choses sont un peu différente. J’ai mis un pied dans l’AFUP, l’association organisatrice, et j’ai proposé une conférence qui a été retenue. J’ai donc été amené à voir un peu l’envers du décor.
Prenons les choses dans l’ordre. Le Forum PHP, c’est :
- Des conférences très intéressantes. Je vous invite à télécharger toutes les présentations qui sont disponibles. Celles auxquelles j’ai pu assister avaient toutes un niveau élevé.
- L’occasion de revoir des gens sympas et intelligents, et d’en rencontrer de nouveaux. Rasmus, Xavier, Jean-Marc, Raphaëlle, Elisabeth, Christophe, Frédéric, Ivan, Julien, Gérald, Patrick, Pierrick, Armel, Cyril, Sébastien, Bastien, (et tous ceux que j’oublie !)… ces deux jours n’auraient pas été aussi agréables sans toutes les discussions que j’ai eu avec eux.
Sincèrement, il était difficile d’estimer la valeur des personnes présentes, mais c’était particulièrement plaisant. Trouvez-moi un autre occasion pour déjeuner avec des gars qui connaissent les entrailles de PHP, de dîner avec un autre créateur de framework, de manger des cacahuètes avec deux anciens camarades de promo créateurs d’entreprises, de se taper des crises de rire avec d’autres membres de l’AFUP… et tout ça en moins de 36 heures.
Le Forum PHP, vous viendrez pour ses conférences, vous reviendrez pour ses participants ! :-)
Mes conférences
J’ai donc donné deux conférences. Mardi dernier, j’ai participé aux « lightning talks », nouveau format qui voyait passer plusieurs conférenciers, chacun ayant 4 minutes pour présenter un sujet de son choix. Ça commençait d’ailleurs très fort avec la présentation de HipHop par Guillaume Plessis. Pour ma part, j’ai présenté un court sous-ensemble de ma conférence « De geek à directeur technique », la partie dédiée à l’organisation personnelle.
Contrairement à d’autres conférenciers qui ont allègrement dépassé le temps imparti, j’ai tenu le délai de 4 minutes. J’espère avoir transmis des choses intéressantes aux personnes présentes dans l’assistance. Sur le moment, je n’ai pas vraiment apprécié ma performance. Je pense que c’est à cause de détails qui occupaient mon esprit (pas de télécommande, micros attachés au pupitre, du mal à suivre la présentation sur l’écran d’ordinateur), mais le résultat est que j’ai été hésitant, j’ai bafouillé un peu. Bon, en 4 minutes, ça s’est globalement bien déroulé.
Voici le contenu de ma mini-conférence :
Mercredi après-midi, j’ai donné ma conférence « Démons en PHP, de inetd à ZeroMQ ».
Comme je le disais récemment, il s’agissait de ma première conférence devant un public de professionnels ; j’ai déjà donné pas mal de conférences en écoles d’ingénieur et en universités, mais jamais devant des professionnels accomplis. Dans le public, je pouvais pointer du doigt une demi-douzaine de personnes qui auraient pu relever la moindre erreur technique ; ça met un peu la pression.
J’ai en tête d’écrire un article concernant la manière dont je prépare mes conférences. Sachez juste que j’ai passé beaucoup de temps, dans les semaines qui précédaient, à relire ma présentation encore et encore, pour que ça se passe de la manière la plus fluide possible. Je connaissais mes 116 slides sur le bout des doigts, quasiment par cœur. J’avais aussi amené ma télécommande, et j’ai demandé un micro que je pouvais tenir en main ; cela m’a permis d’être « mobile », de bouger sur scène au fil de ma présentation.
Tout cela conjugué fait que je me suis senti très bien durant ma conférence. Je l’ai commencée sur un rythme un peu trop rapide, parce que j’avais peur de ne pas tenir le délai. Mais j’ai ensuite levé le pied, et sincèrement tout s’est passé comme un charme. En fait, ça semblait trop beau pour être vrai. À un moment, j’ai même pris 2 secondes pour regarder l’assistance et faire une micro-introspection ; tout allait bien, je me sentais parfaitement à ma place, tout était sous contrôle.
Voici le contenu de ma conférence :
À la fin de la conférence, j’étais très heureux de ma prestation. Mais je me sentais aussi comme un boxer après un match ; j’étais crevé et j’avais mal à la tête, et ça a duré pendant encore quelques heures.
Le bilan sentimental
J’avoue avoir été particulièrement touché par plusieurs personnes qui sont venues me féliciter pour la qualité de ma conférence : Armel Fauveau (créateur et premier président de l’AFUP), Julien Pauli et quelques autres. Ça fait très très chaud au cœur.
J’ai aussi apprécié que Frédéric cite nos échanges maintenant légendaires concernant les tests unitaires, durant sa première conférence, et qu’il reconnaisse que nos visions sont justes différentes mais qu’il n’y a pas de vérité absolue.
Au chapitre des regrets, je n’ai pas pu passer le temps que je voudrais avec les autres conférenciers. J’ai essayé d’assister au maximum de conférences, parce qu’il y en avait de très intéressantes, mais j’en ai aussi raté plusieurs. Notamment celle qui avait lieu en même temps que celle que je donnais !
Il faudra recommencer l’an prochain. Allez, on se retrouve déjà au PHP Tour à Nantes en fin d’année, ça vaudra aussi le détour.