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Temporiser, la bonne stratégie libérale

Publié le 12 juin 2012 par Copeau @Contrepoints

Quand on ne peut pas vaincre, on doit harceler pour ne pas disparaître, on doit temporiser. Temporiser est désormais la bonne stratégie à adopter par les libéraux : ne pas laisser l’opposition retomber dans ses travers, qui ont permis la victoire de François Hollande.

Par Jacques Garello.
Publié en collaboration avec l’aleps.

Temporiser, la bonne stratégie libérale
C’est la stratégie bien connue depuis Fabius.

Pas le nôtre évidemment, bien qu’il ait su attendre les signes annonciateurs de la victoire de François Hollande pour se renier et toucher aujourd’hui les dividendes de son tardif ralliement.

Non : je veux parler de Fabius Cunctator, ce général romain qui après la victoire d’Hannibal à Trasimène, réussit à stopper la marche sur Rome de l’armée punique en multipliant les actions de harcèlement sans jamais engager le combat. Il a su temporiser, jusqu’au moment où la revanche a été possible, à Capoue.

Quand on ne peut pas vaincre, on doit harceler pour ne pas disparaître, on doit temporiser.

Temporiser me paraît être la bonne stratégie libérale maintenant, même si nous sommes dans l’incertitude (relative) du second tour des législatives.

Je me situe dans la perspective de trois scénarios : la cohabitation, l’opposition parlementaire musclée, l’émergence d’une force d’intervention libérale.

Si François Hollande n’a pas de majorité à l’Assemblée Nationale, le gouvernement Ayrault aura vécu si tel est le désir (vraisemblable) de la nouvelle Assemblée : « Lorsque l’Assemblée nationale adopte une motion de censure ou lorsqu’elle désapprouve le programme ou une déclaration de politique générale du gouvernement, le Premier ministre doit remettre au président de la République la démission du gouvernement » (article 50 de la Constitution). C’est alors une nouvelle cohabitation qui s’imposera.

Je me suis déjà interrogé sur la cohabitation (dans la Lettre du 7 mai). Je n’y crois guère : elle est difficile avec le quinquennat, il faudrait un reflux inespéré de l’électorat.

Il est vrai que les premières démarches du Président, et les premières mesures du gouvernement, même si elles sont « cosmétiques », ont de quoi réveiller certains électeurs sous anesthésie médiatique. Iront-ils jusqu’à inverser leur vote, ou à se réfugier dans l’abstention ? Le coup de pouce au SMIC, la retraite à 60 ans et son financement, les déclarations de Vincent Peillon sur la suppression des notes à l’école, de Christiane Taubira sur la suppression des tribunaux pour mineurs, de Cécile Duflot sur la dépénalisation du cannabis et, cerise sur le gâteau, la plaidoirie de Martine Aubry en faveur des « impôts supplémentaires » augurent bien de la suite. Certains réaliseront que, même quand ils se veulent prudents, les nouveaux dirigeants sont en plein délire.

Le scénario d’une minorité d’opposition est plus vraisemblable. Mais quels pouvoirs pour ces quelques députés, face à une gauche qui a fait main basse sur tous les rouages, et tous les niveaux du pouvoir ? Il faudra à cette minorité s’organiser sérieusement, harceler sans doute le gouvernement, mais ne pas oublier qu’elle doit aussi préparer l’avenir. Malheureusement, la référence à une alternance libérale n’apparaît guère dans les professions de foi qui nous sont soumises par l’UMP et les candidats. J’aurais souhaité que la droite définisse au moins un programme minimum, en retenant les quelques réformes clefs auxquelles les libéraux ne cessent de penser : retraites par capitalisation, liberté et concurrence scolaires, salaire complet, démocratie directe, libération de l’immobilier, déréglementation, entre autres. Mais le temps a sans doute manqué, et les convictions aussi ont peut-être manqué. Ce qui n’a pas été fait en mai pourra se faire plus tard. Dans toutes les grandes démocraties, les partis profitent des périodes d’opposition pour réfléchir aux erreurs du passé et redonner espoir aux citoyens. Le temps de l’opposition ne doit pas être perdu : il travaille pour la bonne cause si l’on sait l’employer. Temporiser, c’est organiser son temps en vue de la victoire future.

Temporiser, la bonne stratégie libérale
Comme je n’ai qu’une confiance relative dans la classe politique actuelle – comme vous tous je le déplore – je reviens au troisième scénario, qui est celui de l’émergence d’une force d’intervention libérale extérieure au Parlement. Ce sera pour nous le grand chantier de ces tout prochains mois, il ne faut pas laisser l’opposition retomber dans ses travers, qui ont permis la victoire de François Hollande. Ce travail s’impose d’ailleurs quel que soit le contexte politique immédiat. Il consiste non pas tellement à critiquer ce qui va se faire, et ce qui va faire souffrir les Français de toutes conditions, à part la nomenklatura énarchiste et syndicrate, mais surtout à ouvrir les portes sur l’avenir libéral. Cet avenir est fait d’un principe de base, et de mesures d’application. Le principe de base : la subsidiarité, c’est-à-dire la réduction de l’État à sa taille minimale, délimitée par les fonctions régaliennes elles-mêmes définies au sens le plus strict. Les mesures d’application : privatisations de tout ce qui ne concerne pas les biens et services publics, ce qui implique au passage l’abandon du « modèle social français » injuste et ruineux.

Les libéraux savent expliquer comment on peut se passer de l’État dans la plupart des domaines, ils savent démontrer que libéraliser c’est remettre l’économie sur le chemin de la croissance (alors que l’on a emprunté à ce jour des voies sans issue), mais c’est aussi rendre à tous les Français l’occasion d’exprimer leurs talents, et de tirer les justes fruits de leur travail, de leur épargne et de leur entreprise.

Couronnant le tout, nous devons persuader les Français que leur épanouissement personnel et l’harmonie sociale sont les résultats d’une société de liberté et de responsabilité.

Il y faudra peut-être du temps : Thatcher et Reagan n’ont pas émergé soudainement. Nous devons temporiser, c’est-à-dire gérer utilement le temps qui nous sépare de l’alternance libérale. « La question pour nous est de savoir combien de temps il faut à la raison pour avoir raison », disait Frédéric Bastiat. Comme toujours, il avait raison… il y a 160 ans.

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