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Une rentabilité « anémique »

Publié le 12 juin 2012 par Toulouseweb
Une rentabilité « anémique »Nouvelle complainte de l’IATA.
Les 240 compagnies aériennes membres de l’IATA sont réunies en conclave à Pékin. Une assemblée générale annuelle dépourvue de surprises dans la mesure où le groupement professionnel aligne des récriminations sans cesse répétées qui n’émeuvent plus personne. Les temps sont difficiles, les taxes de toutes espèces sont trop élevées, la rentabilité du secteur est «anémique» mais les perspectives de progression du trafic sont bonnes. On s’y perd ou, plus exactement, on écoute d’une oreille distraite.
Au lendemain d’un colloque de l’Académie de l’air et de l’espace au cours duquel ont été mises en question des perspectives d’augmentation du trafic très répandues mais jugées trop optimistes, on retiendra plutôt ce qui a été dit à Pékin lundi sur ce thème. A savoir que l’IATA persiste et signe, maintient la prévision d’une hausse moyenne annuelle du trafic aérien de 5%, ce qui signifie que 5,9 milliards de passagers seront enregistrés en 2030, à comparer à 2,8 milliards l’année dernière. S’y ajouteront 150 millions de tonnes de marchandises, le tout justifiant un grand optimisme …à condition de ne pas s’appesantir sur des perspectives financières incertaines, voire aléatoires. Et en supposant que l’intendance suive.
C’est là que réapparaît la notion de déjà vu, de complainte sans cesse recommencée. Le transport aérien brasse beaucoup d’argent, avec un chiffre d’affaires annuel de plus de 630 milliards de dollars en 2011, mais affiche des résultats tout à fait médiocres, les prévisions pour 2012, qui viennent d’être révélées à Pékin, faisant état d’une marge nette de 0,5%. De toute évidence, ce que ne disent jamais les animateurs de l’IATA, les recettes sont insuffisantes, ce qui revient évidemment à dire que le niveau moyen des tarifs est trop bas.
A ce propos, les commentaires laissent plus que jamais les experts sur leur faim et les comparaisons avancées ne sont pas toujours sérieuses. Ainsi, Tony Tyler, directeur général de l’association, a pris pour exemple le tarif moyen aller et retour New York-Pékin en classe économique, affiché à 1.500 dollars. Ce prix, a-t-il expliqué, correspond à 7 cents du kilomètre alors qu’un taxi new-yorkais facture 1,25 dollar du kilomètre. Dans toutes les langues du monde, cela s’appelle comparer des pommes et des poires. Et cela sans faire avancer la réflexion, si ce n’est pour noter au passage que le prix du pétrole, au grand soulagement des compagnies aériennes, est redescendu il y a peu à moins de 100 dollars le baril.
Dans l’immédiat, la situation est plutôt bonne dans la mesure où le trafic enregistre une augmentation moyenne correspondant à 6% par an. Mais cette situation favorable est imparfaitement répartie : la tendance est, par exemple, qualifiée de médiocre aux Etats-Unis, elle se dégrade en Europe. L’IATA prévoit d’ailleurs que les compagnies européennes perdront cette année 1,1 milliard de dollars, dans un contexte de crise économique aggravée. S’y ajoutent (c’est un leitmotiv), les conséquences néfastes de l’inefficacité de la gestion de l’espace aérien, de taxations trop élevées et sans cesse augmentées, de réglementations surannées.
Pour qu’on l’écoute avec toute l’attention voulue, l’IATA aligne des statistiques impressionnantes, à commencer par le fait que le secteur emploie 57 millions de personnes, y compris, bien sûr, celles qui travaillent en amont et en aval, et sans que l’on sache comment est construit ce chiffre. Mais il est crédible, a priori. En revanche, on se demande comment pourront être traités les 6 milliards de passagers annuels attendus dans moins de 20 ans, une interrogation qui relève essentiellement des Etats et non pas des transporteurs eux-mêmes. D’où la proposition formulée cette semaine de «maximiser» les relations des compagnies avec les gouvernements. Mais encore ?
Pierre Sparaco - AeroMorning

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