Parmi les personnes les plus stressées que je reçois, celles qui expriment un fort besoin de contrôle sur leur vie manifestent les symptômes les plus importants. Elles tentent de contrôler/vérifier en permanence ce qui pourrait leur arriver ou survenir à leurs proches. Anticipatrices, prévoyantes, organisées...et anxieuses, leur quotidien est souvent très tendu.
La recherche du contrôle est une utopie tentante. En contrôlant tout, on se rassure car on pense qu'on maintient sa sécurité. C'est juste le contraire qui se passe puisque le contrôle est déstabilisant : il développe une vigilance accrue, qui place la personne en tension (ce qui s'accompagne d'inévitables crispations musculaires), mêlée d'un sentiment d'agitation et ponctuée de ruminations fatigantes. On se sent en permanence "sur le qui-vive".
Le contrôle traduit parfois un manque de confiance en soi et dans les autres. Il peut y avoir également un refus de "baisser la garde", chez une personne qui veut contrôler l'image qu'elle donne d'elle-même.
Le contrôle est l'exact contraire du lâcher-prise. Mais pour les contrôlants, lâcher-prise signifie souvent "laisser tomber". Impossible pour des personnes qui veulent éviter tout échec, toute surprise - ou événement inattendu dans leur vie.
Dès lors, comment "lâcher-prise" sans craintes ?
Je vous invite à déplacer le curseur, en remplaçant progressivement le besoin de contrôle par une recherche de maîtrise.
La maîtrise implique des facteurs internes, sur lesquels nous avons une action.
Le contrôle met en jeu des facteurs externes, sur lesquels nous n'avons aucune action.
Un exemple simple : vous maîtrisez la conduite automobile (tout au moins je l'espère !). Ainsi, vous agissez afin que votre comportement au volant (attention, régulation de la vitesse, respect des règles...) garantisse votre sécurité. Pour autant, vous ne contrôlez pas (et vous ne contrôlerez jamais) les comportements des autres conducteurs (un chauffard grille un stop), ou la survenue d'événements inattendus (une branche tombe devant votre véhicule). Oui, il est possible que vous ayez un accident, mai c'est rare - et en tout cas vous ne pourrez pas l'empêcher.
Lâcher-prise signifie donc, lâcher ce sur quoi nous n'avons pas de prise.
Le contrôle devient donc inutile, et la maîtrise est suffisante pour aborder 95% des situations que nous rencontrons. Pour les 5% restant, qui pourraient présenter un risque, il faut se renforcer dans l'idée que, le cas échéant, nous saurons mobiliser les ressources nécessaires à l'instant T pour y faire face. Car l'homme a une autre capacité énorme (qui a garanti sa survie jusqu'ici) : l'adaptabilité. Ouf !