Le retour de dieu et de la morale

Houlà, vous avez eu peur : nous ferait-il une crise de mysticisme ? Aurait-il décidé de prendre sa carte à droite et de retourner prier à l’église, à la synagogue ou à la mosquée (ou autre) ? Mais non ! Je vais vous parler d’un truc que j’ai remarqué ces temps ci dans la musique : le retour de la morale facile et des dieux à toutes les sauces.

Ca commence par les groupes connus comme Sexion d’Assault (avec un x sinon ça ferait trop nazis hein). Leur dernier disque peut se résumer à ça : aime ta mère (la daronne, mise à toute les sauce, y compris dans une chanson qui sent bon le retour aux années 50, avec maman à la maison qui est là à attendre que son fils revienne), va à l’école (oui c’est important hein, nous on l’a pas fait, mais toi petit vas y) mais attention, par pour t’émanciper ou te cultiver, non, pour faire du fric, de l’oseille, de la maille ! Et puis, ais la foi, parce qu’elle sauve de tout la foi c’est bien connu, et dieu va faire les choses pour toi… Bon j’avoue, j’aurais pu vomir en écoutant cet album tant derrière des rythmes modernes et le rap à l’ancienne on trouve une idéologie rétrograde !

Mais on a encore le cas de Matt Huston en ce moment, qui revient plus zouk love tu meurs. Bon il glisse dans sa chanson que « le saint père fera le reste »… Et oui, une belle chanson de soumission à l’ancienne mais sur des tempos dansants ça passe tellement mieux ! Car c’est quoi d’autre ce titre merdique avec des « again et again » dedans pour faire fun ? Ecoutez bien les paroles, et surtout, trimer sur terre pour atteindre le paradis hein !

Ha j’oubliais Tal et sa révolution à deux euros (et encore c’est cher payé). Digne des spiritualistes de la grande époque. Alors il faut trouver le feu de la foi en soi pour être heureux et libre… Et ben !

Et Christophe Maé et ses références à dieu permanentes (c’est quoi, un diacre ?) ! Ha et puis merde, je ne vais pas les lister tous... Surtout que j’oublie de parler de tous les titres en anglais / américains qui nous burinent le crâne de bondieuseries…

Donc voilà, via le marasme de la chanson tout venant, on impose un retour à la morale et à la religion. Il en allait de même avec la chanson à gerber contre l’avortement du colonel Rayel (mon cul). Les idées les plus nauséabondes et rétrogrades passent au son des « boum-boum-chac » … Quand la musique sert le réactionnaire en somme.

Seulement, ce n’est pas tant que la chanson réactionnaire existe qui est un choc, mais plus que nous laissions passer cela sans presque rien dire. Figés que nous sommes face à cette « culture de masse ». Peur de quoi ? D’être vu comme des empêcheurs d’aimer en rond ? Et alors ?

Ainsi, même sur les radios « rebelles » (comme Radio Canut à Lyon) on entend de plus en plus de titres, en particulier de rap, faisant l’apologie de la foi (souvent en prime comme identité incontournable !), sans parler du reggae et de son inimitable jah, incarnation de dieu.

Etrange : d’un côté un positionnement clairement anti-autoritaire, anti-sexiste, anti-patriarcat, et de l’autre ces titres qui passent sans réel recul. Sans prise de position claire contre ces bondieuseries…

Nous avons devant nous un vaste chantier, celui d’échanger pour donner l’envie de s’émanciper au plus grand nombre. Néanmoins, nous avons contre nous ces outils que sont « la culture de masse », qui servent avant tout à passer des messages pour « correctement diriger le bon peuple ». Si, au sein de nos médias indépendants, dans la vie de tous les jours, nous ne sommes pas plus critiques de ces dérives, nous ne parviendrons jamais à faire avancer les choses.

Alors, face à cette recrudescence de ces bondieuseries et de la morale à deux sous, soyons clairs, net et précis, et oui, passons pour des chieurs !

Et surtout, faisons la promotion d’artistes plus engagés, plus en prise avec la réalité. Comme « La canaille » par exemple, ou « Rapaces » (voir ci-dessous).