Les élections présidentielles sont derrières nous et pourtant j’ai fortement envie de vous parler du modèle allemand. Oui, même dans le rugby nous avons des leçons à tirer de nos voisins d’Outre-Rhin ! Je ne m’intéresse pas trop au football mais j’ai tout de même observé que depuis quelques années le championnat allemand a le vent en poupe. Je me suis donc penché sur ce système qui a suivi une mutation il y a une dizaine d’années sous l’impulsion des dirigeants de la ligue professionnelle (DFL).
Le modèle allemand repose sur quelques grands principes plein de bon sens :
1/ Une comptabilité saine
La fameuse règle d’or chère à Angela Merkel se retrouve même dans le sport. Là-bas, pas de clubs multimillionnaires croulés de dettes comme peuvent l’être le Barça ou le Real Madrid. «La Ligue allemande a mis en place un système de licence très stricte pour surveiller les comptes des clubs. Il faut prouver à chaque début de saison que vous pourrez arriver à son terme sans faire faillite, sous peine de voir votre licence retirée. » expliquait, il y a deux ans au Figaro,Karl-Heinz Rummenigge, président du Bayern Munich.
2/ La formation, pierre angulaire du modèle germanique
Le rugby allemand possède de nombreux talents et certains ne manque pas de charme !
Début des années 2000, alors que le monde du ballon rond n’a d’yeux que pour la formation à la française, nos voisins réinventent complètement leur modèle avec pour point d’orgue la création d’une toute nouvelle ligue professionnelle (DFL) chargée de chapoter les deux premières divisions. La Ligue contraint les 32 clubs pro à investir massivement dans la formation : A partir des moins de 16 ans chaque équipe “jeune” doit disposer au moins de 12 joueurs éligibles pour la sélection allemande. Rien qu’en 2011, 90 millions d’euros ont été investis dans la formation. Résultat des courses : 60 % des joueurs de la Bundesliga (championnat allemand de football) sont de nationalité allemande. Ce qui évite aux clubs locaux de se lancer dans une course folle à l’armement menée tambours battants par espagnols, italiens et anglais.
3/ Un modèle qui favorise la concurrence entre les clubs
Sur ce troisième point, le rugby français et le foot allemand sont tout à fait comparables. L’argent généré par le championnat est équitablement réparti entre les clubs. Là encore le système choisi diffère complètement du système espagnol où les droits télé ne sont pas centralisées. Quand la Liga se résume à une domination sans partage des clubs catalan et madrilène, la Bundesliga est beaucoup plus disputée ce qui a pour effet de maintenir le suspens et de se retrouver à chaque saison avec 5 ou 6 clubs qui se disputent le titre : le public répond donc présent pour soutenir leur club.
Le géant allemand du courrier express s’intéresse de près au rugby, si bien qu’il était annoncé il y a peu comme partenaire maillot d’un grand club professionnel du Top 14
4/ Des équipements hors-normes
L’Allemagne a complètement profité du mondial de football 2006 pour investir massivement dans des stades hauts de gamme. Là où la France ne compte qu’un seul stade 5 étoiles selon les normes de l’UEFA, l’Allemagne en dispose de 6. Le championnat dispose d’une dizaine de stades d’au moins 50 000 places. Des stades plus grands et surtout plus modernes, avec tout le confort imaginable. Et aujourd’hui les matchs se jouent à guichet fermé et la Bundesliga est devenu en l’espace de quelques années le championnat de football le plus populaire du monde ! En effet, l’augmentation du nombre de places à permis de baisser considérablement le prix de celles-ci et donc d’attirer un public nouveau. En revanche, si le prix du billet et moins cher, les stades sont savamment pensés pour que les supporteurs dépensent à l’intérieur du stade : En moyenne, le supporteur de foot allemand dépense cinq fois plus que son homologue français. Autant d’argent qui rentre dans les caisses du club !
5/ Un jeu positif
Les clubs d’Outre-Rhin sont devenus des adeptes du 4-2-3-1. Ceux qui connaissent quelque peu la balle ronde savent qu’il s’agit d’un modèle résolument offensif qui visiblement plait au spectateur.
Le modèle allemand, c’est le choix d’investir dans des équipements plutôt que dans des salaires mirobolants. J’entends déjà crier certains : « La France n’est pas l’Allemagne (fort heureusement) et le rugby n’est pas le foot ! ». Force est de constater que ce modèle s’appuie sur quelques principes de bon-sens. Nous pouvons aussi noter qu’avec la mise en place d’un plafond salariale, du règlement des JIFF, de l’équitable répartition des bénéfices, et de la présence permanente du gendarme financier qu’est la DNACG, la LNR a repris quelques bons principes qui ont fait la réussite du système germanique. Il ne reste plus qu’aux clubs à investir dans des stades dernières générations (certains clubs comme le Stade français ou le Racing pourront compter sur de tels écrins d’ici quelques temps) et à se lancer dans un jeu un petit peu plus positif et on citera peut-être dans quelques années le modèle du rugby à la française !