La question posée en matière d'innovation induit toujours le type de réponse.
Comme l'explique Tina Seelig (enseignante en créativité à Stanford) dans son livre "Ingenius, a crash course on creativity" : quelle différence faites-vous entre "combien font 5+5" et "quelles sont les combinaisons pour faire 10 ?"
La première question ferme la solution, la seconde question l'ouvre. Aussi simple que cela puisse paraître avec cet exemple, notez les questions que vous posez et vous serez étonnés des biais induits.
La formulation de la question induit la réponse mais aussi l'état d'esprit avec lequel chacun cherchera des solutions.
Le premier réflexe consiste à trouver les causes, le/les responsables. Cette approche est utile dans des contextes relativement simples (relire le billet "X comme...X"); dans des environnements plus complexes et incertains, la question peut tourner au "blamestorming" (ou l'art de se renvoyer la responsabilité et de s'enfoncer dans un cercle vicieux : vous ne trouverez pas la solution mais vous aurez semé au mieux l'inimitié, au pire un conflit).
Derrière chaque "problème" se cache un "objectif". Les problèmes requièrent une analyse fouillée, tandis que les objectifs doivent être atteints. Visualisez-vous la distinction ?
Pourquoi nous est-il si difficile de transformer un problème en objectif (= formulation positive et motivante) ? Comment l'a démontré le MITA Brain Institute, spécialisé dans les neurosciences, 70% des 12000 à 50000 pensées qui nous traversent l'esprit tous les jours se concentrent sur du négatif : ce que nous ne voulons pas, ce que nous voulons éviter.
Ellen Weber, directrice du Mita Brain Institute, explique cela par notre "conditionnement social" et nos expériences de la vie.
Nous développons très tôt des réponses comportementales basées sur la peur au travers de notre éducation : "ne cours pas", "ne te fais pas mal", "ne crie pas" etc... (Ellen Weber ne porte pas de jugement et ne demande pas aux parents de ne plus avertir leurs enfants d'un éventuel danger, elle a fait ce constat suite à de nombreuses recherches et précise que c'est l'abus de ces avertissements qui conduit irrémédiablement aux fameux 70% cités).
Ces injonctions négatives complétées par d'éventuelles mauvaises/difficiles expériences personnelles invitent notre attention à se centrer plus particulièrement sur ce qui ne va pas, ce qu'il faut éviter etc...
Pour revenir à l'entreprise et prendre un exemple concret si vous demandez quel est le problème à une équipe, elle vous répondra "le manque de communication" (formulation négative). Transformé en objectif, le problème devient "développer une meilleure communication".
Le ton de la conversation et les postures vont automatiquement changer car votre équipe se concentrera sur les moyens pour atteindre cet objectif.
Le PDG d'une célèbre entreprise de télécommunications disait à ses collaborateurs : "Nous savons tous que nous avons des problèmes, mais nous savons aussi que nos problèmes ne sont que des projets que nous n'avons pas encore commencés".
A venir, la suite de "comment changer de pratiques pour innover !"