Magazine Politique

Il n'y a pas que la digue qui se brise...

Publié le 15 juin 2012 par Falconhill
Il n'y a pas que la digue qui se brise... Dimanche dernier, 20 heures, les résultats du premier tour des législatives tombent. Cécile Duflot est sur TF1. Ses premiers mots sont pour parler d’une collusion possible et probable entre l’UMP et le FN. Le filet est lancé. L’élément de langage de la gauche est lancé. On va parler FN pendant tout l'entre deux tours. Durant toute la soirée, les responsables de l’UMP se sentiront obligés de se défendre, de répondre. Et toute cette semaine, un twittcon et quelques larmes royales mises à part, le sujet aura été celui là. UMP et FN. Mais surtout FN.
La gauche a réussi son coup, durant l’entre deux tours, on aura parlé que FN, uniquement FN. On voudrait que ce parti ait des députés à l’assemblée, en tous cas fasse beaucoup de voix, on ne s’y prendrait pas mieux.
Je trouve la position officielle de l’UMP claire. Elle me convient. Pas d’alliance avec le FN, ni avec les socialistes. Personnellement, cela me va. Je n’ai jamais cru à l’efficacité d’un Front Républicain qui ne fait que valider le discours victimaire de Le Pen. En ce qui me concerne, j’ai eu des deuxièmes tours PS – FN. J’ai, pour l’instant, toujours voter pour le candidat socialiste. Aussi parce que je le connaissais, parce que je l’appréciais. Et que le candidat FN était un fantôme que personne n’avait vu, parachuté, et que je ne voulais pas qu’il me représente au département ou à l’assemblée.
J’ai toujours trouvé la position de la droite républicaine claire et satisfaisante. Et elle me convient. Qu'elle ne convienne pas à la gauche n'est pas important. La gauche préfère parler de Dreux ou de Soisson en Bourgogne. Je préfère me souvenir de Léotard en PACA ou Comparini à Lyon, et des positions de Chirac. La gauche préfère parler du candidat UMP d’Arles qui se désiste pour le FN. Je pense quant à moi à la candidate PS qui se maintient à Carpentras, et qui contribuera à envoyer une nièce Le Pen à l’Assemblée Nationale. Mais ça l’arrange, la gauche. Un FN fort, ça l’arrange. Pas trop quand même, il ne faudrait pas qu’il arrive au deuxième tour au détriment d’un socialiste comme en 2002…  Et la droite républicaine tombe dans ce piège. Sentiment de se justifier. Elle n’a pas à se justifier. Copé a pris une position, il ne devrait pas y revenir dessus à chaque interview, sauf à vouloir donner un sentiment de gêne.
Ensuite, Martine Aubry peut bien donner de leçons en parlant de digue qui se rompt et tout ça. Elle est dans son rôle. L'hypocrisie et le don de leçon de morale n'a jamais été une valeur en baisse au PS.  Elle est dans le jeu bien facile d’instrumentaliser le FN et de parler de lui, contribuant à le faire monter au détriment de la droite républicaine, en balançant de « UMP et FN c’est pareil ». Bien sur, c’est un mensonge gras, mais ça passe. Et cela marche.
Alors on s’amuse avec Nadine Morano. Photomontages abjects, ou « canulars téléphoniques » effrayant et témoignant d’une vision très spéciale et dangereuse de la démocratie qu’ont certains soutiens du PS. François Hollande avait, sur une Une de Libération, appelé solennellement appelé es électeurs du FN. Mais lui est de gauche : il a le droit. On met en avant « l’UMPFN » dans un jeu militant, mais on prend volontiers le soutien de Marine Le Pen pour les candidats socialistes qui seront opposés à Nathalie Kosciusko-Morizet ou Xavier Bertrand. Mais ce « PSFN » là est tout à fait acceptable : tout est bon pour faire battre la droite.
Je n’en veux pas au Parti Socialiste d’utiliser toutes les ficelles pour gagner. Je n’en veux pas à ses militants non plus. Mais j’en veux déjà plus, j’avoue, à la droite de tomber dans ce piège qui est vieux de 30 ans. Il n’y a aucune honte à appeler ceux qui ont voté FN (17% à la présidentielle quand même) à voter pour soi. Hollande le fait à la une de Libération, pourquoi la droite devrait se sentir honteuse de faire pareil ? Par contre, je suis plus critique devant ce cynisme de la gauche de chercher à faire monter le FN pour faire tomber l’UMP. Qu’elle se méfie aussi de ses extrêmes. Ils sont « tolérés » (parce que de gauche, donc forcément « gentil », et qu’ils votent bien comme il faut au deuxième tour). Mais je ne suis pas convaincu que les valeurs soient forcément les mêmes entre les républicains du PS et certains fanatiques d’un Mélenchon qui n’ont rien de plus sympathiques que ceux de le Pen.
Mon avis personnel enfin sur les relations que doit avoir la droite républicaine avec le FN. Les dernières déclarations d’Alain Juppé sur le sujet me vont très bien : « Il y a au moins trois raisons essentielles pour refuser toute alliance avec le Front National. Une raison morale, car les "références idéologiques de ce parti ne sont pas les nôtres. Une raison programmatique car sur bien des points, les propositions du FN sont en totale contradiction avec les nôtres. Une raison tactique : l'objectif du FN n'est pas de faire alliance avec nous, mais de casser l'UMP ».
Le FN et le PS ont le même objectif : détruire la droite républicaine. Le deuxième pour conquérir ou garder le pouvoir. Le premier pour exister. Donc qu’on arrête de s’emmerder avec ces questions.

Retour à La Une de Logo Paperblog