Magazine Journal intime

Comment convaincre son mec de faire un bébé (un indice : pas comme ça)

Par Evainlondon

Je suis à court d’idées.

A court d’histoires.

Non pas d’histoires à vous conter (pour ça, je manque simplement cruellement de temps) ; d’histoires à me raconter à moi-même. Confection de gâteaux douteux, conquête virtuelle du monde, course à pied et même noyade de chagrin dans la Guinness… Rien n’y fait. Rien ne me distrait. J’ai envie de faire un bébé. Là, c’est dit. J’ai envie de faire un bébé, là, tout de suite, maintenant. Enfin, pas là-tout-de-suite-maintenant parce que Prince est encore au boulot à faire je ne sais quoi (à bien y réfléchir, je ne sais vraiment pas quoi d’ailleurs) et qu’un bébé toute seule ça se fait mais c’est vachement plus de boulot, mais on se comprend : très, très bientôt.

Bientôt. C’est justement la réponse standard de Prince chaque fois que j’ai l’heur de mettre le sujet sur le tapis. Dans la pièce que nous jouons avec application depuis plus d’un an, ses répliques sont devenues si immuables et prévisibles que c’est tout juste si j’ai besoin qu’il soit là pour les prononcer. Ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose, dans la mesure où si ça continue, il ne sera effectivement plus là pour le faire.

Allez, un extrait en exclusivité pour vous, lecteurs. Mais avec les sous-titres, sinon vous ne comprendrez rien :

Eva in London, remuant sur le feu une énième soupe verdâtre / feuilletant un magazine féminin / regardant subrepticement les photos Facebook du dernier-né de l’amie d’une amie d’une amie Facebook, bébé qu’elle n’a évidemment jamais vu / bref, l’air de rien :
- Mon amour ?
Prince, plongé dans un austère ouvrage intitulé « Le trading en 478 leçons  et 1299 pages » / un sketch de Tim Minchin / les bras de Morphée / bref, pas du tout disponible :
- Hmm ?
- Tu n’aurais pas envie qu’on fasse un bébé, un de ces jours ?

Oui, je sais, la diplomatie n’est pas mon fort. Je rêve de faire partie de ces femmes qui manipulent leur homme dans la plus grande discrétion (tant qu’à faire, je ferais aussi bien partie de ces femmes qui savent demeurer élégantes en toute circonstance, mais je m’égare). Hélas. Je ne suis pas surnommée « Bulldozer » pour rien.

- (Prince, pensant « Non » très fort): Si, si, bien sûr…
(Eva in London, l’entourant de ses bras et jouant la naïveté) : C’est merveilleux, mon chéri ! Je suis si heureuse ! Quand ?
(« Si possible, jamais. Ou alors, dans cinq ans. Non, c’est trop proche, j’ai plein d’autres bouquins de trading à lire avant pour contribuer à la crise mondiale qui n’en est qu’à ses débuts ») : Bientôt, bientôt.

Et de se replonger prudemment dans son bouquin / son sketch / sa sieste.
Pas de ça avec moi, petit coquin ! Ca fait un an que tu me sers du « bientôt » à toutes les sauces, ça va bien maintenant.

- Bientôt… le mois prochain par exemple ?
- (Il faudra me passer sur le corps d’abord. Ah zut, c’est précisément ce qu’elle veut faire) : Moui… ou alors, le mois d’après… ou plutôt, tu sais quoi ? En début d’année prochaine. Oui, ça, ça me rassurerait. Tu m’as bien dit que tu tenais absolument à ce que je sois « vraiment, vraiment » prêt à avoir un bébé.

Comme de bien entendu, Prince ne semble se souvenir que des paroles que j’aurais préféré ne jamais prononcer. Me voilà prise à mon propre piège : la conciliation. Si j’attends que Prince soit « vraiment, vraiment » prêt à avoir un bébé, moi, je serai « vraiment, vraiment » ménopausée.

Je vais devoir prendre les choses en main. Ou me mettre à la broderie.


Comment convaincre son mec de faire un bébé (un indice : pas comme ça)


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