Dans l’annonce de Vincent Peillon sur la suppression des notes, tout est faux, tout est pervers. Les écoliers qui vont essuyer les plâtres, comme naguère avec la méthode globale, seront précisément ceux qui seront livrés sans contrôle ni accompagnement aux fonctionnaires – enfin libérés de la servitude de la notation.
Article publié en collaboration avec l'Aleps.
Dans l’annonce de Vincent Peillon, tout est faux, tout est pervers. Dans les considérants d’abord : il paraîtrait que les jeunes têtes blondes – façon de s’exprimer – vivent un vrai cauchemar, subissent « un vrai traumatisme » quand d’aventure ils ont une mauvaise note. C’est d’ailleurs pourquoi ils sont mal notés : la peur les paralyse dans leur travail. C’est à nouveau la grande idée remise à la mode par Hessel : la jeunesse est condamnée au chômage et à l’aliénation par la société de consommation. Ce qui justifie « l’indignation ».
Dans la procédure ensuite. La notation, dans les classes où elle a survécu aux experts en pédagogie, se fera par évaluation des maîtres et professeurs. En voici deux conséquences : la première c’est que les notes permettent de suivre l’écolier jour après jour, donc de corriger, d’encourager et d’accompagner les enfants en amont, alors que l’évaluation intervient en aval, sans laisser à l’enfant la possibilité de se reprendre. La deuxième, et la plus grave sans doute, c’est que la note était une information à la disposition des familles, leur permettant de voir ce qui n’allait pas, d’encourager et d’orienter leur enfant, et pour ceux qui le peuvent, de les soutenir par des révisions. Beaucoup de familles ont abandonné leurs fonctions éducatrices, s’en remettant pour cela aux enseignants, et de façon imprudente. Désormais le pont entre enseignants et familles sera rompu, surtout pour les familles qui veulent contrôler et accompagner les études et les comportements.
Mais n’est-ce pas le but de la « laïcité » militante ? L’enseignement privé se permet de suivre les enfants de près et d’associer parents et enseignants. Le système dit « Charlemagne » permet aux établissements d’envoyer directement par internet les notes aux familles, ce qui est une façon d’impliquer les parents et de démasquer toute tricherie. Les résultats sont excellents. L’enseignement public, lui, veut garder les enfants sous la seule aile protectrice de l’école laïque et républicaine. Les enfants appartiennent à l’Etat et à ses prosélytes, maintenant les notes aussi. Les écoliers qui vont essuyer les plâtres, comme naguère avec la méthode globale, seront précisément ceux qui seront livrés sans contrôle ni accompagnement aux fonctionnaires – enfin libérés de la servitude de la notation.
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