S'occuper de la prise en charge de la dépendance comme d'une grande cause nationale pour éviter que ne se multiplient les cas de maltraitance...
Le 15 juin, c'est la journée mondiale pour sensibiliser l'opinion publique à la maltraitance des personnes âgées. Contrairement aux idées reçues, la majeure partie des cas surviennent dans le privé, au domicile des victimes, voire même au sein de la famille.
Généralement, quand une « journée mondiale » est organisée pour une cause donnée, c'est qu'il est important d'attirer l'attention de tous sur une situation qui nécessite une prise de conscience. C'est malheureusement le cas du traitement trop souvent infligé aux personnes âgées.
Quand on découvre des faits de maltraitance sur des séniors dans des maisons de retraite ou des hôpitaux, ils sont très largement médiatisés. L'opinion est choquée que de telles situations soient découvertes dans des institutions spécialisés ou travaillent des professionnels de santé, formés pour s'occuper des anciens. A juste titre. Et pourtant...
77% des maltraitances ont eu lieu dans le cercle familial en 2011
Le 3977 est un numéro d'appel national contre la maltraitance des personnes âgées et des adultes handicapés. En 2011, 77% des appels reçus l'ont été pour signaler des maltraitances intervenues à domicile et 75% sur des femmes (statistiques de l'association Habeo qui gère ce numéro).
Selon Caroline Lemoine, porte-parole d'Habeo, « on se représente facilement des violences physiques, or une grand partie de la maltraitance est plus insidieuse et prend, par exemple, la forme de chantages au sein des familles ».
Quand elles sont commises au sein du cercle familial, les maltraitances sont souvent psychologiques, faites de dévalorisation, de menaces, d'insultes, de culpabilisation. Elles peuvent aussi être financières et se manifestent alors par des privations de ressources.
Peu de plaintes déposées
De nombreuses personnes âgées n'osent pas porter plainte quand elles sont les victimes de leurs enfants ou de leurs enfants ou de proches. De plus, les femmes âgées ont les mêmes difficultés que les plus jeunes à dénoncer les violences. La directrice du Centre national d'information sur les droits des femmes et des familles (CNIDFF) évoque à ce sujet « la peur, la honte, la culpabilité ».
On imagine aisément que l'isolement social n'arrange en rien la situation délicate de bien des personnes âgées. Elles deviennent alors des proies faciles, à la merci de voisins malveillants ou d'escrocs en tout genre.
La prise en charge de la dépendance est un enjeu national important qui doit permettre, autant que faire se peut, d'apporter des solutions pour rompre l'isolement des personnes âgées fragilisées et leur permettre d'envisager la fin de leur vie dans le respect, la dignité et la sérénité.
Source : AFP