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Le Trierweilergate ou « Psy show » en direct-live de l’Elysée (1)

Publié le 15 juin 2012 par Kamizole

Sans doute à beaucoup d’entre vous l’émission « Psy show » - créée en 1983 sur Antenne 2 - ne dira-t-elle rien. C’est pourtant ce qui s’est imposé, encore n’arrivais-je pas à me rappeler le titre mais fort heureusement je me souvins qu’elle était animée par le psychanalyste Serge Leclère et une rapide recherche sur Google vint suppléer ce trou de mémoire.

Hé ! Oui… Comment n’y point penser à force de lire force titres Méli-mélodrame après le twitt de Valérie Trierweiler (Libération 12 juin 2012) ; Législatives: Psychodrame à La Rochelle (20 minutes 12 juin 2012) ; Trierweiler : entrée fracassante dans le psychodrame rochelais (Nouvel Obs 12 juin 2012) je ne pus m’empêcher de penser au divan d’un Lacan. Françoise Fressoz préférant pour sa part parler du malaise existentiel de la première dame (Le Monde 12 juin 2012) alors que pour Sophie Péters l’affaire trierweiler-Royal est un drame de la jalousie normal (La Tribune 12 juin 2012).

Titre au à moins double sinon triple détente : «La volonté d’appa-raître comme un candidat normal a ce matin dépassé les espérances de François Hollande. Non content d’être un homme politique « normal » il est aussi à présent un compagnon « normal » avec des problèmes de couple « normaux ». En 140 signes, sa compagne a réduit le prestige du couple présidentiel à une banale histoire d’amour et de jalousie». Valérie Trierweiler aura beau prétendre le contraire : "Parler de jalousie est idiot" (TF1, le 13 juin 2012) elle ne convaincra personne.

 Surtout pas moi. J’avais lu il y a déjà pas mal de temps sur Marianne - version papier mais je n’ai pas le temps de rechercher les références de l’article - qu’elle était d’une jalousie quasi maladive à l’égard de Ségolène Royal et qu’il était à craindre qu’elle s’opposât à ce qu’elle joue un rôle à sa mesure soit au gouvernement soit dans une autre fonction.

Sophie Péters se demande s’il y a des scènes de ménage à l’Elysée, parlant même de « névrose de jalousie » - j’avais bien raison d’invo-quer le « divan » ! Non François Hollande n’est pas « pris au piège du trio amoureux » - ce n’est quand même pas « Jules et Jim » ! - et c’est déjà quand même de l’histoire suffisamment ancienne pour que Ségolène Royal ait pris suffisamment de distance. Pour Valérie Trierweiler, c’est une autre paire de manches et « François Hollande saura-t-il contenir la jalousie maladive qui s’est emparée de sa compagne » ?

« Lui qui a une sainte horreur du conflit et de la trivialité, se retrouve otage des émotions de sa compagne. Une compagne dont le métier de journaliste lui offre une « couverture » idéale pour lâcher sa haine au grand jour »… mais voilà, elle n’est plus journaliste, ne lui en déplaise et Jean-Marc Ayrault a tout à fait raison d’affirmer sur le plateau de Questions d’info d'info LCP/Le Monde/AFP/France Info que Valérie Trierweiler doit garder « un rôle discret » (Europe 1, le 13 juin 2012) joutant que chacun devait "être à sa place"

Sophie Péters ne peut que constater la différence d’attitude entre les deux femmes. « De son côté Ségolène Royal, plus royale que reine, affiche dans cette affaire une sérénité qu'on ne lui connaissait pas. Incontestablement, elle marque des points. Si elle a avoué pudiquement son regret de ne pas avoir été conviée à la cérémonie d’investiture, du fait de la vengeance interminable de sa rivale, elle ne s’est pas abandonnée à plus d’atermoiements. Elle a ainsi montré qu’elle connaît l’aversion du père de ses enfants pour le conflit et a acquis ainsi le respect de ce dernier. Mieux : elle se pose en femme de métier, celui de la politique, quand la femme du président en titre cherche à faire valoir son identité de journaliste »…

L’ami « Coup de grisou » ne saurait mieux dire : Ségolène Royal est une grande dame.

Je ne vais pas reprendre l’article en son entier mais il est évident que s’agissant de Ségolène Royal Valérie Trierweiler n’a nullement un comportement rationnel. La simple évocation de celle-ci la mettrait en fureur. Un petit exemple parmi d’autres : « Au soir de la victoire de François Hollande, alors qu’il salue la foule à la Bastille entouré de toute l’équipe du PS, et qu'il sort du rang pour embrasser la mère de ses enfants, sa compagne actuelle lui plaque, sitôt qu'il l'a rejoint, un baiser sur les lèvres. Histoire de montrer à la France entière qu’il faudra désormais compter avec elle »…

Ben, mon colon ! J’avais déjà vu un tel comportement chez des ados, du style « tu touches pas à mon mec ou j’t’en colle une » et quelques cas chez des femmes un peu plus âgées - voire beaucoup plus - et j’ai toujours considéré cela comme du dernier ridicule. Meuh, non ! Qu’est-ce qu’on cherche à te le piquer… Mais ce qui n’est que grotesque dans la vie courante devient franchement déplacé au sommet de l’Etat. Je ne vois qu’une solution : qu’elle fasse une psychanalyse ou une psychothérapie. Cela lui fournira de surcroît une occupation.

Scènes de ménage ? Je ne le leur souhaite pas. Cela n’est d’ailleurs pas semble-t-il dans les mœurs de François Hollande qui déteste les conflits. Tout en sachant depuis la campagne électorale qu’il sait à l’occasion faire preuve d’une certaine agressivité nonobstant sa bonhomie tranquille. Toutefois l’initiative intempestive de Valérie Trierweiler l’aurait stupéfait et mis fort en colère, « atteint par le fait que la rivalité entre Ségolène Royal et son actuelle compagne s'étale sur Internet » à lire l’article de Stéphane Grand et Cécile Bouanchaud Comment Hollande a réagi au "tweetgate" (Europe 1, le 13 juin 2012).

Je travaillai précisément à un article sur le conflit entre Ségolène Royal et Olivier Falorni à La Rochelle. J’avais bien vu passer sur Google Actu un titre au sujet d’un twitt de Valérie Trierweiler mais j’étais bien trop occupée pour m’y attarder. J’aurais bien le temps d’y revenir me suis-je dit, bien loin de me douter de son contenu explosif…

C’est vous dire que je tombai à la r’bidaine quand je découvris peu après ce titre en passant sur la Une du Monde Valérie Trierweiler encourage Falorni contre Royal (12 juin 2012). Je ne saurais dire ce qu’elle valait comme journaliste politique mais une chose m’est évidente : elle manque totalement d’intelligence politique. Ce qui était pardonnable chez Carla Bruni - d’autant que nous savons très bien que chacune de ses interventions médiatiques tous azimuts était voulue par Nicolas Sarkozy ou les communicants de l’Elysée - ne l’est absolument pas en ce qui la concerne. Elle agit de son propre chef sans se soucier des dégâts collatéraux sur François Hollande, Jean-Marc Ayrault, le gouvernement et le Parti socialiste.

Il s’agit bien d’une « bombe à fragmentation » (Libération 12 juin 2012) selon l’expression de Fanny Lesbros : « BFM TV, M6, Canal Plus... L’irruption de la Première dame dans le conflit politique à la Rochelle fait la Une de tous les journaux télévisés ». En n’ayant garde d’oublier la presse quotidienne aussi bien nationale que régionale, les hebdos et la presse pipôle dans son ensemble qui s’en régale (je me suis contentée de survoler la liste des titres).

Expression d’ailleurs reprise par Gérald Andrieu sur Marianne 2 En s'attaquant à Royal sur Twitter, Trierweiler fait une belle faute politique (12 juin 2012). Faute politique étant bien l’idée qui m’est venue d’emblée. En effet, « au-delà du vaudeville dont vont se gargariser les médias, ce sont les conséquences politiques qui méritent d'ores et déjà d’être étudiées ».

« Car même si certains médias verront derrière ce twitt assassin un vaudeville génial à raconter entre l’ancienne et l’actuelle de « François le normal », un nouvel épisode digne d’un mauvais soap opéra brésilien de la guerre entre « la première dame » et la « première femme ». Il restera à savoir si ce ne sera pas une resucée de l’épisode de la « TVA sociale de Borloo » en 2007 que l’UMP appelait de ses vœux pour faire basculer des voix dans leur escarcelle.

Selon ce que je lis sur un article d’Hélène Favier Que restera-t-il du twitt de Trierweiler ? (Europe 1, le 13 juin 2012) qui a interrogé des politologues cela ne devrait pas avoir d’impact sur les législatives. Ainsi, Frédéric Daby, directeur adjoint de l’Ifop selon lequel « L’épisode est surtout médiatique. Et il ne deviendra pas ‘la TVA sociale’ des socialistes ».

En revanche, l’impact politique pourrait être fort dommageable y compris sur le long terme. Selon notamment Stéphane Rozès, fondateur de l’Agence Cap qui estime que « Cette récente polémique aura, sans nul doute, des répercussions sur l’Elysée et Valérie Trierweiler : La symbolique politique - celle de la fonction de président de la République - a été atteinte » précisant que "Tout ce qui touche à la symbolique politique touche à l’inconscient collectif d’un pays". Lors des épisodes "Fouquet’s" et "des vacances sur du yacht de Bolloré" du début du quinquennat Nicolas Sarkozy, les Français sondés par les instituts ne s’étaient pas estimés plus choqués que cela, dans un premier temps (…) Sur le moment il ne se passe rien, mais les effets sont différés, mais bien rééls. De tels épisodes où privé et public se confondent modifient la perception que les citoyens se font de leur président »…

Petite cause, grands effets, pourrait-on dire.

François Hollande sortira forcément affaibli de cet épisode qui selon Frédéric Daby « écorne l’image d’une présidence normale - de retour à la morale - voulue par le candidat socialiste, soulignant d’ailleurs les moqueries de la droite - le mot est faible ! J’y reviendrais - suscitées par le twitt de Valérie Trierweiler… Réactions identiques chez les éditorialistes cités : selon Paul Quinio (Libération) « Le tweet de soutien au dissident Olivier Falorni ramène en effet à certains errements du sarkozysme (…) le mélange des genres entre vie privée et vie publique revient par la fenêtre »… Exactement l’expression qui m’est venue ce matin… « Chassez le naturel, etc. ». Pour Daniel Ruiz dans La Montagne « Ce pavé - dans la mare ? - est l’illustration du niveau zéro de la politique et cause grand tort à celui qui aspire à la simplicité »… Quant à Patrice Chabanet (Journal de la Haute-Marne) il estime que « la prise de position de la compagne du président de la République fait entrer le fiel des inimitiés personnelles entre femmes dans le chaudron politique ce qui affaiblit forcément François Hollande en rallumant un doute épais sur sa capacité à contrôler la situation ». Bref, l’image de la présidence normale est bien loin…

J’y ajouterais deux éditoriaux de La République des Pyrénées. Celui de Jean-Marcel Bouguereau, excellent comme à l’habitude. Comment la première dame a achevé la première femme (14 juin 2006). Encore que je ne partage pas son point de vue sur le « parachutage » ni sur le PS parisien sûr de lui et dominateur que conteste Olivier Falorni qui a beau jeu de décrire Ségolène Royal comme « la parachutée qui veut utiliser La Rochelle comme un trampoline vers le perchoir doré" de l'Assemblée, confortant les sentiments de l'électorat de cette ville que Michel Crépeau - ancien maire radical de gauche - décrivait comme rebelle ».

Drôle de rebelle, assurément, le Falorni qui ne sera nullement gêné d’être élu en grande partie grâce aux voix de la droite voire du FN. Qu’importe le flacon pourvu qu’il y ait l’ivresse. Se pincera-t-il le seulement nez pour boire la coupe jusqu’à la lie ? Présenter de surcroît la présidente de la Région Poitou-Charente comme une parachutée de Paris relève d’un mauvais procès. Pourtant, j’ai vécu 30 ans à Orléans et comme tout(e) provincial(e) n’aurais guère apprécié que l’on nous imposât un candidat de Paris.

Jean-Marcel Bouguereau n’est pas tendre avec Ségolène Royal : « celle qui a perdu en 2007, qui a de nouveau perdu en 2011 à la primaire, a vu arriver son ex au sommet de l'État au bras d'une autre femme qui veut visiblement sa peau. À défaut d'avoir été la première présidente de la République, elle espérait être la première présidente de l'Assemblée. Elle va devoir se résoudre à n'être qu'une ex, dans le domaine politique comme dans le domaine privé ». Je ne suis pas d’accord sur la conclusion. Elle n’entend pas arrêter la politique ais-je lu et continuera à présider la Région Poitou-Charentes. Lors même qu’Olivier Falorni ne sera tout au plus qu’un obscur député, non inscrit et donc sans aucun pouvoir dans la future Assemblée nationale. Avec sans nul doute une floppée de députés de gauche qui lui battront froid… Brrr !

La conclusion de l’éditorial ne fait pas on plus de cadeau à Valérie Trierweiler : « qui ne l'emportera pas au paradis : elle écorne l'image de François Hollande et ressemble de plus en plus à la virago hystérique et dominatrice des Guignols. C'est ce qu'on appelle une victoire à la Pyrrhus ». Décidément, François Hollande n’a guère de chance avec ses femmes. « Le pauvre homme ! » eût fait dire Molière à Orgon - mais à chaque nouvelle réjouissante au sujet de Tartuffe ; comique de répétition. (Acte I, scène 4).

Changement de ton dans l’édito de Jean-Michel Helvig dont je me souviens avoir lu souventes fois la signature il y a fort longtemps dans Libération. L'intempestive Mme Trierweiler (13 juin 2012). Ne serait-ce que le titre ! Sans même parler du premier alinéa : « Quelle guignolade ! Aurait-on tourné la page d'un ancien président qui avait occupé le début de son mandat à faire revenir son épouse au domicile conjugal, échappé de justesse à un "présidentiable" qui aurait pu transformer l'Elysée en lupanar, pour se retrouver dans un mauvais vaudeville où la compagne en titre du chef de l'État flingue son "ex" à tout va ? ».

Or donc, Valérie Trierweiler n’est plus journaliste. Du moins n’assure-t-elle plus une rubrique politique. Comme le fait remarquer Helvig « Est-ce trop lui demander d'adopter, en dehors de ses heures de travail, une attitude qui ne nuise pas à la dignité de la fonction présidentielle ? (…) Tout journaliste, même stagiaire, comprendrait assez vite l'inconvénient politique pour un président de la République en place que sa compagne adopte une position inverse à la sienne (…) Elle se cherchait "une place", a-t-elle dit. Qu'elle le veuille ou non, cette place ne peut être que représentative. Et certainement pas politique. Ce n'est pas Mme Trierweiler que 18 millions de Français ont élue. Si un devoir s'impose à elle, c'est de respecter ceux-ci en n'offrant pas un spectacle qu'ils ont déploré lors du quinquennat précédent (…) Tant qu'à faire, mieux vaut un disque qu'un tweet».

Jean-Michel Helvig est au demeurant bien loin d’approuver l’attitude d’Oliver Falorni : au grand dam du Parti socialiste et de François Hollande « leur ancienne candidate à la présidence de la République risque d'être battue, grâce à la droite, par un ancien apparatchik du PS dépité de ne pas avoir eu l'investiture ».

Cambadelis se trompe lourdement en prétendant que le twitt est un "épiphénomène" (Europe 1, le13 juin 2012). Sans doute s’il considère - à juste titre - que « ce n'est pas le problème majeur de la société française ou de ce qui se passe en Europe »… Mais ce qui compte est l’impact et la trace dans l’opinion publique. C’est comme un gros bouton sur le nez de la mariée, les invités ne voient que cela. Le problème n’est pas de savoir que François Hollande n’est - bien évidemment - pas responsable de cette mise en exergue de sa vie privée par sa compagne. Camadélis adopte exactement la même rhétorique que naguère l’Elysée au sujet de Nicolas Sarkozy, Carla Bruni, Prince Jean, et d‘autres. Quand ils prétendaient que ce qui leur était reproché pour telle ou telle raison n’avait aucune espèce importance pour les Français qui avaient bien d‘autres problèmes. « Circulez, ya rien à voir »… Les français les ont fait circuler…

Comme le fait remarquer très justement remarquer Gérald Andrieu « La droite, localement, se frottait déjà les mains de voir Royal en difficulté face à un dissident. Désormais, les paluches de Raffarin et consorts vont être sérieusement irritées de plaisir. A en sentir le cochon grillé ! Nationalement, l’UMP toute entière va pouvoir quant à elle disserter à longueur d’émissions de télé et de radio sur la chienlit à la tête de l’Etat, au sein même du couple présidentiel ! ». Le moins que l’on en puisse dire étant qu’elle ne s’en prive pas. Les quolibets de l’UMP et du FN tombent aussi dru qu’à Gravelotte.

L’on doit aussi pas mal exulter au Figaro, d’où ce titre Le soutien fracassant de Trierweiler au rival de Royal (12 juin 2012) qui en dit long sur l’état d’esprits des soutiers de l’UMP (en l’occurrence Marion brunet et Solenn de Royer). Dont je ne tirerais qu’un court extrait de la déclaration d’Olivier Falorni, au sujet de la visite de Martine Aubry et Cécile Duflot venue précisément à La Rochelle soutenir Ségolène Royal.

L’on peut d’ailleurs se demander si Valérie Trierweiler n’a pas posté exprès son twitt quasi au moment de leur conférence de presse qu’elles tinrent sur un bateau ancré dans le port pour leur casser la baraque ! « La venue d'Aubry est pathétique, ridicule. Ce n'est pas le France 1 - le bateau sur lequel a eu lieu la conférence de presse -c'est le Titanic. Ce soutien est un aveu de faiblesse. Une opération de sauvetage désespérée ». T’inquiète ! Duchnock. J’en connais un qui risque de couler à pic non pas dans le port de La Rochelle non plus qu’au large de Terre-Neuve mais dans les égouts de l’Histoire, une grosse pierre attachée au cou : « élu grâce aux voix de l’UMP et du FN » pour toute épitaphe.

À suivre…


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