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François Hollande peut gouverner, Sarkofrance n'est plus

Publié le 18 juin 2012 par Juan
François Hollande peut gouverner, Sarkofrance n'est plus La campagne législative est terminée. La gauche a la majorité. Impatients ou incrédules, ses supporteurs étaient restés prudents jusqu'au soir de ce troisième tour législatif.
Sarkozy, toujours présent ?
Cette campagne législative fut conforme avec la présidentielle. Personne à l'UMP n'osa rompre avec la doxa droitière sarkozyenne. Le mariage idéologique avec le Rassemblement Bleu Marine resta idéologique (les fameuses « valeurs » de Nadine Morano), à défaut d'être politique.
A Perpignan, un candidat frontiste se désista en faveur d'un UMP mieux placé. Partout en France, quelques cas similaires choquèrent.
Même une Nathalie Kosciusko-Morizet censée incarner la droite bobo-anti-facho se lâcha dans de curieuses caricatures contre son opposant socialiste (« Les gens doivent savoir ce qu'ils veulent. S'ils veulent Duflot en jeans qui fume des pétards sur le perron de l'Elysée, qu'ils le disent! »).
Jusqu'à 20 heures, les commentateurs meublaient comme à chaque fois.Dimanche 17 juin, l'abstention était encore trop élevée, à 44%. Quelques minutes avant la levée du black-out, le maire de la Rochelle puis Ségolène Royal cassèrent la censure pour reconnaître la victoire du dissident local. Comme l'indiquaient les sondages la semaine dernière,Olivier Falorni qui se disait encore socialiste l'avait emporté grâce à la mobilisation de l'UMP et du FN local.
La Sarkofrance dégage
Au final, le parti socialiste captait tout de même la majorité absolue, avec un score qui excédait toute ses précédentes victoires sous la Vème République. Les candidats EELV, soutenus par le PS, s'octroyaient aussi une vingtaine de sièges. Le Front de gauche comptait 10 élus. Les socialistes avaient seuls la majorité absolue. Celles et ceux qui, à droite, expliquaient que François Hollande avait gagné par défaut contre Nicolas Sarkozy en furent pour leur frais. La gauche l'emportait très largement, même dans des endroits improbables.
La totalité des ministres du gouvernement encore en lice furent élus. C'était inattendu, car certains s'affrontaient à l'UMP dans des circonscriptions très difficiles. Ainsi, Stéphane Le Foll a-t-il gagné à 59% dans l'ancienne circonscription de François Fillon dans la Sarthe. Aurélie Filippetti avait réussi à gagner en Moselle, dans une zone redécoupée sur mesure par l'ancien gouvernement Sarkozy. A Marseille, Marie-Arlette Carlotti se débarrassait de l'historique Renaud Muselier, malgré la résistance du clan Guérini.
Avec ses 13% des voix au premier tour, le Front national n'obtint que 2 élus au second: la nièce Marion Maréchal-Le Pen dans le Vaucluse et Gilbert Collard à Vauvert. Mais Marine Le Pen à Hénin-Beaumont avait perdu contre Philippe Kemel (50,1%). Dimanche soir, elle cria quand même victoire.
La droite a dissout le centre
Le Modem confirma son désastre. Même François Bayrou fut défait par son opposante socialiste dans une triangulaire avec l'UMP
A droite, l'UMP ne sauvait pas les meubles. De ces 34% du premier tour (avec le Nouveau Centre), elle parvenait à conserver environ 231 députés dans la nouvelle Assemblée. « Je ne vous cache pas qu'ici, cela ne ressemble pas à une garden party », confia l'envoyé spécial de France 2 au siège de l'UMP. Alain Juppé reconnaissait « une victoire nette du PS et une défaite nette de l'UMP ». Jean-François Copé complétait: « nous avons perdu ».
A 20 heures et quelques minutes, Nadine Morano confirmait sa défaite à Toul. Michèle Alliot-Marie perdait également son siège de députée. Claude Guéant, parachuté à Boulogne-Billancourt, était évincé par le député local Thierry Solère. L'ancien vizir de Nicolas Sarkozy déplora « les procédés peu républicains utilisés par mon concurrent ». Frédéric Lefebvre, l'ancien lobbyiste de Nicolas Sarkozy, perdit largement contre une socialiste dans la 1ere circonscription des Français de l'étranger.
La suite
François Hollande avait donc la majorité qu'il fallait pour mettre en oeuvre son programme. La gauche avait aussi la majorité au Sénat, une première sous la Vème République.
A droite, l'UMP pouvait livrer son prochain combat, le plus grave, celui de sa survie. Quelque part vers 21h46, François Fillon prévenait: l'UMP a un « triple devoir »: « d'abord, préserver son unité ». Ensuite, « redonner la fierté à nos militants des valeurs qui sont les nôtres ». Enfin, être vigilant face à la gauche.
Rares étaient ceux qui notaient la disparition du centre politique. L'heure était grave. La gauche n'avait contre elle qu'une droite républicaine salement mouillée avec l'extrême droite.
Comme une ironie du sort, Nicolas Sarkozy avait décidé ... de se défendre sur le terrain judiciaire. Le JDD révélait qu'il avait envoyer copie de son agenda de 2007 comme preuve de son innocence face aux accusations de financement illégal de sa campagne de 2007 par la famille Bettencourt. L'ancien Monarque voulait éviter, coûte que coûte, une convocation chez le juge. Sarkozy luttait contre un destin à la Nixon.
C'est donc la fin d'une époque. L'effacement d'une parenthèse sarkozyenne.
François Hollande a toute la majorité qu'il lui faut.
La vigilance doit demeurer. A droite, contre les résurgences d'un sarkozysme ambiant . A gauche, pour l'application d'un programme, d'une éthique et le redressement du pays.
Ami sarkozyste, tu as disparu.
Le blog Sarkofrance aussi.

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