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Hiver 1984

Publié le 18 juin 2012 par Paulpujol

Hiver 1984    Photo: L. Ingles
  

  

   Dehors le vent soufflait avec insistance, et la nature était en attente du long sommeil hivernal. On ressentait tout le travail de la forêt, qui en elle-même s'évertuait peu à peu, à ralentir et à calmer la croissance des arbres et des plantes.

  La montagne elle aussi était tranquille, et le ciel qui la couvrait de part en part, prenait quelques fois la teinte grise des jours de pluie. Aux alentours, les couleurs ocre et rouge de l'automne étaient présentes, et l'on distinguait un peu partout le tapis brun des feuilles mortes et séchées. Toute cette nature, avec son espace infini, vous entourait et vous acceptait dans son intimité ; vous ne vous sentiez pas du tout un étranger parmi le monde des fleurs, des arbres et des oiseaux. En contemplant la beauté présente, vous vous demandiez pourquoi l'homme s'était-t-il exclu des monts immobiles et des forêts silencieuses, comment l'homme avait-il pu devenir insensible au soleil du matin ?

   

  Vous songiez à la férocité de l'homme à travers le monde ; - mais, vous ne vous souciiez pas de trouver une réponse, vous regardiez simplement l'immensité du ciel, sans aucune présence de la pensée, vous observiez ce bleu brillant. L'espace d'un ciel est étrange, car si l'on fait attention, on réalise qu'il n'a pas de fond, qu'il est dénué de tout support, il ne repose sur aucune chose. L'espace d'un ciel ne repose sur aucune terre, c'est la terre elle-même qui est comprise et incluse dans le ciel. Dans cet espace tout peut être logé, les plus hautes tours, les plus grandes montagnes, ainsi que les lueurs des plus lointaines étoiles. Toutes les mesures, le haut, le bas, le loin et le près, sont des valeurs inadéquates, sont un non-sens dans cette dimension.

  Un espace qui n'est pas espace entre deux points, est un espace infini ; tous les éléments figurent dans cette dimension, mais aucun d'eux ne limite ou ne boucle cette dimension. C'est un point donné, fixe, qui donne une distance à l'espace, entre lui-même et un autre point. Un centre part toujours de sa propre situation, et projette à partir de là, une dimension vers l'extérieur, vers autrui et vers le monde. L'homme part toujours de ses propres conclusions, et, de là, il essaie de s'ouvrir au monde extérieur ; donc la dimension de son ouverture sera limitée par ses propres conclusions et assertions personnelles.

  A présent, de gros nuages gris obscurcissaient le ciel, cachant momentanément le soleil. Ils avançaient avec rapidité, et personne ne pouvait savoir

vers quelles destinées ils se rendaient.

  

      
   Paul Pujol, "Senteur d'éternité".  Editions Relations et Connaisance de soi

   "Hiver 1984", pages 52 à 53.   

   Parution du livre de Paul Pujol: Senteur d'éternité.


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