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Microsoft et sa tablette : double faute !

Publié le 20 juin 2012 par Patriceb @cestpasmonidee
Surface by Microsoft Le sujet est assez générique mais il constitue une sorte de tradition sur ce blog : les tablettes qui sortent un peu de l'ordinaire ont droit à leur billet. Logiquement, après la Cius de Cisco (officiellement abandonnée depuis peu), le PlayBook de RIM (moribond) et quelques autres (dont la Kindle Fire), je ne pouvais passer sous silence l'annonce de la nouvelle "Surface" de Microsoft.
Je n'ai cependant pas d'avis sur cette tablette (ou, plutôt, ces tablettes) à proprement parler et il me semble, surtout, plus intéressant de porter un regard sur la stratégie de l'"éditeur qui voulait devenir constructeur"... Et si on dit couramment que la réussite ne peut être systématique mais qu'il faut apprendre de ses échecs, il s'agit d'une leçon que Microsoft n'a pas encore intégrée. En effet, l'arrivée de Windows 8 répète (au moins) 2 erreurs déjà commises par le passé.
La première est le portage du système sur deux plates-formes différentes (les processeurs Intel, utilisés sur PC, et les processeurs ARM, universels sur mobile en général). Le précédent de Windows NT (il y a bien longtemps), sur 3 architectures distinctes, devrait pourtant avoir laissé des souvenirs amers sur les inefficacités induites et, surtout, sur le fiasco auquel il a abouti par manque d'intérêt des développeurs, des utilisateurs, des constructeurs...
La deuxième erreur est plus proche puisqu'elle remonte à 2001, quand Microsoft a essayé d'imposer son premier concept de tablette (qu'on appelait "ardoise", à l'époque, je crois). Les modèles qui ont été commercialisés n'étaient pas parfaits mais ils fonctionnaient correctement. L'idée n'a pourtant jamais remporté l'adhésion. Pourquoi ? Vraisemblablement parce que, comme l'a brillamment démontré Apple plus tard avec l'iPad, une tablette a un usage totalement différent d'un PC et requiert donc un "autre" système.
Microsoft et sa tablette : double faute !
Et nous voilà, en 2012, avec une "Surface" déclinée sur deux architectures différentes et équipée d'un système conçu à l'origine pour des PCs. Il faudrait vraiment que le matériel ait des qualités extraordinaires pour réussir avec de tels handicaps... Au passage, Microsoft va s'aliéner plus ou moins directement les constructeurs avec qui il entre en concurrence et à qui la plate-forme Android tend les bras (sachant que celle-ci est une belle source de revenus pour le géant de Redmond). L'avenir ne s'annonce pas rose pour Windows !
Pour l'anecdote, il est "amusant" de voir cette tablette prendre le nom de "Surface", dont l'ancêtre (qui était une table tactile, vous vous en souvenez, tout de même ?) n'a jamais été un gros succès et semble (presque) totalement disparaître par la même occasion. Ne serait-ce pas un mauvais présage pour cette nouvelle incarnation ?
Au final, l'opération est un étrange mélange de schizophrénie (avec deux modèles de tablettes entre lesquelles personne ne saura vraiment choisir, utilisateurs comme développeurs) et d'un soupçon de mégalomanie, par lequel Microsoft semble croire qu'il lui est possible de copier le modèle d'Apple, alors que les 2 entreprises n'ont absolument rien en commun.
En cumulant ces errements dans le hardware et ses difficultés à faire décoller son système Windows Phone pour smartphones (en dépit de son partenariat avec Nokia), dans un environnement mondial où le mobile est devenu beaucoup plus important que le PC, je n'hésite pas à percevoir aujourd'hui le début d'un lent déclin pour Microsoft. Seul un changement énergique de stratégie pourrait redresser la barre et rien ne laisse entrevoir cette possibilité à court terme.

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